LES ORGANISATIONS NON GOUVERNEMENTALES FACTEURS DE DÉVELOPPEMENT ET LEUR TRAVAIL

LES ORGANISATIONS NON GOUVERNEMENTALES FACTEURS
DE DÉVELOPPEMENT ET LEUR TRAVAIL

 

Françoise Poincaré

Mardi 14 avril 1992

 

Mardi 14 avril, Françoise Poincaré, déléguée permanente auprès de l’UNESCO de l’Association Mondiale des Guides et Éclaireuses, nous a parlé des Organisations Internationales Non Gouvernementales (OING).

Les premières Organisations Non Gouvernementales ont été fondées au milieu du 19ème siècle. Aujourd’hui on en compte à peu près vingt mille. Celles-ci sont très variées par leur importance numérique et leur influence réelle.

L’activité des Organisations Non Gouvernementales est très diverse. Les plus importantes de ces associations bénéficient d’un statut consultatif auprès des grandes Organisation Intergouvernementales.

Auprès du Conseil Économique et Social des Nations-Unies, dix grandes associations peuvent, par l’intermédiaire d’un Comité, proposer l’inscription d’une question à l’ordre du jour. Elles sont consultées, ainsi que d’autres associations, et ont ainsi la possibilité de fournir des renseignements et d’exprimer l’opinion de leurs adhérents. La consultation de ces Organisations Non Gouvernementales se fait également au sein des organisations spécialisées (UNESCO, FAO, OMS, etc.) et auprès des organismes européens.

Madame Poincaré a cité différents groupes d’Organisations Internationales Non Gouvernementales :

– Les organisations féminines : certaines s’occupent de l’éducation des femmes dans les pays en voie de développement, …

– Les organisations politiques : associations regroupant les syndicats, conférence mondiale pour la paix, …

Les groupements géographiques ou ethniques : ils sont plutôt régionaux (études tziganes, historiens des caraïbes,  …)

– les organisations scientifiques et culturelles (sciences sociales, chercheurs scientifiques, associations d’enseignants, …

– les organisations de jeunesse sont le plus souvent des mouvements d’éducation (union internationale des étudiants, mouvement du scoutisme, …). Ces organisations sont contestées entre autres dans les Pays scandinaves qui considèrent qu’elles doivent être inclues dans les mêmes programmes que les adultes.

– les organisations paramédicales qui ont pour but de chercher à améliorer les conditions de vie.

Les associations religieuses ne sont pas des Organisations Non Gouvernementales, mais se sont regroupées dans le but d’œuvre de charité (ligue islamique mondiale, conférence bouddhique pour la paix, congrès juif mondial, union chrétienne des jeunes gens, …).

Les Organisations Non Gouvernementales n’acceptent pas de subventions de façon à ne pas avoir d’obligation vis-à-vis des gouvernements. Elles ont des méthodes de travail, d’organisation et d’action très variées.

Elles ont souvent un rôle de coordination et rassemblent leurs propres associations nationales.

Elles ont une assemblée générale mondiale qui règle les problèmes financiers et administratifs. Elles élisent leurs bureaux mondiaux. Elles règlent les questions de politique intérieure.

Toutes ces organisations ont des publications ainsi qu’un répertoire annuel de leurs membres.

Les frais financiers sont souvent très importants : courrier, traduction… Une organisation bien gérée consacre environ 55 à 60 % de ses recettes pour ses frais de fonctionnement. Le « champion » serait le Secours National avec 48 %.

Ces organisations ont un programme défini selon leurs spécificités. Nous sommes actuellement dans la décennie du développement culturel. Cela sert de ligne directrice aux travaux de certaines Organisations Non Gouvernementales. Elles s’attaquent à des problèmes majeurs : la faim, l’environnement, le Sida..Elles ont « les pieds sur terre », travaillent à moindre frais, poursuivent leurs efforts sur plusieurs années.

Madame Poincaré conclut son exposé en citant Arthur Ginette, fonctionnaire de I’UNESCO :

« Beaucoup croient possible, même probable que les Organisations Non Gouvernementales joueront un rôle de plus en plus important. Leur expérience en tant qu’intermédiaire qualifié entre l’État et leurs citoyens semble leur convenir parfaitement et mème les prédestiner à jouer ce rôle. Dans les pays en voie de développement, le peuple ne fera un effort pour sa croissance économique et le progrès social, que si c’est lui qui décide où et quand cet effort doit être fait. Dans les pays industrialises, quelle que soit leur couleur politique, on a tendance à croire que la bureaucratie et un excès d’organisation sont des maux que l’on ne peut guérir qu’en accordant au peuple une participation plus large et plus directe ».

Les Organisations Non Gouvernementales ont souvent précédé les États dans la voie de la coopération et les ont incités à créer des Organisations Intergouvernementales. En continuant à jouer ce rôle dynamique et créateur, elles contribueront sans doute à amorcer l’évolution internationale vers une meilleure liaison entre les individus et groupes sociaux de la communauté internationale.

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ANNEXE I

Devant l’œuvre immense à accomplir, dont l’ampleur et les difficultés peuvent nous effrayer, mais ne doivent pas nous rebuter, Madame Poincaré nous a montré la bonne méthode : retrousser ses manches plutôt que baisser les bras.

Essayons donc de décrire cet adversaire multiforme comme Protée et dont les menaces renaissent après chaque apparence de défaite, telles les têtes de l’hydre de Lerne.

Les violences de la nature : quand on ne doit pas seulement incriminer l’homme. D’abord, il faut lutter contre l’adversaire des temps immémoriaux, les violences de la nature qui s’exercent de façon aveugle et désastreuse et, quoi qu’on puisse avancer, de façon le plus souvent imprévue — voire imprévisible —. Ne citons que les inondations, tremblements de terre, éruptions volcaniques.

Les besoins alimentaires : quand « l’intendance ne suit pas ». L’action de chacun, et de tous, sous ses formes individuelles ou collectives (directes et indirectes), doit veiller à la satisfaction des besoins alimentaires les plus stricts : l’œuvre de sauvetage immédiat. En serait-on encore au temps des bouches inutiles où, dans une ville assiégée, femmes, vieillards, enfants, étaient rejetés hors des murs entre assiégés et assaillants. Malgré les difficultés que peuvent imposer une démographie explosive et une nature ingrate — difficultés agissant en sens contraire — l’intervention doit être immédiate sinon on en revient en certains endroits aux « bouches inutiles ».

Les exigences de la santé et de la culture : la science, elle non plus, ne suit pas. Santé, niveau culturel, économie doivent aussi suivre et être impérativement coordonnés, sans établir une hiérarchie entre les besoins. Par santé, entendons la prévention de la maladie autant que les soins ; par niveau culturel social, la maîtrise de la démographie, par économie, l’assurance de la survie, d’abord et ensuite, si possible une existence digne.

Les horreurs de la guerre et de l’arbitraire : quand l’homme est un loup pour l’homme. Entre les injustices individuelles ou collectives, que l’arbitraire s’applique aux personnes ou aux groupes, l’imagination diabolique et les déviations perverses sont toujours venues au secours des égoïsmes, des ambitions et des fanatiques. « Depuis 6000 ans, la guerre… » écrivait déjà Victor Hugo ; faudrait-il se résigner à ce combat.

Quand nous sommes témoins et que « ici et maintenant » remplace “hier et ailleurs » : Je faisais allusion aux « bouches inutiles », mais c’est Château-Gaillard au temps des cathédrales, c’est le siège de la Rochelle au Grand Siècle. C’était ici, mais hier, l’exclusion violente et horrible. Mais ici et maintenant, ne reste-t-il pas d’autres combats à mener, d’autres bastilles à prendre ?

Des chiffres et des lieux seront plus éloquents que des mots.

États comparatifs 1990

 

Merci à Madame Poincaré d’avoir soulevé la double chape de l’ignorance et de l’indifférence.

                                                                                                                  Émile Brichard

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