VOYAGE EN VENDOMOIS

Thèmes: Art, Histoire                                                                                                                        Sortie visite des 19 et 20 juin 1990

VOYAGE EN VENDOMOIS

Pouvions-nous mieux illustrer la conrence sur Ronsard, prononcée le 29 mai dernier par Messieurs Dugied et Bourdin, qu‘en parcourant le Vendômois, terre où naquit et vécut le poète ?

Ce « pèlerinage aux sources » était donc au programme, et une cinquantaine de membres du C.D.I. ont eu la joie d‘y participer les 19 et 20 juin 1990.

Malgle ciel menaçant au départ de Garches, malgré la pluie du soir à notre arrivée à Vendôme, nos yeux ont été émerveillés par la beauté de cette paisible petite ville, par les monuments, les jardins et les maisons au bord du Loir, tandis que, plus tard nos oreilles ont été charmées par le lyrisme et la grâce des psies de Ronsard.

Sans doute cet hommage rendu au poète et à ses Muses fut-il entendu des « cieux » puisque le lendemain, dès notre réveil, le soleil était au rendez-vous. Il nous accompagna pour la visite de la Possonnière, de la Chapelle Saint-Gilles, de lIsle verte sur le Loir, etc., en marquant de tons « pastels » ce terroir touché par la grâce de la Renaissance. Ce petit coin de France mérite bien, en effet, sa réputation de « jardin des lettres françaises ».

Maintenant suivons le guide

VENDOME

Un peu d’histoire

Placée sur le trajet des pèlerins de Compostelle, qui ont largement contribué à sa prospérité, Vendôme s‘est édifiée, d‘ilot en ilot, dans une plaine alluvionnaire où le Loir se répand en de nombreux bras sinueux. Son origine est gauloise. Et d‘après les étymologistes, elle tirerait son nom du mot par lequel les Gaulois désignaient la falaise calcaire qui la domine au sud et sur laquelle fut édifiée la forteresse des Comtes de Vendôme. Aujourd’hui encore, on l’appelle « la Montagne Blanche« .

La Maison des Bourbons règne sur Vendôme depuis 1371, Jean VII de Bourbon, Comte de la Marche, ayant épousé la dernière héritière de la Maison de Montoire, Catherine de Vendôme, qui lui apporta son comté en dot.

Or en 1589, Henri III, dernier Roi de France Valois, meurt sans postérité. Henri 1er de Bourbon, 3ème Duc de Vendôme est descendant en ligne directe de Robert de Bourbon, Comte de Clermont, dernier fils du roi Louis IX (Saint-Louis). Il est de plus, gendre de Henri II et Catherine de Médicis, ayant épousé Marguerite de Valois leur fille, sœur des trois rois qui viennent de se succéder sur le trône de France la fameuse « Reine Margot« .

A double titre donc, Henri de Bourbon-Vendôme est héritier du trône et devient roi de France sous le nom de Henri IV. Il donne ainsi naissance à la dynastie des Bourbons. De sa descendance sortiront les Rois de France, d’Espagne, dAngleterre et de Sicile. Les Bourbons d’Espagne, descendant des Ducs de Vendôme, règnent toujours en la personne du Roi Juan-Carlos.

En se promenant dans la ville :

Notre promenade démarre de l’Hôtel du Bellay, (ou du Saillant), actuel office du tourisme, à haute toiture d‘ardoises. Il fut construit à la fin du XVème siècle par la famille du poète Joachim du Bellay.

L’abbatiale de la Trinité

Une chronique du XIIème siècle raconte que le Comte Geoffroy Martel et sa femme la Comtesse Agnès de Bourgogne, auraient vu d‘une fenêtre de leur château trois étoiles ou lances de feu tomber dans la prairie bordant le Loir et se perdre dans une fontaine. Surpris, effrayés par cette vision, ils consultèrent lévêque de Chartres venu leur rendre visite. « Faites bâtir en cet endroit une abbaye dédiée à la Sainte-Trinité » leur déclara-t-il. Dédicacée dès 1040, l’église romane primitive occupait sensiblement la même surface que l’église gothique actuelle. Des moines de l’ordre de Saint-Benoît venus de Marmoutier, ps de Tours, avaient la charge de cette grande abbaye. Elle est dès le début, richement dotée d’une grande réserve foncière.

Le Comte installe aussi des chanoines à la collégiale Saint-Georges, édifiée dans lenceinte du château de Vendôme. La ville devient alors un des plus importants centres religieux de France. La population vient y vénérer la Sainte Larme et le bras de SaintGeorges, reliques offertes par lempereur de Constantinople.

En pénétrant dans léglise, nous sommes surpris par sa clarté et son apparente unité. Sa clarté sexplique par l’utilisation du tuffeau, pierre calcaire très blanche et facile à sculpter, extraite des coteaux du Loir. Son unité nest quun leurre puisqu‘il a fallu années pour la construire : époque romane, style gothique, gothique rayonnant puis gothique flamboyant.

Les vitraux sont très colorés. Les stalles sont, en grande partie, de la fin du XVème siècle. Les « miséricordes » représentent les travaux saisonniers et les signes du zodiaque.

La façade est une des plus belles réalisations de lart gothique finissant.

De là, nous accédons au Parc Ronsard, par une passerelle. A l‘arrière dune maison se trouve un lavoir.

Dans le centre-ville, nous passons devant la Tour SaintMartin. Saint-Martin serait venu prêcher à Vendôme au IVème scle. Au XVème siècle est tie une grande église. Désaffectée à la Révolution, elle est finalement abattue en 1854. Lespace laissé libre devient la place Saint-Martin. De cette église, il ne reste que le clocher, épargpour servir de beffroi. Notre conférencre nous fait découvrir encore beaucoup de ruelles qu‘il serait trop long de décrire ici.

Après cette visite de deux heures très intéressante sous la pluie – mais la culture avant tout ! Et personne ne s’est découragé , nous regagnons nos hôtels respectifs, avant daller dîner près de la Porte Saint-Georges à l‘hôtel du même nom.

9 heures le lendemain, tout le monde est prêt. Nous embarquons avec nos conférenciers afin de poursuivre notre voyage sur les traces de Ronsard.

Première halte devant le Manoir de Bonaventure. Cest là qu‘Antoine de Bourbon, Roi de Navarre et Duc de Vendôme venait festoyer.

La Possonnière : Nous sommes accueillis par un couple de gardiens qui connaissent parfaitement les lieux. C‘est au re du poète, Loys de Ronsard, que l’on doit la Possonnière. C‘est d’abord une maison forte quil fit restaurer en 1515 : de retour des guerres d‘Italie, imprégné de l‘art de ce pays, il fit percer les murs de hautes fenêtres, les fit encadrer de fines sculptures, de pilastres, de chapiteaux. La construction commencée sous Louis XII fut terminée sous François 1er. C’est à cette époque que l’on voyait s‘élever Azay-le-Rideau, Chambord, Chenonceaux… Les dépendances aménagées à la manière du pays vendômois font l’originalité de cette demeure : un des côtés de la cour d‘honneur est formé par un petit coteau boisé dans lequel s’ouvre une rie de cave; chaque porte est surmontée d‘une inscription en latin.

La Possonnière tire son nom d‘un vieux mot désignant l‘endroit l’on mesurait les liquides (posson ou poçont : sorte de futaille pour le vin nouveau). Mais cette origine s‘est perdue dans le temps et comme les armoiries des Ronsard portent trois poissons ou roussards, le manoir devint la Possonnière.

Pierre de Ronsard y naquit le 11 septembre 1524.

Nous continuons notre route vers Montoire pour visiter la chapelle du prieuré de Saint-Gilles où Ronsard fut prieur.

La chapelle ·actuelle fut construite dans le dernier quart du Xme scle alors qu’après l’an mille une paix relative régnait en France et que partout on élevait des édifices religieux.

Le plan est une croix latine dont il ne subsiste plus que l’abside et les transepts. Ce sont les peintures murales qui font de Saint-GillesdeMontoire un haut lieu de l’art diéval.

On y confronte les deux techniques connues au MoyenAge : dans l’abside principale, la fresque, exécutée avec des terres colorées délayées dans l’eau et appliquées rapidement sur lenduit fraîchement préparé du mur.

Les dessins très simples sont exécutés à l‘ocre jaune, le vert a été utilisé pour la bordure du manteau du Christ. Lorsque le mortier sèche, les couleurs le pénètrent et sont indélébiles. Quelques détails sont ajoutés plus tard, avec la cire colorée appliquée à chaud : les prunelles des yeux exécutées ainsi, se sont détachées au cours des siècles, laissant les yeux blancs.

Sur le chemin du retour nous nous arrêtons à lIsle Verte. Ronsard venait souvent s‘y promener, rêver et lire ses chers poètes grecs et latins. Il avait élu ce site pour y avoir son tombeau.

« Je veille, j‘entends, jordonne

« Qu’un sépulcre on me donne

« Non près des Rois levé

« Ne dor gravé

« Mais en cette isle verte

« Où la course entr‘ouverte

« Du Loir autour coulant

« Est accolant

« Là où Braie se mie

« D’une eau non endormie

« Murmure à l‘environ

« De son giron« .

Une stèle commémore son souvenir, mars son vœu na pas été exaucé et cest à Saint-Cosme, près de Tours, qu‘il fut inhumé.

De retour à Vendôme, nous montons jusquaux ruines du château admirer la très belle vue sur la ville.

Une matinée bien remplie. Un repas nous attend à l‘hôtel Capricorne et nous partons pour Garches.

 

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