VOYAGE A ISTANBUL

Thèmes: Arts, civilisation, Histoire, Voyage                                                   Voyage du 29 mars au 4 avril 1993

VOYAGE À ISTANBUL

La Corne d’Or et les rives du Bosphore –

Lundi 29 mars –

Trente membres du C.D.I. quittent la mairie de Garches. Destination Istanbul, ville aux trois noms, Byzance, Constantinople,Istanbul, ville entre deux mondes, l’Orient et l’Occident.

Merih, notre guide, nous attend à l’aéroport pour nous conduire à l’hôtel Marmara, Place Taksim.

Mardi 30 mars –

Nous traversons le nouveau Pont de Galata, passons devant la Nouvelle Mosquée, le Marche aux Épices….

Istanbul n’est pas seulement une ville du passé. Elle vit au présent. Les rues sont embouteillées, des vagues de piétons déferlent sur le Pont de Galata, aux abords de la gare ou des bazars.

Le Musée des Arts Islamiques et Turcs se trouve dans le Palais d’Ibrahim Pasa, sur la Place de l’Hippodrome, prés de la Mosquée Bleue. Il a été construit en 1524 par Soliman le Magnifique pour son grand vizir, Ibrahim Pasa.

Une section ethnographique présentant la vie quotidienne des nomades et des stambouliotes se trouve au rez-de-chaussee :

– Une femme d’Anatolie tisse un tapis. Dans les tribus nomades, les femmes filent la laine à la main et la teignent avec des colorants naturels. Dans un trousseau, le tapis est très important car il permet aux beaux-parents de mesurer la patience de la future belle-fille. Le « paiement » de la jeune fille n’est pas un « achat », mais un remboursement de la dot.

– Des tentes de nomades sont reconstituées (topakev), des intérieurs villageois, des intérieurs urbains (maison bourgeoise de Bursa au 19ème siècle, d’Istanbul au début du 20ème, etc).

Au premier étage sont exposés des tapis seldjukides du 18ème siècle. Les tapis étaient utilisés, d’abord dans les tentes, puis dans les mosquées pour isoler le sol du froid. Au mur, des ordres du sultan écrits en alphabet arabe. Des dessins représentent la signature de la dynastie ottomane.

Des tapis anciens récupérés de Konya (12ème et 13ème siècles), des faïences géométriques (12ème et 13ème siècles), le Coran (15ème siècle), et bien d’autres pièces : lampes en verre, sculptures, tables triangulaires pour poser le Coran (rahre), chandeliers, tapis persans à motifs floraux, tapis turcs à dessins géométriques.

Non loin de ce musée, se trouve la citerne-basilique. Actuellement, elle ne contient plus qu’un fond d’eau dû au ruissellement des eaux de pluie.

Cette réserve d’eau a été construite au 6ème siècle sous le règne de Justinien. Conduite dans la ville par des aqueducs qui la recueille des collines environnantes, l’eau était emmagasinée dans des citernes couvertes ou dans des bassins à l’air libre, puis distribuée par des fontaines élevées aux coins des rues ou dans des jardins publics.

Capacité : 100 000 m3 Surface : 9 800 m2

Murs : 5 m d’épaisseur

Longueur : 140 m

Largeur: 70m

Les 336 colonnes de 9 mètres de hauteur, qui soutiennent le dôme en brique, proviennent des récupérations de vieux monuments. À leur base, deux colonnes sculptées de têtes de méduse.

Quelques scènes du film de James Bond « Bons Baisers de Russie », furent tournées dans cette citerne.

Après cette première matinée chargée, nous déjeunons au Restaurant Sarnic, installé dans une ancienne citerne.

Nous remontons une petite rue bordée de maisons en bois pour visiter le Musée des Antiquités situé dans la première cour de Topkapi.

Ce musée fondé en 1891 accueille des découvertes archéologiques grecques, romaines et byzantines. Dans une salle, sont exposés les sarcophages découverts à Sidon en 1887, époque où le Liban était encore une province de l’Empire Ottoman. Le sarcophage le plus somptueux est celui dit « d’Alexandre ». La décoration en marbre du Pentélique (montagne de Grèce) retrace un épisode de la vie d’Alexandre. Toutes les sculptures étaient peintes et présentent encore par endroits des traces de couleur ocre et bleue. Au fond de la salle se trouve le sarcophage dit des « Pleureuses ». Dix-huit femmes, dans des postures et tenues différentes, expriment la douleur et le chagrin.

En face de l’entrée, se trouve le sarcophage du Satrape (5ème siècle av.J.C.), ainsi appelé parce qu’un satrape (gouverneur de province sous les Perses achéménides) figure sur les trois faces. Dans une salle, le sarcophage et la momie de Tabnit….

Au premier étage, des vitrines présentent les objets trouvés lors des fouilles de Troie et Chypre : bijoux, céramiques, objets en bronze et en verre, pièces de monnaie…

La journée se termine par une promenade au Marché aux Épices appelé également marché égyptien.

Mercredi 31 mars –

Nous traversons le vieux Quartier de Pera, le long de la Corne d’Or. De nombreux taxis collectifs circulent (dolmus). Ce sont de vieilles voitures américaines des années 50.

À gauche le Bosphore, la rive asiatique en face, à droite les remparts et le Palais de Topkapi.

Le Palais est entouré par les remparts maritimes de Byzance, s’étendant de la Corne d’Or jusqu’à la Mer de Marmara.

Nous entrons par la Porte Impériale.

Le Palais fut construit en 1459 et servit de résidence aux sultans jusqu’en 1839, date à laquelle Abdülmecid I la transféra au nouveau Palais de Dolmabahçe: Il accueillait jusqu’à 5 000 personnes, et pour les fêtes, jusqu’à 10 000. Il comprend les cours et le harem. Nous pénétrons par la deuxième porte; nommée « Porte du Salut », dans la seconde cour plantée de cyprès. Les deux tours à l’entrée servaient de prison.

Nous empruntons une allée qui mène aux anciennes cuisines du Palais. C’est un long bâtiment de dix salles, surmonté de dômes et de cheminées. De nos jours, les cuisines renferment une riche collection de porcelaines chinoises et japonaises.

De magnifiques pièces (10ème-l4ème siècles) en céladon (jade + kaolin) sont exposées. Les sultans craignant d’être empoisonnés, utilisaient beaucoup de vaisselle en céladon qui craquelait et changeait de couleur au contact d’un mets empoisonné.

Une collection d’argenteries européennes dont la plupart des objets furent offerts en présents aux sultans nous fait rêver.

Nous entrons dans le Harem par la Porte des Eunuques. Harem est un mot arabe. La polygamie, d’origine assyrienne, fut adoptée par les musulmans. Chaque homme pouvait épouser quatre femmes. Avant d’adopter la religion musulmane, les Turcs étaient monogames. Après leur conversion (10ème siècle), ils adoptèrent la tradition arabe du harem, très répandue lors de la période ottomane et abolie en 1926 par Atatürk.

De longs corridors nous mènent à travers un dédale de pièces : appartements de la Sultane-Validé (mère du Sultan), salles de bain, chambre à coucher d’Abdulhamet I, salle du trône, chambre aux fruits, etc.

Après la visite du harem, nous déjeunons au Restaurant Konyali, dans l’enceinte de Topkapi.

Nous poursuivons notre visite par la troisième cour. Dans cette cour se trouve la salle d’audience, la collection des vêtements impériaux, le Trésor, la galerie des portraits et des miniatures, la section des horloges, les Saintes Reliques du prophète Mahomet et les archives ottomanes.

Dans la chambre du Trésor, on a le choix entre le Trône du Nadir Shah, recouvert de 25 000 perles et d’innombrables pierres précieuses, les deux plus grandes émeraudes non taillées du monde, ou le poignard décoré d’émeraudes.

Les ateliers du Palais regroupaient de nombreux artisans et c’est là qu’étaient exécutées les plus belles pièces destinées au sultan, à son entourage, ou à être offertes aux souverains étrangers. Ces échanges de cadeaux entre souverains étaient importants à plus d’un titre, car c’était une source d’enrichissement des collections impériales, mais aussi une occasion de circulation et de confrontation des tendances artistiques entre l’Asie et l’Europe. Une ambassade ne s’effectuait jamais sans cadeaux plus ou moins abondants et somptueux suivant le destinataire et les intérêts en jeu. Le trésor privé du sultan grossissait ainsi au fil des siècles, en se transmettant de souverain à souverain, jusqu’au jour ou le Palais de Topkapi devint un musée.

Non loin du Palais, la Basilique Sainte-Sophie, édifiée par Justinien, servit de mosquée pendant 500 ans et fut transformée en musée en 1935.

La basilique dômée est la quatrième grande basilique du monde, après Saint-Pierre de Rome, le Dôme de Milan et Saint-Paul de Londres. Ses quarante fenêtres lui donnent une grande luminosité. Le dôme représentait, au-dessus du monde chrétien, la sphère céleste du royaume de Dieu.

De grands panneaux ronds indiquent respectivement les noms d’Allah, du prophète Mahomet, de quatre califes et de deux petits-fils du prophète.

Une colonne est nommée « Colonne Transpirante ». On raconte qu’un jour, Justinien ayant une migraine, vint toucher cette colonne avec sa tête. Son mal disparut. A partir de ce jour, les citoyens appuyèrent leur tête contre cette colonne pour guérir de ce mal. Les femmes superstitieuses aussi, quand elles ne pouvaient avoir d’enfant, touchaient cette colonne pour devenir fécondes.

À cause de toutes ces mains qui touchèrent la colonne, un trou s’est formé. Si l’on met le pouce dans ce trou et que l’on trace un cercle avec la main, un vœu sera exaucé.

Quand la Basilique fut transformée en mosquée, en 1453, on lui ajouta des minarets. De très belles mosaïques furent découvertes lors des travaux de restauration entre 1930 et 1935.

Nous terminons notre journée par la visite de la Mosquée Bleue, en face de Sainte-Sophie. Elle est ainsi nommée à cause de ses faïences bleu-vert et tire son originalité du fait qu’elle possède six minarets.

En Turquie, le fidèle se rend à la mosquée pour la prière du vendredi. Les autres jours, il peut accomplir, n’importe où, les cinq prières rituelles. Le Muezzin les lui rappelle du haut du minaret: à l’aube, à midi, l’après-midi, après le coucher du soleil et à la tombée de la nuit.

Istanbul compte 200 mosquées (camii). Presque toutes les mosquées de l’Empire Ottoman ont été fondées par des croyants riches et puissants, « Car Dieu édifie une maison au paradis pour celui qui construit une mosquée ». Le 16ème siècle, « Age d’or » de l’Empire Ottoman, vit une véritable émulation : c’était à qui réaliserait la mosquée la plus grande et la plus somptueuse.

Ce soir, nous dînons au Restaurant Palet 2.

Jeudi 1er avril –

Croisière sur le Bosphore.

Malheureusement, le temps est mauvais.

Nous embarquons au Pont de Galata, sur un bateau privé, pour remonter le Bosphore.

De chaque côté du détroit, nous voyons défiler de vieilles maisons de bois et de nombreux palais : Dolmabahçe, Çiragan (transformé en hôtel), Beylerbeyi, Kuçuksu, la Faculté des Beaux-Arts. Nous passons sous le Pont Bogaziçi.

Une escale à Beylerbeyi, sur la rive asiatique, nous permet d’assister à un défilé. Les mannequins nous présentent des vestes et des ensembles en cuir.

Nous déjeunons à l’Hôtel Tarabya, dans la baie de Tarabya.

Les courageux entreprennent de monter sur les Remparts de Rumeli. C’est beau, mais c’est « humide » ! Les remparts se dressent au point le plus étroit du Bosphore. Ils furent construits sous le règne du sultan Mehmet II, en 1452. 10 000 hommes et 1000 maîtres-maçons participèrent à la construction qui fut achevée en quatre mois. Ce mur permettait de contrôler le détroit afin que Byzance ne puisse recevoir l’aide des Génois, pendant le siège de la ville par les Turcs.

Vendredi 2 avril –

La matinée est consacrée à la visite du Palais de Dolmabahçe. I! fait beau.

« Le palais de Dolmabahçe, tout de marbre blanc, s’étend paresseusement le long du Bosphore. Dans un opulent désordre s’y retrouvent les styles de toutes les époques et de tous les pays. Colonnes grecques, ogives mauresques, arcs gothiques ou romans, et partout le rococo noyant les façades de bouquets et de guirlandes, de rosaces et de médaillons délicatement ciselés d’arabesques dorées. Les puristes trouvent fort laid ce qu’ils appellent « le gâteau de la mariée ». Mais la profusion, la générosité, l’élégance fantasque, l’innocente ignorance des règles de la bienséance architecturale, le rendent attachant, comme un enfant qui aurait mis toutes les parures disparates trouvées dans l’armoire de sa mère pour se rendre plus beau. Cela, seuls le comprennent les poètes, et le peuple turc est un poète.

En pénétrant dans le palais, Selma s’est arrêtée, saisie devant l’avalanche d’or et de cristal. Elle est déjà venue souvent, mais chaque fois elle reste bouche bée devant tant de magnificence. Les lustres et les candélabres bruissent de leurs milliers de feuilles étincelantes, l’escalier d’honneur est de baccarat, ainsi que les immenses cheminées, dont les hottes, taillées en diamant, projettent un jeu de lumières irisées qui changent de couleur aux différentes heures de la journée » (De la part de la princesse morte – Kenize Mourad – Ed. Robert Laffont).

Le Sultan Abdülmecid I trouvant le vieux palais de Topkapi démodé, fit ériger un palais de style renaissance turque (1843-1856). Il servit de résidence des sultans à partir de 1877.

À la chute de l’empire en 1926, le Président Atatürk resta au palais, il y mourut le 10 novembre 1938 à l’âge de 57 ans.

Nous traversons de nombreuses pièces : salon bleu, salles de bains en marbre sculpté, salon des ambassadeurs, salon rose, chambre de réception de la sultane validé, chambre à coucher d’Atatürk, salle du trône…

Après la traditionnelle photographie de groupe, nous quittons ce lieu enchanteur d’un autre temps pour assister à une présentation de tapis. Le patron du magasin dans un français parfait nous explique les différentes sortes de tapis, laine, laine et coton, soie, et leurs origines : Hereke, Konya et Kayseri.

Après un déjeuner dans le quartier des pêcheurs, nous partons pour le Grand Bazar.

Reconstruit en 1546 à la suite d’un incendie, puis détruit de nouveau, le grand bazar fut restauré sous les ordres d’Abdülhamid. Modèle architectural, c’est aussi un modèle d’administration commerciale fascinant.

Une vraie caverne d’Ali Baba en même temps qu’un immense labyrinthe. Nous déambulons dans de longues allées voûtées, sentant le cuir et les épices, bordées de centaines d’échoppes où l’on nous prie d’entrer.

« C’est un marché et un bric-à-brac. On peut y acheter des babouches ou de l’essence de roses, un fez ou une pendule Louis-Philippe, un harnachement de cheval ou une chaîne de montre. J’aime à flâner dans ce dédale de rues, à m’arrêter aux carrefours ou devant quelque amusante boutique ». (Escale en Méditerranée – Pierre Loti).

Samedi 3 avril –

Aujourd’hui, c’est dans un tramway du début du siècle que nous nous rendons au Musée des Derviches Tourneurs.

La confrérie des Derviches Tourneurs a été fondée au 13ème siècle, par Mevlana Celaleddin Rumi. Les disciples sont appelés « Soufifs’, du nom de « souf », le tissu de laine blanche dont ils se revêtent en signe de pureté et de renoncement au monde. Un renoncement qui n’exclut pas l’action, bien au contraire. Leur devise principale est la suivante : « Qui que tu sois, viens encore, notre seuil n’est pas celui du désespoir ».

Avant la cérémonie, les derviches sont vêtus de robe blanche (pureté), recouverte d’une cape noire en signe de deuil, et coiffés de haute toque de feutre, symbolisant la stèle funéraire.

Pendant la cérémonie, ils enlévent leur manteau pour symboliser la résurrection. Une lente mélopée s’éléve et les derviches s’avancent. Lentement, par trois fois, ils font le tour de la salle ; trois tours figurant les trois étapes menant à Dieu : c’est la voie de la Science, la voie de l’Intuition, la voie de l’Amour. Laissant tomber leur cape noire (résurrection), ils apparaissent lumineusement blancs.

Ils se mettent à tourner, la main droite levée vers le ciel pour accueillir la grâce, la main gauche tournée vers la terre pour transmettre cette grâce au monde. Le rythme s’accélère, les derviches tournent sur eux-mêmes, communiant avec la loi de l’univers, de plus en plus vite, au son du « ney » (flûte de roseau).

À la sortie du musée, des tombes sont surmontées de turbans de pierre finement ciselée.

Nous longeons les Remparts de Constantinople qui ont permis à la ville de résister pendant plus de mille ans à bien des envahisseurs. Du haut des remparts nous avons un point de vue sur la Corne d’Or et la Mer de Marmara.

Non loin de là, se trouve l’Église Saint-Sauveur-in-Chora construite entre le 5ème et le 13ème siècles. On peut y admirer ses mosaïques à fond d’or et ses peintures murales du début du 14eme siècle : Scènes de la vie de Marie, de Joseph et du Christ, « Mère en lamentations », « Après le meurtre des enfants de Bethléem », etc…

Nous déjeunons au Restaurant Darüzziyafe avant de visiter la Mosquée de Soliman le Magnifique.

La Mosquée de Soliman le Magnifique est située sur une colline. Elle domine le port, la rive de la Corne d’Or et le Pont de Galata.

En 1550, Soliman le Magnifique, tout-puissant Padisah, au sommet de sa gloire, charge le grand architecte Sinan, de réaliser un monument digne de la grandeur de son règne et capable d’’éclipser l’orgueilleuse Sainte-Sophie de Justinien le Chrétien. Sinan réunit des milliers d’ouvriers qui travaillèrent comme des forçats, sept ans plus tard, l’œuvre était achevée.

Nous profitons du beau temps pour rejoindre la Colline des Amoureux surplombant Istanbul et la Corne d’Or.

Le soir, nous dînons à la Tour Galata, énorme meule de 68 mètres de haut, dont le sommet est aménagé en restaurant. Une vue magnifique de l’entrée du Bosphore, de la Mer de Marmara et de la Corne d’Or, s’offre à nous durant toute la soirée. Un spectacle folklorique, des danses du ventre, animent ce dîner.

Dimanche 4 avril 1993 –

Notre dernière matinée est consacrée à la visite de la Mosquée d’Eyüp.

C’est la mosquée la plus sainte de la ville, spécialement pour les Turcs musulmans sunnites. Elle fait partie des endroits sacrés comme la Mecque, la Médina et Jérusalem, car c’est ici que repose le porte-étendard de Mahomet (Eyüp Ensari) qui fut tué, pendant le premier siège d’Istanbul, par les Arabes (672-679). La salle de prière est entourée par des galeries sur trois côtés. Derrière un grand platane, se trouve le Mausolée d’Eyüp. Tout le monde peut visiter cet endroit sacré. Souvent les gens prient devant la « Fenêtre des Vœux », pour implorer une solution à leur problème. Dès que le vœu est réalisé, on sacrifie un mouton ou un coq et on distribue la viande aux pauvres.

Conformément à la tradition, les jeunes garçons, avant la circoncision, vêtus de l’habit de cérémonie, visitent la tombe avec leurs parents.

Après une ascension par une allée pavée, montant à travers le vaste cimetière qui occupe la majeure partie de la colline dominant Eyüp, nous découvrons le petit café dont il est souvent question dans les romans de Pierre Loti, où l’homme de lettres aimait à se délasser en contemplant la très belle vue sur Istanbul.

« Un charme dont je ne me déprendrai jamais m’a été jeté par l’Islam, au temps où j’habitais la rive du Bosphore, et je subis de mille manières ce charme là, même dans les choses, dans les dessins, dans les couleurs, jusque dans ces vieilles fleurs de rêve qui sont ici naïvement peintes, sur les faïences de mes murs. Alors rien d’autre n’existe plus, ni le grand décor, ni les ambiances étranges… ». (Pierre Loti).

 

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