Thèmes: Art, Peinture, Société Conférence du mardi 21 mai 2024
UNE FONDATION D’ART À GARCHES : L’ERMITAGE, ENTRE NATURE ET CULTURE
Par Madame Martine BOULART, Présidente du Fond Culturel de l’Ermitage, ancienne directrice de programme HEC et ancienne directrice de collection Eyrolles.
INTRODUCTION
Garches abrite la Fondation de l’Ermitage qui a été inaugurée en 2014 par Monsieur Jack Lang, Ministre de la culture. L’Ermitage bénéficie d’une reconnaissance municipale et régionale mais aussi nationale et internationale. Avant la pandémie du COVID, de nombreux voyages et donations à l’étranger ont été organisés avec succès mais désormais la fondation se recentre également sur des activités plus locales.
L’Ermitage propose à chaque nouvelle saison une exposition « in situ » qui met en valeur divers artistes : peintres, sculpteurs, photographes mais aussi musiciens et écrivains…
Ou en sommes-nous dix ans après ? Là où il y a une volonté il y a un chemin, nous dit sa présidente…
I – Qu’est-ce que l’Ermitage et pourquoi sa création ?
Issue d’une famille de mécènes, alors qu’elle cesse ses activités professionnelles, Madame Boulart s’intéresse au fonctionnement des fondations et dans un premier temps, elle écrit un livre. S’ensuit la collaboration avec ChateauForm’ puis vient la création de l’Ermitage à Garches, au domicile de sa fondatrice.
La principale motivation de cette création est un fort désir de contribuer à l’essor de la culture mais aussi d’aider les artistes. Ces derniers sont logés à l’Ermitage durant le trimestre d’exposition de leurs œuvres et ils peuvent vendre leurs créations aux visiteurs intéressés.
L’Ermitage est une grande bâtisse ayant également un vaste jardin ce qui favorise les expositions en extérieur.
La fondation achète certaines œuvres et les donne ensuite à certains musées prestigieux, mettant ainsi en valeur les créations de jeunes artistes nationaux ou internationaux. Ainsi, l’Ermitage a fait don d’une œuvre d’Olivier Masmonteil Le Paon au musée de Strasbourg et d’une œuvre de Jean-Pierre Luminet, les deux mondes, au Musée de l’Air et de l’Espace.
Ce travail de développement de la culture bénéficie de l’appui du Ministère de la culture, de la DRAC, de diverses mairies et aussi des journalistes qui contribuent par leurs articles à faire connaître les œuvres des artistes et le travail de mécénat de l’Ermitage. Ces publications apparaissent dans les revues spécialisées dans les arts mais aussi dans des hebdomadaires plus généraux.
Enfin l’Ermitage constitue chaque année un jury qui décerne deux prix : un prix d’art et un prix de littérature.
II – Avant de présenter notre collection, je voudrais reprendre une brève histoire de l’art et de ses ruptures. J’ai choisi le portrait car c’est ce que l’on trouve le plus représenté dans les musées. Pourquoi le portrait ? Levinas nous dit que c’est le lieu de notre vulnérabilité et donc de notre humanité.
J’ai aussi gardé la classification de Malraux. Pourquoi ? Pour son originalité. Il distingue trois temps qui ne sont pas forcément chronologiques : Le surnaturel où l’art est soumis au sacré, L’irréel où il éveille le sur le monde du beau, L’intemporel ou l’inconscient envahit l’art.
Dans cette optique, certaines œuvres sont considérées comme des œuvres de référence, ainsi la dame de Brassempouy au paléolithique, La Vénus de Milo ou La Joconde de Vinci, à l’âge classique ou Le baiser de Brancusi à l’âge moderne.
Il faut savoir que l’art contemporain représente de grands enjeux financiers, il est le troisième trafic mondial derrière la drogue et les armes. En France les FRAC financent l’achat officiel d’œuvres d’art contemporaines et contribuent ainsi à freiner ce phénomène.
III – A l’Ermitage j’ai choisi des artistes contemporains qui recouvrent ces trois dimensions : un aspect spirituel, un aspect esthétique et un aspect subjectif que je m’applique à rendre visibles à travers des publications et des donations à des musées.
On trouve à l’Ermitage des artistes francophones d’origine étrangère et citoyens du monde, notamment des Libanais, comme David Daoud, ou des Ukrainiens comme Tania Lu, mais aussi des travaux d’artistes juifs, comme Esther Ségal. On peut également mentionner la collection d’art tribal indien issu de tribus qui ne connaissent pas l’écriture.
Certaines œuvres sont situées à l’extérieur et les artistes utilisent le terrain vallonné pour intégrer leurs créations dans le paysage comme l’anamorphose réalisée par François Abélanet avec des plants de lavande. Au-dessus de cette anamorphose dans les châtaigniers centenaires on peut admirer la Perséphone en bronze de l’artiste grecque Vana Xenou. On peut également admirer les totems placés autour du bassin ou la peinture au pochoir située sous la pergola de Benita Kusel.
CONCLUSION
Grâce à la Fondation de Martine Boulart, de nombreux artistes peuvent travailler et exposer leurs œuvres au cœur des Hauts-de-Seine mais aussi bénéficier d’une diffusion nationale, voire internationale.
Le mécénat d’autrefois devient aujourd’hui une responsabilité sociétale nous dit-elle.
L’Ermitage peut être visitée sur rendez-vous et lors d’évènements nationaux comme Les journées du patrimoine.