Thèmes: Art, Civilisation Sortie – Visite des mercredi 31 janvier et jeudi 1er février 1990
Ces mercredi 31 janvier et jeudi 1er février, les membres du C.D.I. ont visité le musée des Arts Africains l’Aquarium Tropical.
MUSEE D’ART AFRICAIN
Issu du Jardin Colonial ouvert au tournant des Siècles, envisagé dès 1912 par Albert Lebrun, alors Ministre des Colonies, puis défini en 1920 par la loi organisant une Exposition Coloniale internationale, le musée ne fut mis en chantier qu’après plusieurs ajournements et la première pierre posée le 5 novembre 1928 par le Président de la République, Gaston Doumergue.
Dès lors son histoire se déroule en trois temps : durant l’Exposition Coloniale (1931) sous le nom de « Musée Permanent des Colonies » puisqu’il devrait durer au-delà d’une manifestation éphémère ; puis après une période de restructuration, de 1935 à 1960, sous celui de « Musée de la France d’Outre-Mer et enfin à partir de 1960, sous l’actuel vocable de « Musée des Arts Africains et Océaniens » qui impliquait la métamorphose de l’institution.
Avant de visiter le musée des Arts Africains, nous jetons un coup d’œil dans la salle centrale sous la coupole, jadis salle des fêtes du musée de la France d’Out re-Mer. Sur les murs sont peintes des fresques monumentales.
Nous accédons au premier étage par un escalier jalonné de magnifiques ferronneries. Il mène à la section des arts africains.
Bien que la plupart des œuvres rassemblées dans le musée ne datent de guère plus d’un siècle, et parfois même d’une trentaine d’années, ne faut pas oublier que l’histoire des arts africains est multimillénaire.
L’art africain n’est pas une entité figée, immuable, mais a pu s’exprimer, au cours de l’histoire, selon des modes très divers.
1- Afrique Occidentale :
Trois évènements majeurs ont contribué, en Afrique occidentale, à la mise en place des groupes de populations et à la genèse de leur art.
Le premier est, à partir du Vème millénaire avant notre ère l’assèchement progressif du Sahara et la baisse du lac Tchad, qui ont provoqué le reflux vers le Sud de populations de cultivateurs et de pasteurs, ont modifié vie et modes de transport à travers le Sahara et les relations avec l’Egypte depuis le IIIème millénaire avant notre ère.
Le second est, à partir du VIIIème siècle de notre ère, la diffusion de l’Islam depuis le Maghreb jusqu’aux pays voisins du fleuve Niger ; islamisation qu’accompagnent des rapports commerciaux étroits basés en particulier sur le commerce de l’or soudanais. Du VIIIème au XVème siècles, l’or fit la richesse des empires du Haut-Niger : du Ghana, tout d’abord aux confins de la Mauritanie, jusqu’au XIème siècle, puis surtout du Mali qui, du XIIIème au XVème siècles, étendit son pouvoir de Gao à la Côte de Guinée, du Sahara à la Forêt, refoulant vers le Sud-Ouest les populations autochtones.
Le troisième enfin, est au XVème siècle, l’exploration maritime des côtes africaines par les Portugais et leur implantation sur des comptoirs tout le long de la côte occidentale jusqu’à l’Angola préludant à des rapports (plus ou moins heureux) Europe/Afrique. Ces trois ordres d’évènements historiques divisent l’Afrique occidentale en trois aires culturelles :
—les savanes maliennes et voltaïques,
—la côte atlantique, de la Guinée à la Côte d’Ivoire,
—les royaumes ou chefferies Akan de la Côte d’Ivoire au Ghana.
—Nous parcourons les galeries. Dans les vitrines on peut voir entre autres choses
—des statues en terre cuite,
—une statue Senoufo de Côte d’Ivoire en bois,
—une statue de mère assise Bambara (Mali, Bougoni) en bois (Photo).
Qu’elles portent ou non un enfant, ces figures, placées sur des autels, font l’objet d’un culte accessible à tous les membres de la communauté.
Bambara (Mali, Bougouni). Ancêtre féminin mythique Bois, H. 83 cm
—des masques
—un chasse-mouche à queue de cheval, dont le manche est recouvert de feuilles d’or
—un masque en or fondu à la cire perdue (Baoulé)
—une statue de femme enceinte (Côte d’Ivoire) en bois (photo)
Baoulé (Côte d’Ivoire). Statue de femme enceinte Bois. H. 55 cm
Porte SENOUFO (Côte d’Ivoire)
Il y a très longtemps, Dieu créa la terre avec de l’argile et de l’eau. Il la peupla d’abord de cinq animaux : le caméléon, le serpent python, le crocodile, la tortue et l’oiseau calao.
Ce dernier donna naissance aux hommes. Défrichant la savane, les hommes se groupèrent en villages entourés de champs…
L’Art Akam est fondé essentiellement sur le travail des métaux : or, laiton, cuivre. Les fonctions des figurines que l’on désigne par commodité sous le terme de poids à peser la poudre d’or sont multiples. Elles peuvent concrétiser un proverbe, une légende, un message ou tout simplement représenter des personnages et des éléments de la vie quotidienne. Certaines ont été obtenues au moyen d’une technique dite de la « fonte à la cire perdue » : l’artiste a sculpté un modèle de cire qu’il a enrobé dans de l’argile avant de mettre le tout sur le feu provoquant la fonte de la cire et son écoulement par un orifice prévu à cet effet. On obtient donc un moule unique.
D’autres moules ont été obtenus par le procédé du « moulage sur vif » ; l’artiste a enrobé son modèle naturel d’argile, laissant un orifice où couler le métal choisi. L’ensemble a été mis au feu qui peu à peu a consumé le fruit. Il n’est plus resté à nouveau qu’un moule unique.
—une porte de case Senoufo (Côte d’Ivoire) en bois,
—des pendentifs Baoulé (Côte d’Ivoire) …
2 – Afrique centrale
L’histoire des arts du Bénin (ex-Dahomey) et du Nigeria est liée à celle des dynasties royales ou des centres d’hégémonie religieuse. Au Nigeria, cet art de cour ou citadin fut particulièrement florissant et les recherches archéologiques ont pu en étager des témoignages sur plus de deux mille ans.
Dans chacun de ces royaumes ou cités, les artisans, fondeurs, sculpteurs, brodeurs, groupés en corps de métiers auprès de la cour, étaient chargés avant tout de glorifier par leur talent et leurs œuvres, la richesse et le pouvoir du souverain ou du chef et de perpétuer sa mémoire.
Le long de la galerie, une série de tentures à étoffes appliquées, répliques exactes des tentures royales qui ornaient les palais d’Abomey, détaille les armoires et emblèmes royaux, en même temps que les épisodes très vivants des luttes, au XIXème Siècle, des derniers mois de la dynastie d’Abomey, pour s’affranchir de la tutelle de leurs voisins Yowba-Nago.
Sont exposées également des figurines en laiton vouées à la terre-mère du Benin, des calebasses, reliquaires du Cameroun ...
Encore un Musée à revoir !
L’AQUARIUM TROPICAL
Il est situé au sous-sol du Musée. Les premiers bacs présentent les poissons primitifs.
Des mollusques céphalopodes (comme les pieuvres, seiches et calmars) dont les ancêtres vivaient déjà il y a 400 millions d’années, constituent de véritables fossiles vivants. Leur coquille est intérieurement en loges dont seule la dernière est occupée par l’animal. Les autres loges contiennent un mélange de gaz et de liquide dont la proportion fait varier la flottabilité et permet à l’animal d’équilibrer le poids de la coquille.
Leurs proches cousins, les ammonites, ont au cours du temps en donnant des formes géantes.
Une série de petits aquariums d’eau de mer montre des espèces que l’on ne pourrait pas observer dans de grands bacs. On peut voir des poissons-clowns se cacher entre les tentacules des anémones de mer. Tout autre poisson de même taille serait pique, paralyse et mange par l’anémone mais, après une période d’accoutumance, le mucus qui recouvre le poisson-clown empêche la décharge des cellules urticantes portées par les tentacules. Le poisson est des prédateurs par l’anémone et en retour il la nettoie et éventuellement la nourrit : cette association à bénéfices réciproques est appelée symbiose.
Vivant dans un milieu beaucoup plus dense que l’air, les poissons ont pu développer des organes de sens inconnus des autres vertébrés. La perception des vibrations (restreinte à l’audition chez les animaux terrestres), grâce à des cellules nerveuses spécialisées placées le long de la ligne latérale des poissons, leur permet de se localiser dans l’espace même en l’absence de vision (eaux troubles, poissons cavernicoles…).
La production d’un champ électrique et la sensibilité à ce champ permettent aussi à plusieurs centaines d’espèces de poissons de se situer dans leur environnement comme à l’aide d’un radar. Les obstacles ou les proies étant plus ou moins conducteurs déforment les lignes du champ électrique par le poisson qui est capable d’interpréter ces anomalies.
Certaines espèces émettent des vibrations parfaitement rythmées.
Tous ces poissons ont un mode de locomotion très particulier : une ondulation de la nageoire dorsale ou anale leur suffit à se déplacer, d’ailleurs aussi efficacement vers l’avant que vers l’arrière. Leur corps ne se déforme pas ce qui permet l’établissement d’un champ électrique stable.
Certains poissons ont la possibilité de produire des décharges électriques importantes qui peuvent étourdir des proies ou repousser d’éventuels agresseurs. L’anguille électrique combine les deux possibilités : émissions de décharges pouvant atteindre 600 Volts et petites décharges régulières permettant l’électrolocation.
Après la vitrine montrant l’utilisation des coquillages dans les arts océaniens, se trouve la section consacrée principalement aux poissons asiatiques surtout représentés par la famille des Cyprinidae caractérisés généralement par la présence de petits barbillons près de la bouche.
Beaucoup de poissons de cette section sont de grande taille. Ils ont souvent été achetés alors qu’ils étaient encore relativement petits. Quand ils grandissent, il est nécessaire de leur offrir des bacs de plus en plus volumineux, ce que ne peuvent pas toujours faire des amateurs qui essaient alors d’offrir leurs pensionnaires aux aquariums publics. Contrairement aux mammifères, les ·poissons n’atteignent pas une taille limite correspondant à la taille adulte mais grandissent toute leur vie. Plus l’animal est jeune, plus la croissance est rapide ; elle se ralentit ensuite. En aquarium cette croissance peut être perturbée par la taille du bac. Dans un petit volume un poisson pourra stopper sa croissance et la reprendre après avoir été place dans un aquarium plus grand.
Après avoir descendu quelques marches, on peut voir les aquariums d’eau de mer. Les poissons des récifs coralliens sont généralement très colorés. Ces animaux étant territoriaux, on pense que les couleurs correspondent à un marquage visuel du territoire, comme le chant des oiseaux à un marquage auditif, les mammifères utilisant généralement un marquage olfactif.
Les poissons perroquets ont des dents très développées (en forme de bec de perroquet) qui leur permettent de broyer les coraux pour manger les petites algues qui poussent à leur surface.
Les poissons-chirurgiens portent à la base de la queue des épines qui peuvent éventuellement être repliées dans une sorte de gouttière. Ces lancettes, tranchantes comme scalpels, redoutables instruments de défense, sont à l’origine de leur nom de poissons-chirurgiens.
Les poissons-scorpions, ou rascasses volantes ont des glandes à venin associées aux épines dorsales très développées. Leur piqûre est très douloureuse.
Les poissons-ballons possèdent une glande remplie de trodotoxine responsable de l’empoisonnement de plusieurs centaines de personnes par an au Japon où leur chair est très appréciée. Ces poissons peuvent avaler de grandes quantités d’eau ou d’air qu’ils stockent. En se gonflant ainsi ils découragent leurs prédateurs éventuels.
Les requins et les raies ont un squelette cartilagineux. Ces animaux ont aussi en commun leur système branchial non recouvert par un opercule. On peut voir leurs fentes branchiales, généralement au nombre de cinq, par où l’eau est expulsée après avoir oxygéné les branchies. Chez la majorité des requins l’eau nécessaire à la respiration circule « passivement » ; le requin, toujours en mouvement, nage bouche ouverte et l’eau s’écoule le long des branchies avant de ressortir par les fentes branchiales. Ces requins, grands nageurs, sont difficiles à garder en aquariums de taille limitée.
Les requins et les raies possèdent un mode de reproduction qui les oppose à la grande majorité des poissons osseux ; il y a fécondation interne : la laitance du mâle est introduite dans les oviductes de la femelle. Les œufs fécondés peuvent être pondus (espèces ovipares) ou se développer dans le corps de la femelle (espèces ovovivipares). Dans certains cas l’embryon est nourri par l’intermédiaire d’un placenta (espèces vivipares).
Les rémoras ont sur la tête une ventouse qui leur permet de se coller aux requins et ainsi de se faire véhiculer sans effort. On les confond souvent avec les poissons-pilotes qui nagent au voisinage des requins.
Les mérous sont des poissons sédentaires, vivant généralement dans des grottes dont ils ne sortent que pour se nourrir. Ils peuvent vivre très vieux et atteindre des tailles considérables.
Dans la nature ce mérou géant peut atteindre trois mètres de longueur et peser 500 kilogrammes.
Les arbalétriers doivent leur nom au système de blocage de leur forte épine dorsale ; quand elle est dressée, celle-ci leur permet de se bloquer dans des anfractuosités d’où il est impossible de les extraire. Leur forte mâchoire leur permet de broyer les carapaces des crustacés ou les tests des oursins dont ils se nourrissent. Les poissons-anges et les poissons-papillons aux corps comprimés latéralement et aux colorations éclatantes sont les poissons généralement les plus prisés des aquariophiles.
La section suivante est consacrée aux poissons d’eau douce africains.
Les crocodiles occupent une fosse considérée comme l’une des plus belles d’Europe, tant par ses dimensions (13 mètres de diamètre intérieur) que par son décor qui représente un paysage africain.
Apparus au début de l’ère tertiaire, les crocodiles n’ont guère changé depuis 60 millions d’années : ils conservent des caractères primitifs mais ont développé des adaptations en rapport avec leur mode de vie amphibie. Leur comportement de soins aux jeunes lors de la reproduction est très élaboré : la mère surveille le nid pendant l’incubation puis aide les jeunes à briser la coquille de leur œuf.
Les crocodiles présentés à l’Aquarium sont arrivés déjà adultes en 1948. On estime que leur longévité peut atteindre une centaine d’années. Généralement immobiles, au point que certains visiteurs les croient empaillés, ces animaux ne se déplacent que pour chercher leur nourriture, ou se battre violemment pendant la période de reproduction.
Une importante collection de tortues amphibies peuple l’aquaterrarium central.
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