Thèmes: Economie, Géopolitique, Société Mardi 1er Décembre 2015
par Madame Delphine DUCOEURJOLY, ingénieur et consultante spécialisée dans le développement agricole.
INTRODUCTION
Alors qu’au cours des dernières décennies des scandales alimentaires ont éclaté et le souci de préserver l’environnement se renforce comme le montre la COP21, le consommateur devient soucieux de ce qui se trouve dans son assiette. Il est donc intéressant de faire le point sur les différents labels et les enjeux d’une consommation plus responsable.
I – La qualité
La qualité peut se définir selon divers critères. D’abord connaître la traçabilité et la sécurité sanitaire qui sont deux éléments mis en avant par les industriels. Autres critères la nutrition (aliments anti-oxydants …), le bon goût, le respect de l’environnement, le bien-être animal et enfin le respect des hommes (produits équitables).
Comment reconnaît-on la qualité d’un produit? On peut se fier aux signes officiels qui sont au nombre de cinq, ce sont l’AOP, l’IGP qui garantissent une origine et qui se fondent sur la notion de terroir, le Label Rouge qui garantit une qualité supérieure, l’agriculture biologique, qui garantit des modes de production respectueux de l’environnement, et enfin le STG qui protège une recette traditionnelle comme la mozarella ou le jambon serrano par exemple. Ce dernier label étant cependant beaucoup moins connu que les quatre autres. Tous ces labels sont des garanties pour les consommateurs car ils sont accordés sous des conditions strictes et des contrôles réguliers. En dehors de ces cinq signes officiels il existe des mentions valorisantes comme le commerce équitable, la dénomination de montagne, le qualificatif « fermier » ou l’agriculture raisonnée, code de bonnes pratiques agricoles, qui n’interdit pas l’usage de produits chimiques de synthèse.
II – Le label bio.
L’agriculture biologique allie des pratiques environnementales optimales, la préservation de la biodiversité et des ressources naturelles et un niveau élevé de bien être animal. L’agriculture biologique est encadrée par une réglementation européenne par conséquent les critères et les qualités d’un produit bio sont les mêmes dans toute l’Europe.
En agriculture biologique les engrais chimiques, les pesticides de synthèse et les OGM sont interdits. Par conséquent les agriculteurs bio utilisent des engrais naturels (fumiers, compost…), pratiquent le désherbage manuel ou mécanique avec des herses étrilles et des houes rotatives, pratiquent la rotation des cultures et sèment des variétés adaptées. En élevage, le label bio interdit l’élevage hors sol, la mutilation des animaux, les aliments contenant des OGM et les médicaments allopathiques. De ce fait les éleveurs bio pratiquent l’élevage en plein air, le contrôle de la densité (nombre limité de bêtes par m2), utilisent des aliments bio et des médicaments homéopathiques et la phytothérapie pour les soins vétérinaires.
En France en 2015 le bio représente 6% des fermes et 4,6% du territoire agricole pour un chiffre d’affaires de 5 milliards d’euros en 2014. En Union Européenne 6 pays représentent 61% des surfaces bio (Espagne 16%, Italie 13%, France 10% et Allemagne 10% ).
III – Les bons réflexes de consommation
Pour acheter de la qualité il faut se renseigner sur les procédés d’élaboration, par exemple la première pression à froid pour l’huile, savoir lire les étiquettes, connaître le calendrier des fruits et légumes de saison et ne pas hésiter à poser des questions aux commerçants.
Le Haut conseil de la santé publique s’est prononcé en faveur d’un étiquetage par couleur afin de faciliter le choix nutritionnel des consommateurs mais les industriels sont fortement opposés à cette initiative. Pourtant, la consommation de qualité permet de contrer les méfaits de la « mal-bouffe » tels l’obésité, le diabète ou les maladies cardiovasculaires qui coûtent chères à la société. Par ailleurs, les agriculteurs sont les premières victimes des pesticides en les manipulant et les respirant régulièrement.
Bien consommer va parfois à l’encontre d’idées reçues ainsi un produit local n’a pas forcement un meilleur bilan environnemental. L’empreinte écologique se mesure surtout par le mode de production et pas seulement par la distance parcourue de la terre à l’assiette.
En achetant bio, les consommateurs contribuent non seulement à diminuer l’impact négatif qu’a l’agriculture sur le plan environnemental comme la pollution de l’eau, la dégradation des sols ou l’érosion de la biodiversité mais aussi à améliorer les revenus des agriculteurs, à contribuer au maintien des entreprises agricoles, à créer des emplois en zones rurales et à réduire les coûts cachés (traitement de l’eau, PAC…). L’agriculture peut aussi mettre en danger certains territoires touristiques comme les côtes bretonnes envahies par les algues vertes. L’agriculture biologique permet de maintenir une qualité paysagère, de renouer le lien entre les producteurs et les consommateurs et de valoriser les produits du terroir.
IV – Etudes consommateurs.
Lors des enquêtes, les consommateurs mettent en avant le goût comme premier critère de qualité puis vient le prix et la composition du produit. Parmi les risques liés à l’alimentation qui inquiètent le plus les consommateurs on trouve les maladies (grippe aviaire…), les OGM et les pesticides.
Depuis les années 1970 la part du budget des ménages consacrée à l’alimentation n’a cessé de diminuer. Cela est dû au fait que les revenus ont progressé et que la part consacrée aux loisirs, à la technologie et surtout au logement a considérablement augmenté. En 1959, les ménages consacraient 35% de leurs revenus à l’alimentation alors qu’en 2014 le chiffre passe à 19%. Cependant, 56% des consommateurs se disent prêts aujourd’hui à payer plus pour avoir un produit de bonne qualité.
V – Quel prix pour la qualité?
Indiscutablement, les produits bio sont plus chers, cela est dû à plusieurs facteurs. Tout d’abord, le temps de travail requis, pour les différents travaux du sol et la surveillance des troupeaux, est supérieur sur une ferme bio. Par ailleurs les rendements sont généralement plus faibles et certains intrants sont plus coûteux : semences biologiques, alimentation bio pour le bétail, produits de lutte biologique, etc…Il faut ajouter les coûts de contrôle liés à la certification bio. et tenir compte du fait que les outils de transformation, artisanaux ou semi-industriels ainsi que les procédés de transformation en agriculture bio. génèrent une moindre productivité. Par ailleurs, le maillage faible des fermes biologiques sur le territoire limite les économies d’échelle. Indéniablement le prix est le principal frein à la consommation du bio bien qu’au cours des dernières années la tendance s’estompe.
CONCLUSION
La qualité de l’alimentation est une notion subjective, technique, éthique, culturelle et générationnelle. Appréhender la qualité nécessite un très bon niveau d’information. Le citoyen peut influencer l’offre alimentaire et les politiques publiques en pratiquant une consommation responsable et en privilégiant la qualité.
Un commentaire
AXE 1 | Pearltrees
Mar 14, 2022
[…] ? Le vrai déclencheur c'est la crise de la vache folle à la fin des années 1990. Les deux. PRODUITS BIO, PRODUITS LOCAUX ET LABELS : Quelle qualité dans nos assiettes […]