UNE JOURNÉE DANS LA VALLÉE DE LA RISLE ET DU ROULOIR

Thèmes: Art, Histoire                                                                                                               Sortie visite du mardi 5 evendredjuin 1990

 

UNE JOURNÉE DANS LA VALLÉE DE LA RISLE ET DU ROULOIR

Plus d‘une centaine de membres du C.D.I. ont pasune journée dans « la vallée de la Risle et du Rouloir », accompagnés de Madame Fourreau. Madame Fourreau était connue de beaucoup dentre nous car elle nous avait guidés peu de temps auparavant, dans les rues de Montmartre, ainsi qu’au château de Maintenon. Elle avait également prononcé une conférence sur le mystère des Templiers.

CONCHES

Cest au XIème siècle que le Normand Roger de Tosny, rentrant dEspagne, fait halte à labbaye de Conches. La petite cité du Rouergue est alors une prestigieuse étape sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle, car on y vénère les reliques de Sainte-Foy.

Par la grâce de Sainte-Foy, la célèbre coquille du grand SaintConque ou Conche, a donc fait le voyage du Rouergue au pays d‘Ouche pour se fixer sur les armes de Conches.

Conches a éune place forte convoitée durant le Moyen-Age. Il en reste le donjon du Xme scle, léglise SainteFoy, restaurée du XVIème siècle, et l’abbaye devenue hôpital.

LE SAINT-JACQUES

Sur la rue Sainte-Foy, devant l‘église se trouve une grande demeure à pans de bois, élevée à la fin du XIVème siècle et au début du XVème. C’est l’ancien hôtel de Fougy, siège de la prévôté seigneuriale, à la fois poste de police, tribunal local et prison. La belle façade, percée d’un porche d‘époque et dont les boiseries sont travaillées, est classée. De gros clous garnissent la porte, certaines de leurs têtes estampées d‘une coquille Saint-Jacques.

Nous pénétrons dans le magasin, traversons le petit jardin. Nous nous arrêtons devant un ginkgo biloba ou « arbre aux quarante écus » puis visitons l‘atelier de forge. Là, le forgeron et son apprenti nous font une démonstration de forge, faisant un nœud avec une barre de fer rouge comme avec un simple cordage.

Après cette impressionnante démonstration, nous descendons, guidés par le forgeron dans les caves, creusées aux XIème et XIIème siècles, aménagées en salle d‘exposition. Leur dégagement et leur aménagement ont réclamé l’extraction de dizaines de tonnes de terre et de débris de toute sorte. Il reste encore beaucoup à fouiller, à sonder et à blayer, si l‘on veut retrouver le réseau souterrain qui devait relier la prévôau château, et sans doute à la campagne. Il y a une soixantaine d‘années, l’ancien propriétaire découvrit déjà, au hasard des recherches, une oubliette dont il sortit un plein tombereau dossements. Les lieux souterrains étaient jadis salle de gardes, chapelle, prétoire dune justice expéditive. Les niches dans certains couloirs étaient des cachots. Les prisonniers ne pouvaient s‘y tenir ni debout, ni couchés, et le jour ne leur parvenait jamais.

Le Maître forgeron nous donne également des explications sur les Compagnons, un de ses fils étant parti sur les routes pour devenir Compagnon. Une vie très dure, pour être un ouvrier extrêmement qualifet ts demandé.

L’EGLISE DE SAINTE-FOY DE CONCHES

C’est une collégiale des XVème et XVIème siècles, de style gothique flamboyant remarquable surtout pour ses vitraux.

Une première église, dédiée à SainteFoy, martyre du IVème siècle, très vénérée en Aquitaine (Sanctuaire de Conques) fut construite dans le premier tiers du XIème siècle par Roger de Tosny, seigneur du lieu, qui avait apporté les reliques de la Sainte au retour dune expédition contre les Maures en Espagne. Cet édifice primitif fut agrandi au XIème scle, puis rebâti au XVIème siècle.

Les vitraux de léglise de Conches ont été réalisés en deux temps : d‘une part, les fenêtres du chœur vers 1520, et d’autre part, les fenêtres de la nef, dans le deuxième tiers du XVIème siècle. Leur unité iconographique est remarquable.

Après quelques achats à la ferronnerie, nous déjeunons au restaurant « La Toque Blanche », l‘on est reçu en costume régional. A peine la dernière bouchée avalée, nous partons au château de Beaumesnil.

LE CHATEAU DE BEAUMESNIL

Madame Fourreau nous explique l‘histoire et l‘architecture du cteau, puis nous nous séparons en deux groupes. Lun regarde un film vidéo sur la reliure, lautre suit Madame Fourreau pour une visite du château qui renferme un musée de la reliure.

Le château

Il fut construit en 1640, par Jacques Leconte Duquesne, marquis de Nonant et baron de Beaumesnil, sur l’emplacement d’un ancien cteau-fort. De nombreuses familles y vécurent, jusqu’en 1966, où le dernier propriétaire le donna à la fondation Fürstenberg-Beaumesnil. Il est maintenant classé monument historique.

Nous nous plaçons en face du château, dans la cour d‘honneur et contemplons l’aspect extérieur de la vaste cage d’escalier. On a devant soi la principale porte d‘entrée qui, malgré sa grandeur, paraît réduite par rapport à l’ensemble. L’effet que l‘on constate est créé par une paire de volutes qui coiffent cette porte et dont la largeur la dépasse de plus du double.

Au-dessus de la porte, trois autres fenêtres superposées éclairent l’escalier. Leur examen donne des résultats surprenants : la première fenêtre est un peu plus haute que la seconde, et cela pour des raisons dictées par l’intérieur, mais l’effet optique est contraire. Il s‘explique par le fait que la première est ornée d‘un cartouche assez mince, alors que la surieure est coiffée d‘une imposante ornementation qui possède à elle seule, la hauteur de tout un étage. Continuant l’ascension vers les toitures, on voit finalement une troisième fenêtre qui paraît avoir une hauteur démesurée, mais qui ne l’a pas, puisquelle est quasi identique à la première. L‘effet calcuest dû, aux ornements d’architecture qui surmontent cette fenêtre. Une balustrade sculptée, s‘élevant en demi-lune vers le haut des deux côtés de la fenêtre, y joue le rôle déterminant. C’est une invention du plus pur baroque.

Les stratagèmes optiques de la fausse perspective, pratiquée à l’intérieur de la cage d‘escalier, trouvent leur contrepartie précise au-dehors. C‘est de là que naît l’effet imposant d’un très riche palais, alors que par ses dimensions, le bâtiment n’est pas très grand.

La visite de l’intérieur est surtout centrée sur le musée de la reliure.

La découverte de l‘imprimerie attribuée à Gutenberg (entre 1435 et 1440) popularisera le livre.

Dans l‘intérieur du volume, le papier chiffon si longtemps dédaigné remplaça le parchemin qui prit très souvent la place du cuir pour recouvrir la couverture. Après l’apparition de l’imprimerie, toute une classe d‘ouvriers se trouva peu à peu sans travail, c‘étaient les parcheminiers, les enlumineurs et surtout les copistes, la plupart pauvres scribes, qui moyennant un faible salaire, œuvraient à longueur dannée pour les marchands libraires. Tous les anciens ouvriers du manuscrit durent se réadapter au nouveau livre ; le calligraphe devint dessinateur en lettres, les libraires vendirent des imprimés et les enlumineurs gravèrent en relief ou en creux leurs « histoires ».

Pendant un certain temps, ces derniers continrent à décorer les livres de dessins dornement, comme ils avaient peint les manuscrits. Ils contribuèrent à former la belle école dillustrateurs qui devait porter si haut leur art dès la fin du Xme siècle.

Pour les pauvres « lieurs de livres » qui végétaient rue d‘Erembourg-deBrie, ou rue de la Haumerie, dans le quartier Saint-Jacques, la prosrientra de nouveau dans leur atelier, et la clientèle, que le bon marché des fournitures nouvelles employées permit de satisfaire sans peine, devint plus nombreuse. Pour répondre aux besoins de leur clientèle, les relieurs durent trouver un décor plus rapide que celui « à empreintes » par petits fers. Ils adoptèrent celui des grandes « plaques » en usage dans les Flandres et en Allemagne depuis le XIVème scle.

C’est avec des moyens de fortune que les moineslieurs assemblaient les cahiers en les fixant sur des nerfs de bœuf tendus sur cousoir en bois. Cette couture se terminait par l’adaptation d’une couverture fournie par le frère-menuisier du monastère.

Madame Fourreau nous donna beaucoup dautres explications passionnantes sur les méthodes de reliures actuelles.

Sur le chemin du retour, nous faisons un arrêt à Ferrières. Nous pénétrons dans léglise. C’est une église gothique, originale surtout pour sa croisée du transept construite en rotonde, au XIIIème siècle sur huit hautes colonnes. Le cur est éclaipar cinq fenêtres aux vitraux Renaissance.

Une journée encore bien remplie. Nous étions de retour à Garches vers 19 h 30.

+ de 1000 textes des conférences du CDI sont disponibles sur le site du CDI de Garches  et via le QRCode   

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