Thème: Arts, Histoire, Peinture, Société Mardi 25 avril 2017
LE RAYONNEMENT CULTUREL ET ARTISTIQUE DE FLORENCE DE LA RENAISSANCE A NOS JOURS
par Jean-Pierre MONGON, consultant marketing.
INTRODUCTION
La Renaissance florentine amorce la Renaissance italienne puis celle de toute l’Europe. C’est une période de grand rayonnement culturel et artistique qui débute au XVe siècle mais dont les origines remontent aux Etrusques, peuple ayant une grande civilisation et qui occupait les territoires de la Toscane actuelle et ses alentours. Florence a une histoire qui couvre 3000 ans c’est-à-dire des Etrusques en passant par l’Empire romain, la Renaissance et jusqu’à nos jours. Le luxe et le raffinement ont toujours caractérisé la ville.
I Florence, des Etrusques à la Renaissance.
Les Etrusques sont les premiers à apporter une civilisation brillante dans la région toscane. Ils sont originaires de Lydie, dans la Turquie actuelle, région opulente, qui, n’oublions pas, était la patrie de Crésus. L’installation en Italie date environ du XIIe siècle avant J-C. A leur richesse culturelle s’ajoute un bel essor économique grâce aux nombreux échanges commerciaux dans le bassin méditerranéen. Les Etrusques avaient un goût prononcé pour le bonheur et l’art comme le montrent les nombreuses statues de cette époque qui arborent toutes de beaux sourires. L’archéologie a permis de révéler les goûts raffinés des Etrusques à travers des oeuvres d’art, de décoration ou de joaillerie. Certaines statues retrouvées ont les mêmes formes caractéristiques que les oeuvres de Giacometti. Le luxe faisait déjà partie de la vie en Etrurie. La culture étrusque est si brillante qu’une famille aussi célèbre que les Médicis se dit d’origine étrusque, en glorifiant un passé autochtone et indépendant de Rome. Ce sont eux qui ont donné le nom actuel de la ville : Firenze (« Fir » et « hen », en étrusque, soit « la fleur » et « la grâce »).
Par ailleurs, les Etrusques maîtrisaient de nombreuses techniques telles que la géothermie ou la construction de dômes, de termes, d’égouts…On peut souligner que les Etrusques ont participé très activement à la construction de Rome et notamment la muraille d’enceinte. En dépit de la richesse culturelle et technologique des Etrusques, la puissance militaire des Romains et leurs grandes compétences administratives et juridiques ont absorbé la civilisation étrusque. C’est Rome qui aura un empire et dominera le monde méditerranéen.
Au Moyen-Age, la richesse de Florence vient essentiellement des marchands de la laine. Peu à peu l’économie florentine se crée et se renforce. La caractéristique de cet essor économique est la mixité qui existe entre l’argent et la beauté. La richesse se matérialise dans le florin, monnaie qui d’ailleurs existera aux Pays-Bas jusqu’à l’arrivée de l’euro. Le florin présente une face avec le lys, symbole de la ville et l’autre face représente Saint Jean-Baptiste, patron de la ville. On peut mentionner le fait que le lys est le symbole de Florence bien avant qu’il ne soit l’emblème de la royauté en France car cette fleur poussait en Toscane bien avant l’Antiquité. La croissance économique est telle que certains philosophes et penseurs tels que Saint Thomas d’Aquin au XIIIe siècle considèrent que l’accumulation des richesses ne doit être une fin en soi.
II Florence, de la Renaissance à nos jours.
Entre les XIVe et XVIe siècles Florence et toute l’Europe connaîtront de grands changements et un bouleversement culturel sans précédent, c’est la Renaissance. Durant ces trois siècles, Florence verra une multitude d’artistes et de peintres qui auront un rayonnement dans tout le continent. On peut citer Fra Angelico, Le Tintoret, Botticelli, Donatello, Le Caravage, Le Titien, Michel Ange ou Léonard de Vinci, pour n’en citer que quelques-uns. On peut se demander comment une ville telle que Florence a-t-elle pu accueillir un si grand nombre d’artistes prestigieux. La raison, en dehors du traditionnel attrait florentin pour les arts et l’esthétisme, peut se trouver dans le fait qu’il fallait réussir à concilier le religieux et l’argent. En effet, l’accumulation de richesses colossales et surtout la création de la banque avec la lettre de change, c’est-à-dire le crédit, attire les foudres de l’Eglise. Conscients de l’immoralité du crédit et de l’usure, les banquiers et les riches marchands florentins vont investir dans l’art et financer les rénovations des églises et des monastères. Ils deviendront les mécènes de nombreux peintres et sculpteurs faisant de Florence une ville d’art par excellence. Ainsi « Argent » et « Beauté » feront bon ménage, pour donner naissance à une grande créativité.
Au cours de la Renaissance, de grandes familles vont façonner Florence et même influencer l’Europe comme le fit la famille Médicis. Mais d’autres familles vont jouer un grand rôle à Florence comme la famille Pazzi, des banquiers, qui après avoir essayé de renverser les Médicis va tout perdre, ou les Frescobaldi et Antinori, de grands propriétaires terriens qui possèdent de magnifiques domaines viticoles bien qu’au Moyen-Age ils étaient négociants dans la soie et s’étaient reconverti. De même pour les Strozzi qui sont les descendants de la Joconde. Cette famille sera la première à se faire représenter dans un tableau, c’est le retable de « Gentile da Fabiano » peint en 1423. La plupart de ces grandes familles ont pu conserver leurs palais et certains y résident encore de nos jours. Quant aux Médicis, dès la fin du XVe siècle Botticelli peint un tableau représentant toute la famille, Côme dit l’Ancien, considéré comme le fondateur de la dynastie, Pierre-le-Goûteux, Jean, Julien et le plus connu d’entre eux Laurent dit le Magnifique. Le marché de la soie ayant supplanté celui de la laine, à partir du XVe siècle toutes les grandes familles se font représenter en habits de soie, symbole de richesse et de pouvoir. La famille Médicis est d’une grande importance pour Florence mais a aussi influencé une partie de l’Europe et principalement la France où deux femmes de la famille épousèrent deux rois de France (Catherine épousa Henri II et Marie, Henri IV en 1600). Catherine influença beaucoup les coutumes de la Cour de France et aussi la gastronomie.
Si déjà Côme l’Ancien protégea les lettres, les arts et les sciences fit acheter en Orient de nombreux manuscrits précieux et fit commencer la construction de la bibliothèque dite Laurentienne, son petit-fils, Laurent le Magnifique fit de Florence la capitale de la Renaissance. Plus tard, Côme Ier (1519-1574) et son épouse Eléonore de Tolède perpétuent la tradition du mécénat en faisant notamment rénover et agrandir le Palazzo Vecchio et en augmentant considérablement la collection des peintures de la famille. Le couple, en poussant à l’extrême le faste et le luxe, influença également les cours européennes notamment Versailles où l’on peut relever par exemple que Lulli, le maître de danse de Louis XIV, était florentin. Les jardins, les grandes parades, navales ou non, ont leur origine en Italie. Face à ce faste développé au cours de la Renaissance par ces grandes familles, un moine, Savonarole, se révolte et incite toutes les riches familles à brûler leurs tableaux et leurs bijoux, ce qui fort heureusement ils ne feront pas (par exemple les plus beaux tableaux de Botticelli, cachés dans la périphérie de Florence, sont maintenant aux Musée des Ufficci). Finalement Savonarole a été lui-même brûlé sur le bûcher en 1498, en incitant le peuple à la révolte et au renversement des Médicis.
De nos jours, le luxe florentin continue d’exister et de resplendir à travers le monde grâce aux grandes maisons de maroquinerie et de couture ou joaillerie comme Ferragamo, Gucci, Stefano Ricci, Armani, Prada, Bulgari dont les boutiques se trouvent au centre-ville dans les Palais . C’est également au centre historique de la ville que l’on trouve la plus ancienne parfumerie au monde, Santa Maria Novella, celle-là même qui a créé « l’eau de la rose », le parfum pour Catherine de Médicis, qui deviendra la fameuse « Eau de Cologne », qui fut emportée à la Cour du roi de France. Les secteurs d’activités de Florence sont nombreux : tourisme, orfèvrerie, tissu, décoration, ébénisterie et gastronomie essentiellement le vin et l’huile. Si toutes ces activités frisent l’excellence c’est que l’histoire de Florence et son héritage de savoir-faire mêlent le lien humain et le lien culturel. Le luxe passe par une beauté raffinée, une sensation de bonheur et le bien-être, des qualités réunies à Florence.
CONCLUSION
Depuis des siècles Florence est un centre culturel prestigieux, de l’époque des Etrusques jusqu’à nos jours. Le goût prononcé des Florentins pour le luxe est probablement dû au subtil mélange de savoir-faire, de richesse culturelle et de recherche du bien-être. Indéniablement à travers ses grandes maisons de luxe, Florence continue de rayonner dans le monde.