Thème : Arts – Histoire – Société Mardi 11 Octobre 2016
HISTOIRE DU COLLÈGE DES BERNARDINS, LES HOMMES CÉLÈBRES DU COLLÈGE
par Jean-Pierre MONGON – Consultant marketing et guide au Collège des Bernardins.
INTRODUCTION
Le Collège des Bernardins a été un haut lieu du Moyen-âge rénové totalement en 2008. De grands personnages ont fondé et fréquenté cet établissement, lieu de savoir, de culture et d’échanges. Le Collège des Bernardins n’ayant jamais été une abbaye, on ne trouve pas de cloître et l’on ne peut voir que trois signes religieux, la tombe du moine Gunther, une statue du Christ et une statue de Sainte Brigitte de Suède. Actuellement le Collège, fidèle à sa tradition, est un lieu ouvert à tous, chrétiens ou non, qui s’interrogent sur le sens de la vie et le devenir de l’Homme.
I – Saint Benoît de Nursie et les premières abbayes de l’Ordre.
Tout débute avec Saint Benoît de Nursie qui décide de laisser le confort de Rome pour la solitude du mont Cassin. Il organise la vie des moines selon la règle « Ora et Labora » ou « Prière et Travail ». Le travail consistait à cultiver les terres autour du monastère pour subvenir aux besoins des moines. Ainsi les abbayes qui suivent la règle de Saint Benoît ont beaucoup fait pour le développement de l’agriculture notamment les grands vignobles bourguignons. La règle de Saint Benoît se propage rapidement à travers toute l’Europe occidentale et a eu un impact majeur sur le monachisme occidental et même sur la civilisation européenne médiévale. En France, dès 910 la Bourgogne voit surgir une des plus célèbres abbayes bénédictines qui va donner naissance à l’ordre du même nom : Cluny.
En 1098, le Moine clunisien, Robert de Molesme, obtient de l’archevêque de Lyon l’autorisation de fonder un nouvel ordre. Renaud, vicomte de Beaune, possède une vallée désolée au cœur de la forêt et la donne à Robert de Molesme qui fonde l’abbaye de Cîteaux. Ce sera le berceau de l’ordre cistercien. En rupture avec l’opulence des abbayes clunisiennes, Robert de Molesme cherche à renouer avec l’idéal monastique de Saint Benoît fondé sur la prière, le dépouillement et le travail. En 1115 ce sera la fondation de l’Abbaye de Clairvaux (une des 5 Abbayes, « Filles de Cîteaux »), par le futur Saint Bernard. On recherche la paix et le calme pour permettre une relation exclusive avec Dieu. Saint Bernard a fondé de nombreux de monastères et diffuse sa pensée à travers toute l’Europe.
II – Fondation du Collège des Bernardins.
En Angleterre Etienne de Lexington prend l’habit des cisterciens en 1220 et devient abbé de l’abbaye de Savigny, puis de celle de Clairvaux en 1243.
Etienne de Lexington était convaincu de l’importance de la formation universitaire et du savoir pour les futurs moines. Il était lui-même diplômé en théologie de l’université d’Oxford. Il propose donc la création d’un collège à Paris mais on lui en refuse l’autorisation, Paris étant considéré comme un lieu de perdition. Etienne de Lexington persiste et demande une autorisation au Pape Innocent IV mais il n’obtient l’autorisation que pour ouvrir un collège avec une simple chapelle et un petit cimetière. C’est le règne de Saint Louis et Paris est le centre politique et culturel de l’Europe. Mais c’est une ville surpeuplée où il est difficile de trouver une parcelle assez grande pour les constructions et les jardins autour. Finalement on opte pour cinq hectares près de la Seine, c’est le « clos du Chardonnet » (envahi de chardons !). Ces terrains sont insalubres car envahis régulièrement par les inondations de la Seine. Cependant, le corps principal du collège est achevé vers 1253. Il comprend alors plusieurs bâtiments sur quatre niveaux avec salles de cours, réfectoires et dortoirs.
Alphonse de Poitiers, frère de Saint Louis, a beaucoup contribué à la réunification de la France. C’était un bon gestionnaire qui aidera à financer la construction du collège des Bernardins, d’ailleurs il reçoit le titre de fondateur du Collège.
De jeunes moines arrivaient de toute l’Europe pour étudier, écrire des livres et repartaient au bout de deux ans dans leurs abbayes. Ils étaient très peu nombreux, pas plus d’une cinquantaine, car chaque abbaye n’envoyait guère plus de un à deux novices. Certains étudiants joueront un rôle illustre dans l’histoire de l’Eglise médiévale. Entre autre Jacques Fournier qui était un grand érudit sera plus connu sous le nom de Benoît XII, Pape en Avignon de 1334 à 1342. Il fera construire l’importante église (inachevée !) du Collège.
Plus tard La Rochefoucauld ou Richelieu seront actifs au collège des Bernardins.
III – Le Collège aux temps modernes.
Quand éclate la révolution française le Collège des Bernardins est confisqué par les révolutionnaires et il devient un bien national, les derniers moines sont chassés. Durant quelques temps le Collège devient une prison. Les bâtiments sont ensuite vendus à la ville de Paris qui les utilise comme grenier à sel puis caserne de pompiers. L’église sera rasée pour tracer le Boulevard Saint Germain sous le Baron Haussmann.
A la fin du XXèm siècle, Monseigneur Lustigier a racheté le Collège et souhaite en faire un lieu de rencontre pour tous. Il fallait restaurer totalement le bâtiment et deux grands architectes, Hervé Baptiste (Monuments Historiques) et Jean-Michel Wilmotte (Espaces contemporains), vont contribuer à ce projet. Les difficultés sont parfois administratives ainsi Monseigneur Lustigier souhaite une toiture bourguignonne comme celle d’origine mais il doit insister pour obtenir gain de cause. La réussite de la restauration est totale. Grâce à cette dernière, on peut réutiliser le cellier, où au début travaillaient les moines, mais qui, suite à des inondations à la fin du XIIIème siècle, avait été comblé de terre. Pour cela il a fallu consolider chaque pilier.
Autre brillante réussite : la restauration de la grande nef où l’acoustique est si remarquable que de nos jours elle est utilisée pour de magnifiques concerts. La restauration moderne a également utilisé la géothermie pour que le Collège soit autonome à hauteur de 75% en éclairage et chauffage. L’inauguration a eu lieu le 4 septembre 2008 et le 12 septembre, c’est la visite du Pape Benoît XVI qui donne une conférence remarquable sur la règle de Saint Benoît. La restauration a coûté environ 55 millions d’euros, couverts à 30% par l’Etat, 35% par l’archevêché et 35% par le Mécénat.
CONCLUSION
Pour information il y a actuellement environ 340 abbayes cisterciennes dans le monde qui regroupent 4000 moines et 3000 moniales. L’Ordre se développe surtout hors d’Europe. Le Collège des Bernardins a une histoire riche et reste un lieu de culture et d’échanges ouvert à tous par de nombreuses activités (à suivre sur le site internet) : conférences, cours, concerts, expositions, tables rondes, séminaires de recherche et visites journalières et sur mesure…