Thèmes: Art, Société, Théâtre, Conférence représentation du mardi 23 avril 2024
Par Madame Pierrette DUPOYET, autrice, metteuse en scène, actrice.
INTRODUCTION
La conférence-représentation sur la vie de Louis Braille se présente sous deux volets : une partie proprement conférence dans laquelle Pierrette DUPOYET présente la vie et l’œuvre de Louis Braille et une partie représentation où Pierrette -c’est sous ce simple prénom que Pierrette DUPOYET est connue dans le « off » d’Avignon depuis plus de quarante ans- interprète le rôle de la maman de Louis Braille, une version simplifié de la représentation de « Louis Braille, au-delà des yeux clos », présentée à Avignon et dans plusieurs théâtres, dont le théâtre de la Contrescarpe à Paris.
LA CONFÉRENCE
Louis Braille est né à Coupvray, aujourd’hui en Seine-et-Marne, le 4 janvier 1809 ; le bébé Louis est baptisé dès le 8 janvier rapidement en raison de sa santé jugée très fragile. Le père Simon-René est bourrelier et la mère Monique paysanne. Les parents savent lire et écrire. Louis est le plus jeune des quatre enfants du couple, ses deux sœurs et son frère sont nettement plus âgées.
Louis est très curieux et va souvent dans l‘atelier de son père. Il a trois ans lorsqu’il se blesse à l’œil droit dans l’atelier. Il perd rapidement son œil. A peine deux plus tard, il perd l’œil gauche, conséquence de la perte de son œil droit. Il a donc cinq ans lorsqu’il est aveugle. Entreprenant, manuel, il apprend tout par le toucher, par les odeurs, par les bruits ; à l’école du village, il retient tout par cœur. L’instituteur, le curé de la paroisse et le maire du village le Marquis d’Orvilliers interviennent à la demande du père pour que Louis soit admis à l’Institut royal des jeunes aveugles, école fondée par Valentin Haüy en 1786, à Paris. A l’âge de 10 ans, c’est la grande séparation d’avec sa famille, particulièrement difficile pour sa mère, mais également pour son père mais qui ne le montre pas ; de ce moment, le père s’est tu. Louis ne reviendra que pour les vacances.
A L’institut, Louis est un élève brillant, que ce soit dans les tâches manuelles ou les travaux intellectuels. A l’âge de 15 ans, on lui confie des responsabilités d’enseignement. A l’institut, on lit grâce à des lettres en fil de fer recouvertes de tissus, mais on n’écrit pas.
En 1821, Louis assiste à une présentation d’un procédé d’écriture novateur par le capitaine d’artillerie Barbier. Ce procédé de 12 points saillants à toucher et dont l’organisation se lit en sons -il est à l’origine du système Braille- permet la lecture et l’écriture, mais il est malaisé à utiliser et d’autre part, il est incomplet (majuscule, ponctuation). Dès cet instant, Louis n’a plus qu’une volonté : améliorer l’invention de Barbier. La complémentarité entre Louis Braille et Charles Barbier -il n’est pas aveugle et il a 42 ans de plus que Louis- ne se fait pas. Louis travaille alors seul pour mettre au point son invention : un alphabet qui permet de lire et d’écrire facilement ! En 1827, l’invention est présentée et un livre est transcrit. En 1829 paraît l’ouvrage intitulé Procédé pour écrire les paroles, la musique et le plain-chant au moyen de points, à l’usage des aveugles et disposés pour eux, par Louis Braille, répétiteur à l’Institution royale des jeunes aveugles. C’est le véritable acte de naissance du système braille, même s’il sera encore amélioré par la suite. Louis Braille ne rencontrera Charles Barbier qu’en 1833.
Vers 1835, la santé de Louis commence à se dégrader ; son travail de professeur est réduit, ne gardant que ses leçons de musique ; il profite du temps ainsi libéré pour mettre au point une première machine à écrire le braille. Il décède de la tuberculose à l’âge de 43 ans.
LA REPRÉSENTATION
Avec un décor simplifié par rapport au décor de théâtre, avec sans jeu de lumière et avec des bruitages limités Pierrette reprend alors le rôle de Monique, la mère de Louis, et joue pour nous les scènes de la vie de Louis.
Ainsi avec son ami Jacques, ou ces scènes au lavoir quand Monique, qui prétend recevoir régulièrement des lettres de Louis, est accusée de mentir ; sa réponse cinglante à son accusatrice : toi, tu mens par méchanceté, moi je mens par souffrance. Et le jour béni où enfin Louis rentre à la maison : sa mère a entendu l’arrivée de la diligence ; elle voudrait courir vers Louis qui lui demande de rester sur la porte, et qui compte les 53 pas qui le séparent encore de sa mère avant de se jeter dans bras, en citant au passage les parfums des fleurs bordant le chemin.
Et cette scène dans laquelle Louis présente à sa mère son invention, son alphabet : une planche, 6 trous, 6 clous : « tu vois, maman, c’est pas difficile : le A, c’est un clou en haut à gauche, le B, qui vient juste après le A, c’est un 2eme clou, juste sous le premier, le C, on garde le clou du A et on met un 2eme clou juste à côté, le D, on garde le C et on met un clou en dessous, et on fait toutes les combinaisons avec 4 clous jusqu’au J ; puis toutes les combinaisons avec 6 clous pour le reste de l’alphabet; tu vois, c’est pas compliqué ! ». Louis a alors 16 ans.
Et Pierrette, les yeux fermés, nous parle de son ami Gabriel qui lui a appris le piano, puis l’orgue que Louis jouera beaucoup dans les églises.
Louis inventera aussi les planches pour les chiffres, les planches pour les notes de musique.
Et ces paroles émouvantes : « tu sais, nous on comprend tout, il ne nous manque que la vue ».
Ou encore la révélation à sa mère de la tendresse du père, quand au moment de quitter Coupvray pour l’Institution pour la première fois, le père refuse à la mère de les accompagner à la diligence « tu sais, maman, le père il ne voulait pas que tu viennes pour que tu ne le vois pas pleurer ».
Dans son testament, que Louis a demandé à son frère de rédiger, il demande qu’on ne réclame pas aux personnes à qui il a prêté de l’argent le remboursement de ces sommes : « tu sais, ce sont eux qui m’ont fait un cadeau en me demandant de l’argent comme ils pouvaient le faire à tout autre personne ».
Louis Braille est décédé le 6 janvier 1852. A son enterrement, le glas a sonné 6 coups, comme les 6 clous de l’alphabet. Il est alors inhumé dans son village de Coupvray. Un hommage lui est rendu en 1952 avec le transfert de sa dépouille au Panthéon. Les mains sont dans sa tombe à Coupvray. Lors du grand hommage qui lui est rendu le 4 janvier 2009, Vincent Michel, président du comité international pour la commémoration du bicentenaire de la naissance de Louis Braille déclare « Il a éclairé la vie de ceux qui ne voient pas. Lorsqu’un aveugle va à Coupvray, il vient aux sources de sa culture ».
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