VISITE DE L’OPÉRA BASTILLE

VISITE DE L’OPÉRA BASTILLE

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Jeudi 30 janvier 1992

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C’est un grand succès qu’a remporté la visite de l’Opéra Bastille. Deux-cents membres du C.D.I. ont pu découvrir les coulisses de ce théâtre.

Nous sommes accueillis dans le hall par deux conférenciers. Nous montons au septième étage, l’étage public, le plus haut. Il existe un huitième étage réservé aux bureaux. Le septième étage est au-dessus du niveau du plafond de la grande salle de spectacle.

Ce niveau témoigne bien des intentions de l’architecte de l’opéra en matière de décoration puisqu’on y trouve tous les matériaux utilisés dans le reste du bâtiment.

Les sols des espaces publics sont en pierre reconstituée à partir des brèches de marbre venant de Vérone, consolidées par un béton blanc. Sur les murs, une pierre de calcaire de Bourgogne, polie.

Pour le plafond, l’architecte canadien Carlos Ott a souhaité des bandes métalliques noires aménagées d’ouvertures en carrés pour la lumière et, de part et d’autre, du staff peint en blanc.

Le carré est la base de la décoration de ce théâtre. Les colonnes intérieures et extérieures ont été habillées d’un béton pré-contraint dans lequel ont été inscrits les éléments de pierres naturelles. Le tout a été poli, ce qui donne l’apparence du marbre.

De cet étage, on découvre Paris dans la perspective Est-Ouest, le canal Saint-Martin, la Colonne de Juillet… Une seule peinture, mais monumentale, est intégrée au mur. Elle à été offerte par le gouvernement canadien.

Nous descendons l’escalier pour découvrir la salle du premier balcon.

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Il y a deux balcons de 600 places chacun, un parterre d’environ 1 500 places et 80 sièges installés sur les galeries latérales, soit 2 703 places.

C’est François Mitterrand qui, en 1982, décide de la construction de cet opéra. Dès lors une mission est créée. Elle a pour rôle d’établir le programme de ce qui doit être installé dans le futur opéra et d’organiser un concours international d’architecture (1983).

Le cahier des charges est donné à mille-sept-cents architectes de quarante-cinq pays différents.

La mission Opéra Bastille reçoit sept-cent-cinquante-six projets. En novembre 1983, le lauréat Carlos Ott est connu.

Il est l’auteur unique de ce projet. Personne ne connaît ce Canadien de trente-sept ans, établi à Toronto. Il s’associe à un cabinet d’architectes français.

Les travaux commencent le 15 octobre 1984 et se terminent quelques semaines avant l’inauguration du théâtre le 13 juillet 1989.

Quarante-deux chefs d’État sont présents pour cette cérémonie.

La première saison commence en septembre 1990

La surface au sol est de 22 000 m2, mais peut développer une surface totale de 160 000 m2.

C’est le deuxième grand bâtiment monobloc après le nouveau ministère des finances à Bercy.

Le niveau des fondations se situe à moins 21 mètres de profondeur. La hauteur moyenne du bâtiment est de 35 mètres. Le point le plus haut culmine à 50 mètres.

Aucune des places de la grande salle n’est à plus de 43 mètres de la fosse d’orchestre, et toutes ont une vue frontale.

La salle est à « acoustique naturelle », c’est à dire qu’il n’y a ni micro, ni haut-parleur. L’acoustique a été étudiée à Grenoble au Centre Scientifique et Technique du bâtiment.

Le pari a été celui d’une acoustique limpide, claire, donnant un bon détail des sons, un peu comme dans la musique française du début du XXème siècle, avec Ravel, Debussy et Fauré. La priorité a été donnée à l’intelligibilité des livrets et à la clarté des sons.

Autre exigence : obtenir un son homogène dans toute la salle. Au Metropolitan Opera de New York, le son est variable selon les places. L’Opéra Bastille a joué l’égalité pour les 2 700 places de la grande salle. La difficulté vient de la coexistence du parterre et des balcons. Au parterre, on ne voit pas les musiciens, le son est plus fondu. Aux balcons, on voit les musiciens, on perçoit un son direct, beaucoup plus riche.

Mais les sons ne proviennent pas uniquement de la scène, ils sont réfléchis en plus ou moins de temps par les parois. Cette persistance des sons est très bien perçue quand on frappe dans ses mains dans une église vide. C’est le temps de réverbération. Il doit être adapté au volume et aux matériaux de la salle, et il ne doit être, ni trop court (la richesse sonore serait perdue), ni trop long (les sons deviennent alors confus). Au Palais Garnier, ce temps est d’une seconde. Pour l’Opéra Bastille, les différents calculs sur ordinateur ont pris en compte toutes les particularités de la salle et défini un temps de 1,6 seconde. C’est le temps de réverbération qu’il fallait pour obtenir l’esthétique musicale souhaitée.

Le lustre traditionnel des opéras a été remplacé par un plafond lumineux (700 m2 de plafond en verre).

Le plafond est la partie décisive de l’acoustique : c’est lui qui permet aux spectateurs éloignés d’entendre aussi bien que ceux qui sont proches. Ce rôle, négligeable pour les premiers fauteuils du parterre, devient de plus en plus important vers les fauteuils du fond et les balcons. Le plafond est composé de trois parties qui orientent différemment les sons afin qu’ils se suivent comme des vagues lumineuses donnant une ambiance magique à l’ensemble de la salle.

La prouesse est d’autant plus remarquable que le cadre de la scène peut varier, en largeur, et de 12 à 19,5 mètres en hauteur. Si l’on veut représenter un opéra de Mozart, on peut réduire le cadre de scène aux dimensions d’un petit opéra de l’époque.

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Chaque variation des dimensions trouble l’homogénéité des sons dans la salle, mais ces effets peuvent être corrigés en déplaçant les « prosceniums » qui sont eux-mêmes mobiles.

La fosse d’orchestre est aussi transformable. Quand elle atteint sa plus grande surface, près de 180 mètres carrés, elle est la plus grande fosse d’orchestre du monde. En prime, elle a reçu la climatisation, dont ne dispose aucune fosse d’orchestre dans le monde.

Malgré ses dimensions — 23 mètres à sa plus grande hauteur — la grande salle n’est pas oppressante. Les murs sont recouverts d’un granit nommé « bleu de Lanhélin » qui leur donne une atmosphère immuable et paisible.

Sur tous les sièges se retrouve le motif du carré, omniprésent dans l’Opéra Bastille, depuis le portique extérieur de granit sombre, presque noir, jusqu’aux décorations des foyers dont les parois sont recouvertes de pierre de Valreuil, calcaire dur de l’Yonne.

L’absorption acoustique du siège a été choisie la plus proche possible de celle d’un spectateur, la salle ayant approximativement le même temps de réverbération, qu’elle soit vide où pleine.

Les balcons, nettement moins chers, pourraient même donner une bien meilleure écoute que les premiers rangs du parterre.

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Pour avoir une meilleure réflexion, on a dû rendre la surface des murs latéraux de la salle irrégulière, et réduire la largeur de la salle. Ces changements ont surtout amélioré le niveau acoustique des places du parterre situées au fond de la salle, sous le premier balcon. Trois balcons étaient prévus dans le projet. On a ramené leur nombre à deux.

Le texte en français et en anglais de tous les opéras est projeté sur un écran au-dessus du cadre de scene.

Les prix des places pour l’opéra varient de 50 F à 550 F. Nous quittons la salle pour gagner l’arrière-scène.

La scène mesure 25 mètres de profondeur sur 30 mètres de large. Derrière la scène, s’étend le royaume des machinistes. Neuf espaces de 750 m2 chacun sur une hauteur de 28 mètres, entourent sur deux niveaux, l’arrière-scène. Ils permettent de stocker les décors, sans avoir à les démonter. Les décors sont transportés par trente-six plates-formes automotrices, pilotées par informatique, impressionnant !

Au centre de l’arrière-scène, une plaque tournante circulaire, capable de supporter deux-cents tonnes, joue le rôle d’une gare de triage et assure le passage des plates-formes du côté cour au côté jardin. Elle peut également fonctionner comme un ascenseur et descendre les plates-formes, munies de leurs décors, jusqu’aux espaces sous l’arrière-scène.

Visite très intéressante. L’arrière-scène a surpris tout le monde. De futurs spectateurs en perspective.

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FICHE DE VISITE

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OPERA BASTILLE

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Site historique : la place de la Bastille –

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Par son passé lourd d’histoire, elle est liée à la période révolutionnaire de la France. De nombreuses manifestations se donnent rendez-vous sous l’œil protecteur du Génie de la Liberté.

C’est cependant une histoire beaucoup plus lointaine qu’il faut évoquer : le vieil axe de la voie romaine menant à Meaux.

Sur ce chemin, l’abbaye Saint-Antoine explique le nom de Saint-Antoine que prit la porte de l’enceinte Philippe-Auguste, porte qu’empruntaient les riches Parisiens, propriétaires de domaines établis le long de la voie de Meaux.

Etienne Marcel et ensuite Charles V, firent fortifier l’enceinte : c’est la Bastille, qui devint prison d’État sous Louis XI : citons quelques prisonniers célèbres : Bernard Palissy, Fouquet, Voltaire, le marquis de Sade…

Dès 1784, la Bastille ne sert plus guère qu’à enfermer quelques faussaires, quelques fous. Certains prisonniers qui avaient de bonnes relations et des moyens financiers pouvaient y recevoir les invités de leur choix et tenir table ouverte et renommée.

Un prisonnier, Latude, se plaignait que les poulardes de la Bastille n’étaient plus copieusement lardées, il exigeait aussi des robes de chambre doublées de fourrure.

Le 14 juillet 1789, les émeutiers remontent la rue Saint-Antoine dans une confusion générale qui serait burlesque s’il n’y avait la mort de Monsieur de Launay dont on promène la tête au bout d’une pique. La Bastille est prise et sera démolie.

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L’opéra Bastille –

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Un projet qui se veut :

. révolutionnaire,

. symbolique (site oblige),

– ambitieux : il faut répondre à de nombreux besoins, amener un nouveau public à l’opéra lyrique, tripler le nombre de spectateurs potentiels,

. être un espace de recherche et de création afin de jouer un rôle essentiel sur le plan national et international.

C’est François Mitterand qui en donne les directives : « un opéra moderne et populaire », destiné à remplacer un opéra Garnier victime de l’âge et d’un élitisme hérité du 19ème siècle.

Il faut créer « l’acoustique démocratique » selon l’architecte Carlos Ott, l’opéra Bastille n’est pas conçu comme un décor mais comme un outil qui fait appel aux techniques les plus modernes : le son « aéré ». C’est à Grenoble que le son « Bastille » a été réalisé.

L’opéra Bastille : une cage de granit et de verre destinée à emprisonner un oiseau invisible : la voix humaine, que 2 700 spectateurs écouteront.

Nous attendons cette visite avec toute l’impatience que laisse espérer le son « démocratique », le son « aéré ».

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M.B

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