OFFENBACH

Thèmes : Arts, Musique                                                                                                                  Conférence du mardi 4 juin 2019.

OFFENBACH

Par Monsieur Pierre COUSI, Avocat honoraire au Barreau de Paris.

INTRODUCTION

Jacques Offenbach est le compositeur qui a popularisé et donné ses lettres de noblesse à l’opérette, genre longtemps peu considéré. En effet, le XIXe siècle est le siècle de l’opéra avec ses prestigieux compositeurs, Verdi, Rossini ou Tchaïkovski et de la construction des grands théâtres comme l’opéra Garnier. Mais parallèlement on voit naître l’opérette avec des compositeurs comme Adolphe Adam, auteur du ballet Gisèle, Louis Varney, Charles Lecocq ou André Messager. Si cette musique est si populaire c’est parce qu’elle est légère, se retient facilement et que les livrets reprennent une histoire simple : un couple d’amoureux s’aime puis se dispute et enfin se réconcilie. Offenbach a écrit une centaine d’opérettes et opéras-bouffes. Certaines de ses œuvres comme « Orphée aux Enfers » ou « La Périchole » sont toujours très populaires et jouées régulièrement partout dans le monde.

I – Brève biographie d’Offenbach.

Jacob Offenbach, qui francisera son prénom en Jacques, naît à Cologne le 20 juin 1819. Il est issu d’une famille de musiciens dont le père, Isaac, abandonne le métier de relieur pour gagner sa vie itinérante comme chantre dans les synagogues et violoniste dans les cafés. Il est connu sous le nom de « der Offenbacher » d’après sa ville natale, Offenbach-sur-le-Main. Il adopte Offenbach comme patronyme et le transmet à son fils Jacob. Dès six ans le jeune Jacob apprend le violon et il apprendra seul le violoncelle épatant ainsi sa famille. Conscient du talent de son fils, Isaac décide de l’emmener étudier à Paris où il parvient à persuader le directeur du Conservatoire de Paris, lui-même italien, d’inscrire son fils alors que l’institution est réservée aux Français. Jacob qui se fait appeler Jacques, n’y restera qu’un an, vite rebuté par la rigueur académique. Il obtient un poste de violoncelliste permanent à l’Opéra-Comique. Il fait une forte impression au chef d’orchestre Fromental Halévy qui lui donne des leçons de composition et d’orchestration. Offenbach rencontre également un autre jeune compositeur Friedrich Von Flotow dont les origines aristocratiques lui ouvrent les portes des salons à la mode. Offenbach commence à se bâtir une solide réputation d’excellent violoncelliste capable d’imiter des cris d’animaux avec son instrument ou de jouer une note sur deux.

Dans un de ces salon il se lie d’amitié avec Madame Mitchel dont le mari est Anglais et dont il épousera la fille Herminie en 1844. Pour cela il se convertit au catholicisme avec pour marraine la Comtesse de Vaux. Après quelques années passées en Angleterre où le compositeur connaît le succès, le couple rentre en France en 1849.

En 1855, Offenbach ouvre son propre théâtre, la salle des Bouffe-Parisiens afin d’y produire ses œuvres, La décennie 1860 est la plus réussie d’Offenbach. Il obtient la nationalité française par ordre personnel de Napoléon III et l’année suivante il est décoré de la Légion d’Honneur. Par ailleurs, entre 1864 et 1868 il écrit quatre de ses plus célèbres opérettes : « La belle Hélène » présentée en 1864, « La vie parisienne » en 1866, « La grande Duchesse de Gerolstein » en 1867 et « La Périchole » en 1868. Au fil des années il accumule une certaine fortune car il compose beaucoup. Pourtant comme il dépense sans compter pour les décors, les costumes et l’interprétation de ses œuvres, il doit sans cesse travailler. Ses opérettes sont très appréciées et l’Empereur en fait jouer en privé aux Tuileries. Lors des expositions universelles de Paris, tout le Gotha se rend à ses spectacles.

En 1870 la débâcle de la guerre contre la Prusse met Offenbach dans une position inconfortable. Pour les Français bien qu’il soit naturalisé il reste un Allemand et on va même jusqu’à dire que ses spectacles trop distrayants ont empêché les troupes de lutter vaillamment. Par ailleurs on lui reproche ses origines juives, une sorte d’affaire Dreyfus avant l’heure. Offenbach qui souffre de douloureux rhumatismes décide de fuir la France et part s’installer en Espagne. A son retour début 1872 il rêve d’écrire un opéra sérieux. Il commence ainsi à composer « Les contes d’Hoffmann », malheureusement il meurt le 5 octobre 1880, laissant cet opéra inachevé.

II – Les principales œuvres d’Offenbach.

Dans toutes les œuvres d’Offenbach le comique est rendu par une rupture dans le rythme. Ainsi, on commence par un rythme assez solennel et ensuite on a une accélération qui fait passer au rire. Sa musique est celle du bonheur et du rire. Une des grandes qualités d’Offenbach est son sens de l’humour qui apparaît dans ses compositions mais aussi dans la vie. L’artiste se plaît à se moquer de lui-même notamment lors des grandes fêtes qu’il donne dans sa propriété d’Etretat, station balnéaire alors à la mode. Cependant, s’il aime se moquer c’est toujours sans vulgarité. 

La musique d’Offenbach est originale et variée. Il peut écrire des numéros chantants simples comme la chanson de Paris dans « La belle Hélène » intitulée « Au mont Ida, trois déesses », des chansons comiques comme « Piff Paff Pouff » du général Boum dans « La Grande-Duchesse de Gerolstein » ou le fameux cancan de « Orphée aux Enfers ». Il peut aussi composer des chansons d’une beauté indéniable comme la chanson de la poupée « Les oiseaux dans la charmille ». Une caractéristique fréquente de la mise en mots d’Offenbach est la répétition absurde de syllabes isolées pour obtenir un effet comique. Un bel exemple en est la marche des rois de « La belle Hélène » : « Je suis l’époux de la reine, le pou de la reine ».  

Sa première grande œuvre est « Orphée aux Enfers » opéra-bouffe en deux actes et quatre tableaux présentée en 1858. Offenbach part à contre-sens du mythe. Chez Offenbach, Orphée est un musicien minable qui n’aime pas sa femme. Le compositeur fait entrer dans son œuvre un personnage inattendu : l’opinion publique. Cet élément donne une touche très moderne à l’œuvre. Par la suite, Aristée, voisin d’Orphée et d’Eurydice empoisonne cette dernière et l’emporte aux enfers. Avant de partir Eurydice écrit une note pleine d’humour à son mari. Orphée monte à l’Olympe se plaindre aux Dieux ; ces derniers s’ennuyant sur l’Olympe décident de se rendre avec Orphée aux enfers et s’ensuit une fête farfelue. « Orphée aux Enfers » sera l’œuvre la plus célèbre d’Offenbach essentiellement grâce au cancan final. 

Avec « La belle Hélène », œuvre présentée en 1864, Offenbach s’attaque à un autre mythe, celui d’Hélène de Troie. C’est un opéra bouffe en trois actes. Le rôle principal est confié à Hortense Schneider, grande vedette qui fascine même le tsar de Russie qui souhaitait la rencontrer. La critique est positive et la presse s’enthousiasme. On peut lire dans le journal « La Comédie » : « On rit au dialogue et aux couplets, on rit à tout ». 

« La vie parisienne » relate la vie réelle Offenbach. C’est un opéra-bouffe en cinq actes présenté en 1866. On y voit deux personnages qui reçoivent un baron suédois dans le but de séduire sa jeune épouse. Une des chansons du Brésilien « Je suis brésilien, j’ai de l’or » a un rythme qui fait penser au rap moderne. Ici encore on peut souligner la grande modernité d’Offenbach. L’air de la Veuve du colonel est caractéristique du changement de rythme générateur de comique.

« La grande Duchesse de Gerolstein » est un opéra-bouffe en trois actes et quatre tableaux écrit en 1867.  Cette œuvre est vocalement un opéra mais par l’humour qu’elle contient elle reste un opéra bouffe. L’histoire se passe dans une principauté imaginaire avec des personnages aux noms farfelus comme le Général Boum ou le soldat Fritz. Cet opéra est une satire du militarisme dont on sentait la montée et qui aboutira au conflit de 1870.

« La Périchole », opéra bouffe de 1868 en trois actes et quatre tableaux, est inspiré d’une comédie de Prosper Mérimée. Ce n’est pas véritablement un opéra-bouffe mais plutôt un opéra-comique et il a une place spéciale dans l’œuvre d’Offenbach. C’est l’histoire de deux chanteurs de rue, miséreux et affamés qui seront pris en charge par un prince d’un lointain Etat. Cette œuvre a une tonalité particulière car des thèmes comme la misère et la tristesse y apparaissent. Elle connaîtra tout de même un vif succès car Hortense Schneider y tient un rôle. 

« Les contes d’Hoffmann » est une œuvre inachevée qui se voulait un vrai opéra. Du fait qu’il ait été inachevé, il a donné des milliers de fois avec des centaines de versions. 

CONCLUSION

Jacques Offenbach a composé plus d’une centaine d’œuvres lyriques dont certaines sont très célèbres.  Ses principaux opéras-bouffes ont été joués à travers le monde et le sont encore de nos jours. L’écriture et l’humour d’Offenbach sont très modernes et grâce à lui l’opérette a obtenu un statut particulier.  

 

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