Thèmes: Arts, Histoire, Société Visite du mardi 15 décembre 1992
Source: Grain de Sel
Mardi 15 décembre 1992, une cinquantaine d’adhérents du C.D.I. ont visité la Galerie du XVIIIème siècle au Musée des Arts décoratifs.
Historique du musée –
L’Union centrale des Arts décoratifs appliqués à l’industrie, née en 1863, se proposait « d’entretenir en France la culture des arts qui poursuivent la réalisation du beau dans l’utile ». Ses créateurs (artistes, industriels et amateurs) voulaient lutter contre la médiocrité des objets et du décor de la vie quotidienne.
Afin de stimuler la création contemporaine en montrant les belles œuvres du passé au public, l’Union centrale des Arts décoratifs fonda en 1877 le musée des Arts décoratifs au Palais de l’Industrie.
En 1897, ce musée s’est installé dans un ancien bâtiment des Tuileries qui, brûlé pendant la Commune, fut reconstruit par l’architecte Lefuel et relié au Louvre : le Pavillon de Marsan. L’État devint propriétaire du musée en 1920, mais I’Union centrale des Arts décoratifs en demeure toujours l’animatrice et enrichit continuellement les collections avec ses acquisitions et les donations qu’elle reçoit.
Les collections comprennent environ 80 000 meubles et objets Nous avons fait un choix et nous nous sommes rendus directement au troisième étage à la Galerie Louis XV qui nous propose un panorama des arts décoratifs de la première moitié du XVIIIème siècle.
Les styles Régence et Louis XV –
À la mort de Louis XV (1715), l’idéal de vie de la cour n’est plus le faste et la grandeur, mais l’agrément et le confort. Insensiblement, la ligne droite s’amollit pour être bannie. La structure des meubles se libère de l’architecture : les lignes deviennent sinueuses et chantournées, les sièges suivent les formes du corps humain, les façades et les côtés des meubles sont galbés.
Le décor suit la même voie. La symétrie est toujours de rigueur mais elle est accompagnée de légèreté et de fantaisie : singeries et chinoiseries apparaissent. Le décor rocaille est introduit en France par Meissonnier et Oppenordt, mais il reste éloigné des outrances : rochers, feuillages déchiquetés, coquilles déformées, volutes tourmentées sont ordonnés par un plan cohérent.
Dans les marqueteries, le décor floral, associé à un motif géométrique, tempère l’exubérance des bronzes et des structures des meubles.
La visite –
Cette galerie comporte une dizaine de salles en enfilade.
Nous découvrons tout d’abord des bronzes d’ameublement (serrures, charnières, robinet, bougeoir) depuis le style « rocaille » caractérisé par des lignes rappelant les volutes des coquillages, des roses, jusqu’au style néo-classique. Le thème favori de ces bronzes est dominé par la nature.
Des éléments de décor ou d’ameublement en bois sont présentés ainsi que des boiseries sculptées ou peintes, dorées ou « à la capucine », c’est-à-dire en chêne à l’état brut.
Les meubles constituent un échantillonnage d’œuvres des ébénistes et des menuisiers parisiens du milieu du XVIIIème siècle.
armoire Louis XV
Deux meubles font leur apparition à cette époque : la commode et la console. Les commodes, grands meubles à tiroirs aux formes galbées, sans aucune arête ou ligne droite ont une marqueterie de bois de violette et de satiné, bois fréquemment utilisés par les ébénistes, ainsi que le bois de rose, l’amarante ou le palissandre et décorés de motifs floraux.
La console, sorte de table de salon à deux ou quatre pieds recourbés reste toujours appuyée contre un mur. La console d’applique est une petite étagère murale destinée à recevoir les collections de porcelaines.
Nous découvrons une variété de sièges, fauteuils, canapés, chaises :
Une collection importante de porcelaines de Meissen est présentée dans une vitrine. La manufacture de Meissen fut la première en Europe, au début du XVIIIème siècle, à mettre au point la technique de la porcelaine dure à base de kaolin. Ses figurines dont les sujets sont empruntés à la Commedia dell’arte, à la vie mondaine ou campagnarde et à la mythologie, connurent un large succès dans toute l’Europe.
Dans les vitrines sont rassemblées des faïences de petit feu de Strasbourg, l’un des grands centres de la faïence du XVIIIème siècle, promoteur de la technique. Les manufactures de l’Est de la France fabriquaient des faïences fines au blanc crémeux, sans décor peint, dont l’invention est due aux potiers anglais du Straffordshire.
Le plafond de la salle, peint de grotesques et de singeries, provient d’un hôtel rue de Sévigné.
D’autres faïences étaient fabriquées par la manufacture de Pont-aux-Choux, installée à Paris rue du pont aux Choux. Ces objets étaient faits d’une argile blanche simplement recouverte d’un vernis transparent, dont les formes s’inspirent de l’orfèvrerie.
Les objets rassemblés témoignent de l’engouement de l’époque pour l’Extrême-Orient : panneaux en laque de Chine, commode en laque européenne imitant la laque du Japon, secrétaire en vernis bleu, porcelaines de la Compagnie des Indes voisinant avec leurs modèles de Chine et du Japon.
Nous terminons notre visite dans un petit boudoir où sont exposés des petits personnages en porcelaine de Saxe, des figurines inspirées de la mythologie, de la vaisselle, ainsi qu’un superbe décor de table en trompe-l’œil.
FICHE DE SORTIE
MUSÉE DES ARTS DÉCORATIFS
Il paraît souhaitable tout d’abord de définir en quelques lignes ce que représentait le style « Arts Déco ».
Le style nouveau ou « Modern Style » appelé également « Arts Déco » résulte d’un mouvement lancé à la fin du siècle dernier par Émile Gallé, fondateur de l’École de Nancy.
Ce nouveau courant artistique auquel appartenaient également Grasset, Prouvé, Lalique, Majorelle, s’inspirait de recherches sur des formes illustrant des représentations de la nature et abandonnait donc totalement la plastique des styles anciens. Cette manifestation d’un art nouveau dura quelques années et on assista ensuite au retour des formes traditionnelles.
Historique du musée –
Fondé en 1877 par l’Union Centrale des Arts Décoratifs, il fut d’abord installé au Palais de l’Industrie puis transféré à partir de 1897 au Pavillon de Marsan où il fut inauguré en mai 1905. Ses collections appartiennent à l’État, mais la gestion du musée dépend de l’Union des Arts Décoratifs.
Le pavillon de Marsan faisait partie jadis du Palais des Tuileries dont la construction fut commencée par Philibert Delorme en 1564 pour Catherine de Médicis, poursuivie sous Henri IV et achevée sous Louis XIV sur les plans de Le Vau. Le nom donné à ce bâtiment évoque la comtesse de Marsan, gouvernante des enfants de France sous Louis XV, qui y résida.
En 1806, la construction de la galerie destinée à relier le Pavillon de Marsan au Louvre sur la rue de Rivoli, fut amorçée. C’est la partie actuellement occupée par le musée. Toutefois, les travaux interrompus sous la Restauration ne furent repris qu’après l’incendie des Tuileries pendant la Commune. C’est alors que Lefuel termina la galerie et réédifia la Pavillon de Marsan sur le modèle du Pavillon de Flore déjà transformé en 1811.
Collections –
La vocation du musée est de présenter une histoire de l’art décoratif français, européen et oriental, illustrée par une rétrospective des styles de chaque époque, au sein de laquelle figure une multitude d’objets : boiseries, meubles, tapisseries, orfèvreries, ferronneries, tissus, céramiques, verreries, bijoux, etc. Toutes ces pièces étaient conçues pour embellir le cadre de vie des familles fortunées du XVème siècle jusqu’à nos jours.
Ainsi, les grandes époques de l’histoire de notre pays sont représentées : Moyen-Âge, Renaissance, Louis XIII, Louis XIV, Régence, Louis XV, Louis XVI, Directoire, Empire, Restauration, Second Empire, pour arriver aux arts contemporains.
Les collections n’ont cessé de s’enrichir par des acquisitions régulières et des donations considérables.
Expositions temporaires –
C’est au Musée des Arts Décoratifs que furent présentées après-guerre de grandes expositions d’art contemporain :
1956 – Fernand Léger
1957 – Triennal d’Art Français Contemporain
1958 – Picasso
1959 – Chagall
Au début des années soixante, le Musée des Arts Décoratifs était le seul musée d’art moderne existant à Paris.
Grace à la qualité exceptionnelle des œuvres exposées dans ce musée, l’amateur d’art pourra découvrir à son gré ce qui caractérise le mieux les différentes formes artistiques qui ont jalonné notre histoire.
Pierre Muller
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