MUSÉE NISSIM DE CAMONDO
C’est dans l’hôtel particulier du Comte Moïse de Camondo que nous nous sommes rendus jeudi 16 et vendredi 17 février 1989.
Le charme et l’originalité du Musée Nissim de Camondo résident dans le fait qu’il ne s’agit pas véritablement d’un musée. C’est un hôtel particulier où l’on a vécu, où il serait possible de vivre encore aujourd’hui puisque rien n’a changé.
Issu d’une famille de banquiers originaires d’Espagne, chassée par l’Inquisition du 18ème siècle, établie à Venise, puis à Constantinople, puis à Paris, ennoblie en 1867 par le Roi d’Italie, le Comte Moïse de Camondo peut être considéré, tout comme son cousin Isaac, qui légua la totalité de ses collections au Musée du Louvre, comme un véritable amateur.
Il commence sa collection alors qu’il habite un hôtel particulier rue Hamelin. Pour cette collection, qu’il ne cessera d’enrichir jusqu’à sa mort, en 1935, il n’hésite pas, en 1911, à mettre bas l’hôtel Napoléon III que ses parents possédaient au 63 de la rue de Monceau, et à faire construire sur son emplacement, par l’architecte Sergent, une demeure dont les façades rappellent le Petit Trianon de Versailles.
Cet hôtel, cette collection, Moïse les destinait à son fils, Nissim, qui sera abattu en combat aérien en 1917, et dont le musée perpétuera le nom. La famille de Camondo s’éteignit définitivement avec la disparition, en 1945, au camp d’Auswichtz, de sa fille, Madame Léon Reinach, de son gendre et de ses petits-enfants.
Collectionneur passionné, le Comte de Camondo l’a été toute sa vie, comme l’attestent, non seulement le raffinement des meubles et objets d’art qu’il a sélectionnés, et les qualités exceptionnelles de nombre d’entre eux, mais aussi l’acharnement qu’il met à acquérir certaines pièces qu’il aimait posséder en paire. Ainsi, les deux commodes de Garnier que nous avons vues dans le salon des Huet, ont été achetées à trente ans d’intervalle, la seconde à Londres, au simple vu d’une photographie.
De même, les deux meubles de Leleu, dans le grand bureau, ont été trouvés, chez deux propriétaires différents. Enfin, après maintes recherches, un cartonnier, un secrétaire, une petite bibliothèque, tous de Saunier, sont venus s’ajouter au bureau à cyclindre de même modèle et du même ébéniste, un des premiers achats de Moïse de Camondo.
La collection est très homogène. Cette collection, relativement modeste si on la compare à d’autres, possède néanmoins quelques pièces de tout premier plan, certaines de réputation mondiale :
. le guéridon et le petit bureau de dame de Carlin, tous deux ornés de plaques de porcelaine de Sèvres, la minuscule table peinte, est estampillée RVLC, avec son plateau également en porcelaine de Sèvres,
. l’élégant bureau à cylindre de Jean François Oeben, naguère dans la collection du Comte Boni de Castellane.
la commode de Riesener, les rares ensembles de sièges sculptés de Pierre Gillier et de Jean Baptiste Sené, les pièces d’argenterie de Jacques-Nicolas Roettiers, faisant partie du célèbre service Orloff,
. la série de tapis de la Savonnerie
Il n’y a d’ailleurs pas que des chefs-d’œuvre, mais aussi des pièces qui se distinguent par leur caractère original ou inattendu. Ainsi on a remarqué la paire de consoles peu communes, en bronze argenté et doré, placées dans le salon des Huet, et dans une chambre au second étage, le secrétaire en acajou très sobre, mais fort curieux par sa faible profondeur, 17 cm.
Mais il ne s’agit pas ici de tout énumérer, car cela équivaudrait à reproduire un catalogue.
Dans le hall d’entrée, le grand escalier. Le ton 18ème siècle français est donné. La rampe en fer forgé a été copiée sur celle de l’hôtel Dassier, à Toulouse. Au pied de l’escalier, un groupe en marbre « Vénus et l’Amour » sculpté vers 1760.
Pour remettre le musée en valeur et y attirer davantage de visiteurs, l’Union des Arts décoratifs a créé en 1985, le Comité « Pour Camondo » qui a fait appel au mécénat.
La firme industrielle japonaise Honda s’est inscrite ainsi que J. Paul Getty Trust pour la restauration du mobilier ; le syndicat national des antiquaires, le baron Élie de Rothschild… Ils ont permis de réaliser la rénovation du salon bleu au second étage. Celui-ci apparaît aujourd’hui semblable à ce qu’il a toujours été, selon la volonté du donateur, aucun changement ne doit intervenir dans la disposition des meubles et des objets.
Présentée comme la demeure richement meublée d’un homme de goût, Camondo s’est révélée à la visite être surtout un « musée » avec ses avantages — la richesse, la présentation pédagogique, l’étendue des collections, mais aussi ses inconvénients avec une certaine froideur dans la présentation — à la fois du musée lui-même et des guides, et le caractère figé de l’ensemble. Il ne se dégage pas de cette demeure l’intimité et la personnalité que nous avons ressenties cette année à Médan (le Château et la Maison de Zola) où à Chatenay où nous « sentions » vivre Chateaubriand. Mais c’est aussi l’intérêt de nos visites de savoir apprécier en chacune d’elles ce qu’elle peut nous offrir.
ANNEXE
MUSEE CAMONDO
Visitez le musée, en cherchant la réponse aux questions suivantes :
Question 1 – Meuble n° 126 (Grand Salon, premier étage)
– Quelle est la fonction de ce meuble ?
. Quel est son style ?
. Quelles preuves pouvez-vous apporter à votre diagnostic ?
. Quelle est l’origine de la porcelaine qui l’orne ?
Question 2 – Meuble n° 584 (Bibliothèque, deuxième étage) . Quelle est la fonction de ce meuble ?
. Quel est son style ?
. Quelles preuves pouvez-vous apporter à votre diagnostic ?
Question 3 – Identifiez (en fournissant son emplacement dans le musée) soit un meuble, soit une décoration de pièce (boiseries, tentures, etc.) un des deux styles (Louis XV et Louis XVI) en justifiant et en argumentant votre réponse.
Question 4 – A l’aide des pièces suivantes, élaborez une définition du mot marqueterie », exprimée avec vos propres mots et illustrées d’exemples pris dans le musée (premier étage) :
. grand bureau n° 60, 75
. salon des Huet n° 195, 196, 197
. salle à manger n° 237
. galerie n° 310
. petit bureau n° 338, 339, 340, 345, 346, 349.
Question 5 – Quelles sont les essences de bois employées au 18ème siècle :
-. pour la fabrication du meuble proprement dit ?
. pour la décoration du meuble quand c’est le cas ?
Illustrez votre réponse d’exemples pris dans le musée en rappelant le numéro du meuble cité ?
Question 6 – Comment le bois est-il traité dans la fabrication des meubles au 18ème siècle : brut ? vernis ? coloré ? teinté ? peint ? Relevez des exemples illustrant vos réponses.
Question 7 – En quoi les pièces n° 73 (grand bureau, premier étage) et 221 (salon des Huet, premier étage) sont-elles typiques du 18ème siècle ? Justifiez votre réponse.
Question 8 – De qui sont les peintures n° 113 (grand bureau, 1er étage) et 172 (grand salon, 1er étage) ? Recherchez quelques renseignements sur ce peintre.
Question 9 – Quels sont les noms, les caractéristiques et l’auteur des sculptures suivantes :
n° 230 (salon des Huet, 1er étage) et 325 (galerie, 1er étage) ? Recherchez d’autres œuvres de ce sculpteur, extérieures du musée Camondo. Pour quelle autre raison le nom de ce sculpteur vous est-il familier ?
n° 165 (grand salon 1er étage), 259 (salle à manger, 1er étage), 616 (bibliothèque, 2ème étage), 695 (chambre à coucher, 2ème étage). Que savez-vous de ce sculpteur ?
Question 10 – A partir des pièces présentées dans le cabinet des porcelaines (1er étage) pièces n° 270 à 303 :
. dîtes l’origine des pièces en porcelaine et les matériaux ayant servi à fabriquer les divers ustensiles.
. reconstituer un repas servi à une famille de nobles du 18ème siècle.
Question 11 – Comment s’appelle la peinture de la pièce n° 705 (Chambre à coucher, 2ème étage) ?
. Qui est son auteur ? Que pouvez-vous en dire ?
. Quel est le support de cette peinture ?
. Cette peinture
.
vous plaît-elle ? pourquoi ?
vous déplaît-elle ? pourquoi ?
Répartition des questions selon les différentes pièces du musée :
Premier étage : grand bureau : questions 4, 7, 8
grand salon : questions 1, 8, 9
salon des Huet : questions 4, 7
salle à manger : questions 4, 9
cabinet des porcelaines : question 10
galerie : questions 4, 9
petit bureau : question 4
Deuxième étage : bibliothèque : questions 2, 9
chambre à coucher : question 11