L’INCROYABLE HISTOIRE DE WALL STREET

Thème : ECONOMIE – SOCIETE                                                                                                                                                Mardi 17 Janvier 2012

L’incroyable histoire de Wall Street

Par Jacques TRAUMAN, Banquier, co-auteur de l’ouvrage éponyme. Actuellement Directeur Aston i-Trade Finance

La crise financière, comme d’aucuns s’en sont aperçus, nous étreint maintenant depuis de nombreuses années. Wall Street, cœur de la vie économique américaine, constitue à lui seul la première phase de la crise. Monsieur Trauman nous explique ici dans quelle mesure le monde de la finance new-yorkaise est partie prenante dans la crise répandue de nos jours sur un plan mondial.

La France et le triple A

La France vient de perdre son triple A et cette actualité est relayée dans les informations non sans un certain catastrophisme. Tout d’abord, qu’est ce qu’une agence de notation ? Les plus importantes sont au nombre de trois : Moodie’s, Standard & Poor’s et Fitch Ratings. Elles sont nées au milieu du 19ème siècle lorsque les Etats-Unis ont développé leur réseau de chemin de fer. M. Moody, alors auteur d’une revue, distillait des informations cotées en bourse sur des sociétés évoluant dans le secteur des chemins de fer. La notion s’est développée au fil des années, les informations se sont ouvertes sur les sociétés d’autres secteurs, jusqu’à devenir le reflet de la santé économique du pays puis un quotidien économique à l’influence internationale.

Roosevelt a ensuite estimé qu’il fallait protéger les investisseurs. Il a réfléchi à un système de notation qui aurait pour but de déterminer la probabilité qu’un pays débiteur a de rembourser son emprunt.  Depuis, aux Etats-Unis comme en Europe, les gouvernements sont imposés d’une obligation de notation.

Une agence de notation se veut indépendante et absolument non influençable.  Aux Etats-Unis, la puissance des banques est immense.  Certaines établissent des notes aussi en contrôlant les marchés économiques et en faisant un travail d’étude dans tous les pays du monde. Leur importance est née de la large place que leur offrent les Etats-Unis en termes de réglementations.

Morgan Stanley, grande banque d’investissements passée de 700 personnes en 1970 à 200 000 aujourd’hui, vivait de placements à ses débuts. Dans les années 80, avec la création du Trading (opérations d’achats et de ventes sur différents types d’actifs pour de très courtes durées ayant pour finalité la réalisation d’un profit), il a fallu trouver du capital pour cette activité volatile. Ces banques se sont donc cotées en bourse pour en lever et ont ainsi entraîné un profond changement de leur dynamique interne.

La crise présente deux phases

1-      Première phase : celle des « subprimes »

Jusqu’à 2007, Wall Street est l’épicentre économique mondial.  Wall Street est un immense empire qui a généré autant de drames que de bonnes choses. Sans Wall Street, l’économie américaine ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui. Il a  restructuré l’économie américaine en finançant des secteurs comme les chemins de fer, internet, ou encore le secteur automobile. En parallèle de cela cependant, des excès inacceptables ont été générés.

L’opinion est ambivalente à son sujet : en témoigne l’épisode des « Junk bonds » : Appelées ainsi par les agences de notation, les junk bonds, soit littéralement les « obligations pourries », correspondent à des titres très risqués, et peuvent également être qualifiés d’obligations à haut rendement. Un jeune banquier, Michael Milkan, a remarqué un jour que les sociétés mal cotées ne faisaient pas plus faillite que les sociétés bien cotées. Il a donc créé un marché et a convaincu les investisseurs pour le système de fonctionnement suivant : on achète une société, et on en revend une partie pour rembourser le crédit contracté pour l’acheter. Par la suite, M.Milkan s’est associé à des personnes malhonnêtes qui ont versé dans le délit d’initiés et l’histoire a mal tourné pour lui, écopant de plusieurs années de prison.

Dès la fin du 19ème siècle, les grandes entreprises étaient relativement inefficaces car peu profitables et très bureaucratiques. Grâce à ces Junk bonds, le marché a été revigoré. L’accession à la propriété a été favorisée même pour les plus déshérités car une grande pression a été exercée sur les banques pour qu’une partie de leurs crédits soit consentie à ces gens là. Les banques se sont donc spécialisées dans des crédits hypothécaires dits « subprimes » : les trois premières années, les taux d’intérêt de ces crédits sont très bas. Puis, un ajustement se fait en fonction des taux du marché, provoquant bien des surprises à ceux qui empruntent. Début 2007, un pourcentage important de crédits a fait faillite, les emprunteurs ne pouvant plus rembourser leur prêt à taux d’intérêt trop élevés.

La titrisation

La titrisation est une « technique financière qui consiste classiquement à transférer à des investisseurs des actifs financiers tels que des prêts en cours, en transformant ces créances par le passage à travers une société en titres financiers émis sur le marché des capitaux ».

La titrisation consiste donc à prendre un flux de remboursement lié à un certain crédit. On les regroupe jusqu’à former une masse de dollars. Puis on les vend sous forme d’obligations à des investisseurs (fonds de placement, sociétés d’assurances, fonds d’obligations etc). Ces obligations sont notées AAA. Les banques ont convaincu les agences de notation qu’il n’y avait pas de risque de corrélation en cas de faillite : si un crédit fait faillite en Californie, il ne sera pas corrélé au crédit de NY.

Les banques se sont très vite racheté les crédits elles-mêmes, sous la protection de l’état, qu’elles reversaient à des paradis fiscaux non consolidés dans leur bilan. Ex : Goldman Sachs, avec 2  Milliards de $ de CDO (« Collateralized Dept Obligation », Obligations adossées à des actifs en français, est la masse d’actifs titrisés)

Dès 2007, les banques qui empruntent à court terme, craignent de se prêter entre elles. Ce ne sont bientôt plus que les très grosses banques qui continuent de se prêter.

Le 15 septembre 2008, Lehman Brothers fait faillite. Toutes les banques américaines étant portées par les banques centrales, le marché bancaire en est déstabilisé. En 2009 la confiance revient progressivement. Les banques centrales sont remboursées, et les autres banques se prêtent de nouveau entre elles, mais on n’est pas sorti de la crise.*

Phase 2 : depuis fin 2009, début 2010.

L’endettement de la France est à 60% du PNB. Il existe plusieurs niveaux de crise et un plan de relance est en cours : on injecte la liquidité dans des crédits pour relancer la consommation. Les gouvernements se servent des banques pour refinancer leur déficit.

Analyse de la phase 2

La phase deux est une phase où la crise devient peu à peu une affaire d’état. En effet, les pays financent leur train de vie par des refinancements sur le marché économique. Là où les entreprises ont des ratios à respecter et en derniers recours passent par la trésorerie de l’état pour éviter faillites et banqueroutes qui auraient des conséquences sociales déstabilisantes, les états jouissent d’un laisser aller et d’une indulgence qui ne les poussent pas à rechercher la rigueur et la sécurité. Ainsi, à partir du moment où la dette d’un état, simple fonctionnement jusqu’à là habituel, atteint des niveaux qu’on estime de manière subjective dangereux, se pose la question de la « solvabilité » de celui-ci. Les grands systèmes capitalistes donc comme les USA et le Japon sont ceux qui les premiers ont perdu leur AAA. Ont suivi les économies faibles ou présentant une richesse mal répartie comme la Grèce, l’Irlande, l’Espagne ou encore le Portugal. Et à présent, la crise de la « fiabilité » touche un pays comme l’Italie ou l’absence de rigueur permet une prise en main économique faible, ou encore la France qui a abandonné la création de la richesse par l’intérieur, la désindustrialisation.

Ainsi, on voit comment une dérégulation et des investissements à forts rendements mais risqués au niveau du marché financier est venu peu à peu atteindre la solvabilité économique des sociétés capitalistes. La recherche d’une rigueur économique, les réformes structurelles et un meilleur encadrement des marchés et des habitudes économiques, sont les pistes élaborées pour un assainissement et une sortie de crise. »

En savoir plus …

Coté livres :

incroyable-histoire-de-wall-street

Wall Street, le temple de la Finance… Et de la spéculation. Jacques Gravereau, grand spécialiste du monde asiatique, et Jacques Traustman, ancien banquier d’affaires, en révèlent toute la violence, et racontent comment ce lieu de financement est devenu le centre du monde. Là où se font, et se défont, les grands empires. Là où se déchaînent les spéculations les plus aventureuses.

 

  • Auteurs : Jacques Trauman, Jacques Gravereau
  • Editeur : Editions Albin Michel (2 mars 2011)
  • Collection : ESSAIS DOC.
  • Langue : Français
  • ISBN-10: 2226220798

http://www.amazon.fr/Lincroyable-histoire-Street-Jacques-Gravereau/dp/2226220798

 un-monde-sans-wall-street

Les marchés financiers ont beau déclencher des crises à répétition, peu d’experts et encore moins de gouvernants osent imaginer un monde sans la liberté et sans le pouvoir de ces marchés, un monde  » sans Wall Street  » ! Pourtant, comme l’explique ici l’un des meilleurs experts français des systèmes financiers, c’est le pas décisif qu’il faut franchir au plus vite pour éviter une nouvelle catastrophe.

  • Auteurs : François Morin
  • Editeur : Seuil (3 février 2011)
  • Collection : Économie humaine
  • Langue : Français
  • ISBN-10: 2021038297

http://www.amazon.fr/monde-sans-Wall-Street/dp/2021038297

Coté Web :       

http://fr.wikipedia.org/wiki/P%C3%A8re_No%C3%ABl

http://www.noel-vert.com/pere-noel.php

http://www.histoire-fr.com/dossier_pere_noel.htm

 

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