Thèmes: Art, Musique                                                   Conférence du jeudi 1er octobre 1992

ROSSINI OU LA JOIE DE VIVRE

Sources: Gioacchino Rossini ©Getty – Portrait par Constance Mayer.png

Par Fabienne Bordas

Jeudi 1er octobre 1992, Fabienne Bordas, accompagnée de Philippe Tigeot-Gortari, ténor, et de Adrienne Balogh, pianiste, nous a présenté la vie de Rossini.

Au cours de la conférence, les deux artistes ont interprété les œuvres suivantes :

L'occazione fa il ladro
“D'ogni piu sacro impegno"

Il signor Bruschino
"Deh, tu m'assisti amore"

Les adieux à la vie
"Elégie sur une seule note"

L’Italiana in Algeri
« Languir per una bella »

Il barbiere di Siviglia
“Ecco ridente in cielo »
“Se il mio nome saper voi bramate

La petite messe solennelle
« Domine deus »

Franz Liszt
« Arantella »

La danza

Rossini (1792-1868) est un personnage amusant, qui ne se prend jamais au sérieux dans sa musique, mais qui prend la musique au sérieux.

Il compose de nombreuses œuvres, et bizarrement, est qualifié de paresseux. À l’âge de 37 ans, il choisit de prendre sa retraite. Pourtant, il continue de composer, pour le plus grand plaisir de ses amis, de très petites pièces comme « La Petite Messe Solennelle« , qu’il peut chanter lui-même. Il chante et joue fort bien de nombreux instruments, ce qui explique qu’il ait été un grand protecteur des musiciens.

À cette époque, à l’opéra ou au théâtre, les spectateurs arrivent à n’importe quelle heure, discutent, manifestent leur mécontentement à grand bruit. Les compositeurs prévoient donc des airs suffisamment forts pour que tout le public écoute, et des airs plus doux, pendant lesquels les spectateurs se promènent et bavardent. Ceci rend donc assez inégales les œuvres d’opéra.

Pourquoi parle-t-on de Rossini aujourd’hui ?

C’est un anniversaire. Il est né le 29 février 1792 à Pesaro. Sa date anniversaire n’arrivant que tous les quatre ans, il put ainsi fêter ses 18 ans au cours de sa 70ème année !

Gioachino Antonio Kossini est le fils d’un commerçant et d’une cantatrice. Les événements politiques amènent son père à devenir musicien d’orchestre, et sa mère chanteuse professionnelle. Rossini vécut ainsi toute son enfance au théâtre, n’aimant pas l’effort, mais cependant se montrant un élève doué. Il apprend aisément le chant et l’accompagnement.

À onze ans, lecteur consommé, corniste, accompagnateur, il chante et déchiffre à vue. À douze ans, obligé de gagner sa vie et celle des siens, il débute au théâtre. À quatorze ans, il compose son premier opéra : « Demetrio e Polibio » (1806).

Déjà, il discerne l’importance de l’école allemande. Il perçoit les éléments nouveaux dont Haydn et Mozart ont enrichi la musique, et pour se “faire la main”. il met en partition quelques-uns de leurs quatuors et symphonies et compose pour le lycée de Bologne sa première cantate.

Les années d’apprentissage s’achàvent. En vingt-cinq ans, ce “génial paresseux » va écrire plus de quarante opéras. II se lance dans le genre à la mode : l’opéra bouffe (« La Cambiale di matrimonio” 1810. « Sidone abbandonata » 1811, “L’Equivoco stravagante » 1811, « L’Inganno Felice« ).

Créateur avant tout, Rossini, brise la forme traditionnelle de l’opéra bouffe ; il orne ses mélodies, emploie des rythmes inusités, redonne à l’orchestre son importance et met le chanteur au service de la musique (Ciro im Babilonia » 1812, « La pietra del paragone » 1812…).

Il est mûr pour les ouvrages majeurs. La voix n’a plus de secret pour lui ; le theâtre et les cantatrices non plus. Aussi, les conceptions scéniques de l’époque le font-elles sourire. Venise va lui offrir une vraie gloire avec « Tancredi* 1813. Il réforme entièrement le vieil opera seria. Il supprime les longues tirades de récitatifs et les remplace par des passages de déclamation lyrique ; il relie les mélodies vocales par un ornement orchestral, composant une authentique partition dramatique. L’œuvre enthousiasme les Vénitiens.

Rossini est un “farceur ». Un jour on lui demande de ne pas chanter de chansons d’amour car il se trouvait au milieu de prélats. Il les chanta en napolitain pour que les paroles ne soient pas comprises !

Il écrit pour s’amuser un air sur une seule note « Les adieux à la vie…

En 1815, Rossini écrit pour le Teatro S. Carlo de Naples et pour la cantatrice espagnole Isabella Colbran, le rôle principal dans l’opéra Elisabetta Regina d’Inghilterra qui ouvre la période de maturité où les œuvres sont écrites surtout pour Naples et pour Rome.

En 1816, il reçoit la commande d’un opéra dont il pouvait lui-même trouver le sujet. Son choix se porte sur le « Barbier de Séville” de Beaumarchais. Ce fut un triomphe.

Il produit coup sur coup Otello, La Cenerentola, La Gazza ladra, Mosé in Egitto, La Donna del Lago.

En 1822, il épouse Isabella Colbran et part pour Vienne, invité par le prince Metternich qui lui commande quatre cantates pour le Conseil des Nations. Il rencontre Beethoven puis retourne à Venise où il termine sa période italienne par Semiramide.

En 1923, il prend la direction du Théâtre Italien à Paris. Il compose Il Viaggio a Reims, cantate scénique écrite pour le couronnement de Charles X. En butte à la jalousie des compositeurs, aux caprices de la de La Pasta, diva de I’époque, il renonce bien vite à cette charge.

Il écrit ses derniéres œuvres : Le Siège de Corinthe (1821), Moïse (1827), le Comte Ory (1828) et Guillaume Tell en 1829 marquant le terme de sa vie créatrice, si l’on excepte le Stabat Mater (1832) et la Petite Messe Solennelle (1864) et quelques pièces pour piano.

À 37 ans, il décide donc de ne plus écrire pour le théâtre. C’est dans son chalet de Passy qu’une pneumonie le terrasse en 1868. Il fut inhumé au cimetière du Père-Lachaise d’où ses restes furent transférés à S. Croce de Florence en 1897.

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