CERCLE DE DOCUMENTATION ET D’INFORMATION
Mardi 15 Mars 1988
« C’est avec beaucoup de plaisir que je retrouve les adeptes du Cercle de Documentation et d’Information de la ville de Garches car notre assemblée, votre assemblée a deux vertus majeures, non seulement vous êtes un auditoire informé, attentif et critique, mais encore, ceux qui sont venus vous parler de cette estrade m’ont dit combien il se dégageait de vous une impression de sagesse et de bienveillance.
J’ai aujourd’hui le privilège de bénéficier de cette dernière de vos vertus car je ne suis pas historien mais médecin et le temps nécessaire pour conduire un travail m’est mesuré.
En effet, vous m’avez demandé de vous parler de l’histoire de votre hôpital, l’hôpital Raymond Poincaré, tout proche.
Permettez-moi de vous convier à parcourir les années et les chemins qui vont de Michel Brézin à Raymond Poincaré ».
MICHEL BRÉZIN. –
Son testament :
Michel Brézin (1758-1828) est le généreux donateur dont la fortune permit la construction de l’hospice de la Renaissance.
Michel Brézin naît à Paris en 1758, la même année que Robespierre à Arras, un an avant Mozart.
Son père est un important membre de l’Hôtel des Monnaies, cette maison installée sur le quai Conti, proche du lieu de la Tour de Nesle où travaillent des ouvriers monnayeurs et ajusteurs.
Le père de Michel Brézin a le grade de mécanicien serrurier en chef. Il est celui qui organise et répare les systèmes des presses qui marquent de l’effigie royale de Louis XV les monnaies.
Homme sévère, rigoureux, il met son fils au travail dès l’âge de 7 ans. L’enfant s’instruit « sur le tas » car son père considère que lire et écrire est inutile. Le petit Michel apprend en cachette à lire, à écrire, mais aussi découvre les règles, les ficelles du métier et progresse rapidement.
La sévérité paternelle et le désir du voyage se réunissant, Brézin part faire le « Tour de France » traditionnel de ceux qui veulent devenir compagnons.
Il s’arrête à 17 ans en 1775 à Bordeaux chez un oncle où pendant quelques années il s’initie au travail du bois, mais garde sa formation de serrurier. Il revient à Paris en 1780.
Il a 22 ans, Napoléon en a 10, Metternich 5, Beethoven 8. À Paris, cette fin du siècle des lumières se vit dans une atmosphère de fermentation intellectuelle intense. À cette époque, certes Spallanzani a découvert les aspects nouveaux de la fécondation humaine.
Brézin ne se contente pas de diriger l’entreprise, il innove, modifie les alliages, mais ne parvient pas à trouver des mécanismes de fermeture et à créer les futures culasses modernes. Rappelons qu’en 1872 Krupp fonda son aciérie.
Après le retour de l’île d’Elbe et les Cent jours, le Congrés de Vienne se réunit.
Brézin se retire en 1815 dans la propriété qu’il a récemment achetée à Garches.
Il y a fait construire une maison dans son parc de 16 hectares et va y jouir de la fortune qu’il a administrée avec sagesse.
En 1828, alors que Berlioz donna sa Symphonie Fantastique, Brézin meurt dans sa maison parisienne du 5e arrondissement, 5 rue de l’Éperon, derrière l’Hôtel de la Monnaie, le 14 octobre 1828, il a rédigé son testament avec sérénité. Il ne laisse aucune famille directe et fait don de sa fortune au Conseil Général des Hospices. Il écrit dans son testament : « Comme je n’ai malheureusement ni père, ni mère, ni enfant, et que la loi me laisse maître de disposer de la totalité de mes biens comme je l’entendrais, que, de plus celle que j’ai acquise me vient presque toute, excepté de celle que j’ai reçue comme mes sœurs, de mon mère et mère qui était très peu en proportion de celle que j’ai gagnée par mon travail par une assiduité de près de quarante années de travail (…) »
Il termine ainsi :
« Comme je ne connais pas très bien les formes d’un testament, le vrai est que mon intention, je le répète, est que mon bien serve à fonder un hospice dédié à la reconnaissance de tous les services que m’ont rendus, durant mes longs travaux, tous les ouvriers que j’ai pu employer, ainsi que toutes les autres professions que j’ai utilisées ( ‘…) ».
À peine connu, ce testament est contesté. Le Conseil Général des Hospices accepte le don. Il envisage de consacrer cette somme à l’édification d’un hôpital dans Paris. Il faut 6 années de discussions et procès pour que cette donation réponde au vœu de Brézin qui avait spécifié que l’hospice devrait être installé dans sa propriété.
L’architecte qu’il avait désigné, Delannoy, a le temps de mourir.
Un arrêt de la Cour Royale du 20 août 1833 mit fin au procès ordonnant que l’hospice de la Reconnaissance serait établi à Petit- l’Étang.
L’HOSPICE DE LA RECONNAISSANCE 1834. –
Inauguration du buste :
En 1834 les 150 premiers pensionnaires sont logés dans la maison de Brézin. Il faut encore six ans pour que la construction sur les plans de Delannoy débute sous la direction d’un deuxième architecte, Gauthier.
Quinze ans après la mort de Brézin, la construction est terminée et 300 pensionnaires, fondeurs, ouvriers de grosses forges y sont installés. La maison de Brézin a été détruite et l’élégante cour de l’Hospice de la Renaissance réalise le dernier cri de l’architecture hospitalière. Tout y a été réalisé selon les vœux que Turgot avait formulés en 1787, cinquante six ans avant.
Cette construction sert de modèle aux hôpitaux de Lariboisière et de Tenon.
La cour est ordonnée de la façon suivante : une cour centrale que délimite un portique à colonnes, avec la chapelle, donne accès à 4 bâtiments perpendiculaires à l’axe de la Cour. Deux sont destinés au logement des pensionnaires valides, le 3e est réservé aux invalides et le 4e comprend le réfectoire et des ateliers. Deux bâtiments annexes à l’entrée renferment les cuisines, la lingerie et les bureaux de l’administration, les logements du médecin, du chapelain et des religieuses infirmières.
Un parc de 17 hectares monte vers la colline.
Selon le vœu de Brézin, le premier médecin et les religieuses infirmières sont arrivés depuis 1834 avec les 150 premiers habitants de l’hospice.
Monseigneur Quelon, évêque de Paris a confié cette mission à la Congrégation de la compassion de la Sainte Vierge et de St Denis, fondée par Madame Gaborit en 1824.
15 Sœurs avec leur Supérieure sont installées dans un dortoir et y vivent leur règle dans l’austérité, la discipline et le silence.
Le 1er chapelain, l’abbé Henri Courigoux a été nommé en 1839 par Monseigneur Blanquart, Evêque de Versailles et l’Abbé Auguste Thiébaud le remplacera en 1842. Le père Lavot lui succèdera en 1867.
Le médecin est le Docteur Prosper Eugène Caillard. Né en 1802, il a été formé dans la nouvelle Faculté de Médecine installée dans l’ancienne Académie de chirurgie et dans les Hôpitaux du Groupe de l’Hôtel Dieu.
Son maître a été Laennec, il a appris la dermatologie avec Alibert qui rédige son magnifique Atlas de dermatologie. Magendie, qui sera le Maître de Claude Bernard, lui à enseigné la physiologie, Bretonneau, qui décrit les signes de la diphtérie et de la typhoîde lui a enseigné la pathologie.
Le jeune médecin est fier de pouvoir utiliser des médicaments extraordinaires : Serfumer a découvert la fabrication de la morphine en 1803.
On envisage la disparition de la variole après la découverte de la vaccination par Jenner en 1796.
D’Angleterre vient aussi la description de la paralysie agitante de James Parkinson et de la curieuse maladie qui atteint les ganglions et n’est pas la peste. Hodgkin vient d’en donner la description au Guy’s hospital de Londres.
L’un des collègues du Docteur Caillard est un jeune homme rêveur, au visage sévère qui philosophe. Littré n’est pas encore décidé à établir son nouveau dictionnaire.
Tous les deux admiraient le .jeune Civiale, leur ami, qui, arrivé à Paris en 1814 a la réputation d’une extraordinaire habilité pour ôter Îles calculs rénaux par lithotritie. Il achètera quelques terrains près de l’église de Garches. (L’actuelle mairie comporte encore une partie de la maison que Civiale a fait construire).
Protégés par l’abbé Thiébaud et le docteur Caillard, veillés par les bonnes sœurs, les pensionnaires de l’hospice sont si heureux qu’ils organisent une collecte pour rendre hommage à Michel Brézin, leur bienfaiteur.
Monsieur Husson, Directeur Général de l’Assistance Publique, est satisfait. Son administration fonctionne bien. L’hospice Brézin est l’un des plus modernes de ses établissements. Il note en 1863 dans un rapport que 163000 journées ont été dénombrées pour Brézin. Chaque journée atteint le prix de revient de 1,80 F. par pensionnaire.
Monsieur Husson accepte de venir inaugurer le 14 octobre 1866 le buste de Brézin.
Il prononce le discours suivant dont voici quelques extraits :
« Messieurs,
Nous vivons dans un temps où il n’est besoin ni des privilèges de la naissance, ni des dons de la fortune, pour se faire une position honorable dans le monde.
On y parvient par l’intelligence et le travail ; on s’y maintient par une conduite droite et probe ; on y grandit, on s’y met en lumière, en conquérant, par sa persévérance, la considération et quelquefois la reconnaissance de ses concitoyens (…) »
Il termine ainsi :
« Devant de tels actes, Messieurs, la reconnaissance n’a pas besoin d’être provoquée ; elle gonfle les cœurs, elle éclate, elle fait naître, chez les hommes, ces mouvements expansifs et confraternels qui mettent en relief les beaux côtés de la nature humaine et sont l’honneur des sociétés civilisées! ».
Ces dernières paroles du Président ont été accueillies par des vivats répétés en l’honneur de leurs Majestés et du Prince Impérial.
L’Orphéon de Sèvres a exécuté ensuite une cantate composée en l’honneur de Brézin, dont les strophes ont été récitées par Monsieur Bussine.
Mais les beaux jours sont courts. Certes l’Empereur et l’Impératrice viennent parfois de Saint-Cloud en brillant équipage, certes le Second Empire est bercé par Offenbach, mais la Prusse grandit. En 1870, la guerre éclate.
L’HOSPICE PENDANT LA GUERRE DE 1870.
Nous savons tous que le combat de Buzenval se déroule à nos portes.
Nous savons par le rapport du 1er mars 1871 du Directeur de l’Hospice Brézin édité en 1879 quel a été le déroulement des années de guerre à la fondation de la Reconnaissance. Monsieur Bourdereau décrit la situation de l’établissement entre les lignes de feu française et prussienne : hébergement des réfugiés de Garches après l’incendie du village, arrivée des Uhlans soumis aux soldats allemands. Finalement la neutralité de l’hospice avant Henri Dunant est maintenue, les pensionnaires sont sauvegardés. Médecins, chapelain et religieuses restent à leurs postes.
La guerre s’est terminée, la Commune a été réduite par Thiers de façon sanglante. À l’Hospice de la Reconnaissance la vie a repris.
Le docteur Puche puis le docteur Crille ont remplacé le bon docteur Caillard dont la pierre tombale veille sur l’hôpital.
L’abbé Godefroy en 1867 puis l’abbé Boivin en 1875 ont pris le relais du père Thiébaud. Les familles Goin et Lemaire ont généreusement fondé 60 nouveaux lits pour l’hospice en 1879. Davoust en créera d’autres comme Gustave Eiffel en 1898 et Casimir Joseph Davaine lègue pour les enfants handicapés son parc qui jouxtait la fondation Brézin. La fin du siècle approche.
Le docteur Gille est triomphant. La mortalité des pensionnaires de Brézin est plus d’une fois moins importante que celle des autres hospices. Il est en effet très informé des progrès gigantesques des sciences médicales de l’époque.
LES PROGRES DE LA MEDECINE. –
Cette deuxième moitié du XIXe siècle est le triomphe des disciplines biologiques.
Pasteur et ses élèves : Roux, Yersin, Calmette réfutent les théories du vitalisme de la génération spontanée et découvrent les microbes, la vaccination anti-charbonneuse ; Koch suit ses traces, décrit le bacille tuberculeux, ses élèves individualisent les agents de la diphtérie, du tétanos, de la peste.
La rage est vaincue par Pasteur.
La sérothérapie naît contre la diphtérie.
Laveran isole l’hématozoaire du paludisme.
Lister codifie les règles de l’asepsie que Semmelweiss avait admirablement pressentie.
Morton découvre l’effet anesthésiant du protoxyde d’azote et de l’éther. Les chirurgiens ont la voie libre. Quel prodigieux essor !
Claude Bernard fonde la méthode expérimentale, Broca décrit les aphasies et leurs lésions cérébrales, Charcot et Duchenne de Boulogne étudient les maladies nerveuses, Roetgen, Becquerel, Béclère frayent la route pour Pierre et Marie Curie.
Freud fonde la psychanalyse, Charles Richet avec Portier découvre l’anaphylaxie.
En quelques lustres se préparent les révolutions thérapeutiques. Déjà l’amélioration de l’hygiène a fait régresser la mortalité infantile.
Avec le Docteur Gille, l’abbé Noël Boivin, puis l’abbé Théodore Lecué de 1902 à 1926, l’Hospice de la Reconnaissance entre dans le XXe siècle.
LES ANNEES 1900 À 1933.-
« Les documents que j’ai retrouvés, nous dit Monsieur Nenna, dans les archives de l’Assistance Publique ont la sécheresse du compte rendu de Conseil d’Administration pendant la période de 1900 à 1914, pendant la guerre de 14-18 et l’après-guerre jusqu’en 1930 ». La guerre de 1914-18 s’est déroulée sans que l’hospice semble y participer. Les sœurs de la Compassion y demeurent toujours. Les pensionnaires sont toujours aussi nombreux, leur tenue de gros drap bleu les fait reconnaître de tous. Ils ont leur poids électoral, les plus valides d’entre eux font de menus travaux. La vie se déroule à l’abri des fracas qui secouent l’Europe.
Les vergers et les domaines sont fragmentés en parcelles. Garches se peuple davantage.
DES HOMMES ILLUSTRES.-
Pour illustrer cette période 4 noms d’hommes sont donnés aux Pavillons de l’Hôpital : Widal, Netter, Letulle et à l’hôpital qui s’ouvre en 1935, Raymond Poincaré.
Fernand Widal, né en Algérie en 1862, a été l’élève de Roux et Metchnikoff. Il découvre l’agglutination du bacille typhique avec Chantemesse. I| met au point l’étude cytologique des épanchements, les hémocultures, classe les néphrites chroniques, définit les notions d’anaphylaxie et d’allergie et son école à Cochin rayonne d’un éclat étonnant en Europe. Avant de mourir en 1929, il avait habité le château de Garches qui est actuellement une clinique.
Maurice Letulle, mort en 1929, aussi demeure dans les mémoires comme l’auteur d’ouvrages sur la tuberculose, et surtout d’un monumental traité d’anatomie pathologique, fruit d’une vie de labeur méthodique. Le pavillon de chirurgie porte son nom.
Arnold Netter est mort subitement dans l’amphithéâtre des cours de la clinique médicale de l’Hôtel Dieu en 1936. C’était un alsacien, patriote ardent. Robert Debré disait de lui : « il lit tout dans toutes les langues, il comprend tout, retient tout et devient une sorte d’érudition vivante à laquelle chacun va puiser sûr de l’accueil le plus cordial et du renseignement le plus sûr ».
Si le 3e pavillon porte son nom, c’est que Arnold Netter avait étudié le pneumocoque, la poliomyélite avec Léraditi, l’épidémiologie des encéphalites.
La vie et l’œuvre de Raymond Poincaré, président de la République, ne peut être évoquée, tant elle est exemplaire, depuis sa naissance en 1860 à Bar-le-Duc. Il était le cousin d’Henri Poincaré, illustre génie mathématique et la ville de Garches pourra un jour demander à l’un des membres de cette famille, qui est garchois, de nous donner la « saga » de cette famille.
En 1935, le Conseil de surveillance de l’Assistance Publique honore celui qui fut Député, Sénateur de la Meuse, Président de la République de 1913 à 1919, Président du Conseil en 1922 et de 1926 à 1929, avant de s’éteindre le 11 avril 1935.
La décision de construire un hôpital sur les terrains de l’Hospice de la Reconnaissance fut prise en 1929. L’exécution des travaux s’est faite entre 1932 et 1936.
La capacité d’hébergement de l’hôpital terminé est de 1247 lits en 1936. Il est conçu par les architectes les plus avisés de l’époque. Il compense la fermeture de l’Hôpital Beaujon, rue de Courcelles.
Le dernier médecin de l’Hospice Brézin.
La vie d’un 5ème homme se déroule sans les fastes et honneurs des 4 autres. Il n’est connu que de sa famille et de quelques garchois.
Il s’agit du Docteur Jean-Baptiste Mutel.
En 1912, il est nommé médecin à l’Hospice de la Reconnaissance, puis médecin résident.
Il est alors médecin, chirurgien, accoucheur. Pendant la guerre de 1914-1918, il est officier et soigne les blessés sur le front d’Orient. En 1918, il revient, est nommé chirurgien suppléant de l’Hôpital de St Cloud.
En 1939, les hôpitaux d’enfants, les maternités sont évacués hors de Paris. Le docteur Mutel assure la charge du service d’accouchement.
De 1940 à 1944, l’hôpital R. Poincaré est occupé par les Allemands. Médecins et malades sont transférés à Foch sauf les pensionnaires de Brézin.
Les Américains arrivent enfin et les soldats sont hébergés à l’Hôpital R. Poincaré.
LES 40 DERNIERES ANNEES. –
En 1946, le pavillon Goin Lemaire se transforme en une école d’infirmiers.
Il reste une cinquantaine de pensionnaires à Brézin.
Le Docteur Mutel est toujours leur médecin.
Après le père Joly, qui est l’aumônier de 1925 à 1942, le père Quesnard de 1942 à 1946 arrive le père Henri Fallot que vous avez tous connu. Il restera le plus longtemps jusqu’en 1982, date à laquelle arrive le père de Senneville.
LES ANNEES 1945 ET LES ANNEES 1980.-
Le vieil hospice va céder la place à un hôpital de Rééducation et au Centre National de traitement de la poliomyélite qu’anime le Professeur André Grossiord et des hémiplégies qu’anime le Professeur Robert Claisse avec des cohortes d’infirmiers, de techniciens, d’ouvriers et d’administrateurs.
« Et voici en quelques diapositives résumées les années que Fourastié appelle les trente glorieuses.
LES TRENTE GLORIEUSES ET LES DÉFIS .-
Glorieuses elles le sont pour la technique médicale : antibiotiques, structures cellulaires, biologie moléculaire, vaccin antipoliomyélitique, organes artificiels, réanimation, greffes …
Vous vous souvenez de Robert Judet, de Benassy et des accidents de la route, de Tardieu et des enfants invalides cérébraux, de l’arrivée des hommes du souffle, les premiers réanimateurs Mourallier et Margavray, précédant le Professeur Goulon et son équipe Rapin, Barois, Nouailhat, Gaidos et cette grande école nationale de réanimation.
En 1982, le dernier pensonnaire de Brézin quitte l’hospice.
Pendant ces trente années glorieuses de la médecine, pour nous, que d’évènements.
Garches a vu doubler sa population, l’hôpital s’est transformé, mais tout proche et déjà s’estompent l’occupation du Tibet, la mort de Staline, le spoutnik de 1952, l’Algérie, Cuba, la Hongrie, le Général, Gagarine, les fleurs de Pékin, le printemps de Prague.
Comment sera la médecine de l’an 2000 ? quelle nouvelle alchimie ? »
Monsieur Nenna termine ainsi son exposé.
« Ce que je sais, c’est que nos successeurs sont à poste, qu’ils savent travailler et qu’ils ont le cœur généreux. Ils savent qu’à chaque nouveau défi l’esprit de la médecine leur indiquera de nouveaux chemins comme les recherchait Zénon, alchimiste de la Renaissance.
Certes, l’esprit veut :
– connaître des molécules pour les réparer,
– être saisi d’admiration devant la puissance de la vie et devant les merveilles du cerveau pour tenter de prévenir leur dégradation.
Mais l’esprit est porté par le rêve et les élans d’un cœur innombrable car le rêve féconde le réel comme Brézin le savait sans l’avoir jamais appris ».
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