JOURNALISTE : UNE PASSION, UN MÉTIER AU SERVICE DE L’INFORMATION

Thèmes: Société                                                                                                                                           Conférence du mardi 12 octobre 2021.

JOURNALISTE : UNE PASSION, UN MÉTIER AU SERVICE DE L’INFORMATION

Par Philippe BARDONNAUD, journaliste à Radio France.

Dans un XXIe siècle qui bouge de plus en plus rapidement, le journalisme garde tout son sens et sa vocation. En dépit des mutations et des variations du métier, qui impliquent des changements profonds dans la façon de délivrer l’information (avant tout liées à internet et aux réseaux sociaux) les professionnels des médias s’adaptent et font vivre leur métier en gardant comme clef de voûte la pertinence ainsi que la maîtrise de leurs sujets. Peu importe le format, le lecteur attendra toujours du journaliste le décryptage et l’approfondissement des sujets qui font l’actualité.

INTRODUCTION

Quel que soit le format, le lecteur attendra toujours du journaliste le décryptage et l’approfondissement des sujets qui font l’actualité. Cependant la généralisation des nouvelles technologies et les nouveaux moyens de s’informer depuis le début du XXIe siècle, ont modifié le comportement des gens envers les médias. Ainsi selon une enquête réalisée en 2019, 26% des Français faisaient plus confiance aux informations de leur entourage qu’à celles données par des sources médiatiques.

De manière générale on peut affirmer que le métier de journaliste est avant tout une passion, les conditions de l’exercer n’étant pas toujours faciles.

I – Un chemin long et difficile.

Avant d’obtenir sa carte de presse et d’exercer son métier, un journaliste a un long parcours derrière lui.

En France il y a quatorze écoles de journalisme reconnues par la profession. Ces écoles sont difficiles d’accès et l’on constate que la moitié des étudiants sont issus de classes moyennes aisées et intellectuellement privilégiées comme les enfants de professeurs ou de médecins.

L’obtention du diplôme n’implique pas un emploi sûr et bien rémunéré. Par ailleurs, certaines personnes passent par des filières alternatives pour arriver dans le métier, rendant l’accès encore plus ardu.

Le journalisme mène à plusieurs métiers parfois différents comme présentateur, reporter, rédacteur, éditeur etc. Certains métiers techniques comme celui de photographe bénéficient du statut de journaliste et de la carte professionnelle qui l’atteste, d’autres comme celui de preneur de son, non. Par ailleurs, un jeune journaliste doit bien souvent travailler dans plusieurs domaines : sport, faits divers etc avant de pouvoir faire ce qui l’intéresse vraiment.

En plus de la persévérance, le journaliste doit aimer la langue, qu’elle soit écrite ou orale bien que certains avancent qu’il faut s’exprimer comme s’exprime le temps.

Actuellement il y a 34 000 journalistes, chiffre en baisse depuis une dizaine d’années. Ceux qui quittent le métier sont souvent des jeunes et des femmes qui n’arrivent pas à vivre avec leurs revenus, souvent irréguliers et faibles.

On peut aussi mentionner qu’un quart des journalistes en activité est en situation précaire.

Indiscutablement le métier de journaliste est avant tout une vocation et une passion et non un métier pour s’enrichir.

II – Un métier utile

Peut-on affirmer que le journaliste est un historien de l’actualité? L’historien est un scientifique alors que le journaliste est un témoin utile. Le prix Nobel de la paix 2021 accordé à deux journalistes, le Russe Mouratov et la Philippine Ressa, montre bien que la liberté d’expression est un combat actuel et qui touche toutes les sociétés.

Le journaliste informe mais il dénonce aussi. Les exemples ne manquent pas :  le Watergate, le sang contaminé etc. Quant aux lanceurs d’alerte que l’on pourrait croire être un phénomène moderne, ils existaient déjà bien avant le XXIe siècle, Zola étant un bel exemple avec son article « J’accuse! ».

L’utilité du métier de journaliste est tributaire de la confiance des gens envers les médias. Il semblerait que cette confiance s’amenuise au fil des décennies. De nos jours, selon certaines enquêtes, 52% des gens pensent que la radio dit la vérité, contre 48% pour la presse écrite et 28% pour internet. Même si on note un léger regain de confiance après l’épidémie de covid (+2%) la tendance est au scepticisme.

On ne sait pas comment remédier à ce scepticisme qui rend le métier de journaliste inutile.

Les sources sont un élément important dans le travail de journaliste. Elles peuvent être institutionnelles (communiqués des ministères …), documentaires, journalistiques (agences de presse) confraternelles, des sources intéressées (lobbying) ou enfin personnelles. En ce qui concerne ces dernières, il faut toujours se demander quels sont les motifs de la personne qui fournit l’information. Les sources personnelles sont très prisées par certains médias comme « Le canard enchaîné ». Pour effectuer un travail sérieux il faut toujours croiser les sources or, avec les réseaux sociaux qui imposent une information toujours plus rapide, le temps de la vérification s’en trouve fortement réduit. Cependant l’information doit toujours être un fait vérifié, c’est la différence entre information et rumeur.

La variété des médias est aussi une garantie de qualité, ce qui est le cas des pays démocratiques occidentaux. Cependant, la qualité a un coût ce qui peut expliquer le prix relativement élevé de certains médias, les journaux papier par exemple. A l’opposé, on peut avoir accès à l’information gratuitement mais est-ce vraiment gratuit? On peut en douter ne serait-ce que par le fait que nos données personnelles ont une valeur pour les moteurs de recherche tels que Google.

Une autre garantie de qualité est l’indépendance financière des médias. Ainsi, un média comme Radio France, appartenant à l’Etat, permet aux journalistes d’effectuer un travail de fond avec des moyens non liés à des sponsors ou des groupes commerciaux qui pourraient influencer sur la ligne éditoriale du média qu’ils financent.

De prime abord on peut penser que l’objectivité est le but premier du journaliste. Mais, l’objectivité est une chimère, il faut plutôt souligner l’honnêteté du journaliste. En effet, même si l’on se contente de rapporter des faits, ces derniers, s’ils sont suffisamment édifiants, peuvent influencer l’opinion publique comme ce fut le cas lorsque le journaliste Albert Londres fit un reportage sur les bagnes de Cayenne dans les années 1920. A la suite de cette série de reportages, l’opinion publique fut bouleversée par les conditions de vie dans ces lieux de détention.

Il est également essentiel que les journalistes ne soient pas les porte-paroles de certains groupes comme les syndicats ou les services de communication des entreprises.

CONCLUSION

Le métier de journaliste reste un métier de passion, souvent sous payé et difficile d’accès pourtant il est utile à la société en nous apportant l’information quotidienne. Si les principes comme l’honnêteté intellectuelle, le croisement des sources ou l’indépendance sont immuables, au cours des dernières années le métier évolue notamment à cause des nouvelles sources où s’informer comme les réseaux sociaux par exemple. Il est essentiel que les médias classiques réussissent à conserver la confiance de leurs auditeurs ou lecteurs afin que le métier de journaliste reste utile.

 

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