LE ROMAN DES FLEUVES

Le Nil, le Danube, le Gange, le Mississippi

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Bernard Pierre

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Mardi 19 janvier 1993

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Mardi 19 janvier, Bernard Pierre, historien, géographe et économiste nous a parlé du « Roman des Fleuves ».

Le Nil –

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Le Nil fait 5 600 km de long ou 6 700 si l’on tient compte de sa source la plus méridionale. Il sort, impétueux du lac Victoria, et commet un péche d’orgueil en se prenant pour un très grand fleuve. Le Créateur va le sanctionner d’une chute de 60 mètres (chutes de Murchinson), peu importe, il continue son chemin, il entre au Soudan après avoir quitté l’Ouganda, il doit traverser le Sadd, une épreuve extrêmement difficile pour lui, car le Sadd et sa végétation l’empêchent d’avancer et lui prend beaucoup de son eau.

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Après cette grande épreuve, notre Nil va commettre un second péché d’orgueil. Il approche de Khartoum et se prend pour le Grand Fleuve envoyé par le Seigneur sur la terre. Il déchante car un autre Nil existe, qui va le bousculer, c’est le Nil Bleu. Alors le Nil Blanc se demande ce qu’il va faire : le Nil Bleu est-il un ennemi ou un ami ? Finalement le miracle s’accomplit, les deux Nil décident de ne plus s’appeler, ni Blanc, ni Bleu, mais d’être simplement le Grand Nil.

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Ce Nil va maintenant traverser la Nubie, le désert. Il est un peu dans la peau d’un homme politique qui accomplit sa traversée du désert, une traversée qui va fortifier son caractère.

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Après 1500 km de course, le Nil quitte le Soudan, son flot se ralentit, il comprend que là-bas, en aval, les hommes ont créé un barrage pour le bienfait des hommes, c’est le barrage d’Assouan qui retient un grand lac artificiel, le lac Nasser. Le lac Nasser aurait engloutit les grands temples si on ne les avait pas reconstruits et déménagés à temps.

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C’est grâce au barrage d’Assouan que l’Égypte bénéficie chaque année de soixante milliards de m³ d’eau, ce qui est pour elle un minimum, mais aussi un maximum. Autrefois, quand il n’y avait que trente milliards de m³ d’eau, l’Égypte connaissait la famine, et, quand le Nil apportait cent vingt milliards de m3 d’eau, c’était la catastrophe, les villages détruits et toutes les cultures inondées.

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À Assouan, le Nil fait enfin son entrée sur la scène égyptienne, il n’est qu’à 1200 km de la méditerranée et sous ses pas naissent des cités et des temples qui font aujourd’hui notre admiration, Edfou, Thèbes, Louxor, la Vallée des Rois…

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Plus loin, le Nil rencontre Tell-El-Armarna où Aménophis IV a fondé une nouvelle religion, probablement le monothéisme.

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Puis, le Nil arrive au Caire, énorme mégalopole de 12 à 14 millions d’habitants. Le Caire est un admirable résumé de la civilisation égyptienne où l’on trouve de magnifiques mosquées, et bien sûr ces pyramides devant lesquelles on ne peut qu’être admiratif et qui font dire au Nil, lorsqu’il les aperçoit : « Ma vie est bien un roman ».

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Le Nil est un prodigieux personnage auquel je suis très attaché car il nous a beaucoup apporté dans de nombreux domaines : les sciences, les techniques, l’économie politique, la philosophie, la religion. Mais, surtout, le Nil nous a offert un don inestimable : ses œuvres d’art où le génie des Égyptiens a transposé le périssable en immortel.

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Le Danube –

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Le Danube fait 2700 km, de la Forêt Noire à la Mer Noire. Il traverse ou longe huit pays, l’Allemagne, l’Autriche, la Slovaquie, la Hongrie, l’ex-Yougoslavie, la Bulgarie, la Roumanie et l’Ukraine. Il est pour nous vingt-cinq siècles d’histoire.

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Le Danube est un aristocrate, car il est le seul au monde à naître dans la cour d’un château (le château des Wurtemberg). Cet aristocrate traverse tous les pays communistes, quand les communistes étaient au pouvoir. D’un port altier il toisait ces régimes.

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Quand le Danube quitte Donaueschingen, il s’en va tout-à-fait librement vers l’Est, passe à Ulm, patrie d’Einstein où Descartes, qui était au service du duc de Bavière, a découvert les principes du Discours de la Méthode. Napoléon, en 1805, y a défait les armées autrichiennes de Mack, et 140 ans plus tard, c’était le tour du Général Delattre.

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Notre Danube s’en va vers la morne et lugubre Mer Baltique. Son existence va-t-elle finir là ? Non, car tout-à-coup, il entend l’appel de !’Orient voluptueux et en quelques kilomètres, il change de direction et plonge vers le Sud-Est. C’est la belle ville de Ratisbonne qui a été le témoin de cette conversion. Ratisbonne découverte par les Celtes a vu passer Charlemagne, Godfroy de Bouillon, les Croisés de Frédérique Barberousse, Charles Quint.

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Maintenant, le Danube quitte l’Autriche à Passaro, il rencontre l’Inn, et cette confluence est l’objet d’une dispute, car l’Inn fait admirer sa couleur bleue. Alors le Danube change de couleur, et voila comment, sur le chemin de Vienne, il est devenu le « Beau Danube Bleu ».

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Mais ce n’est pas le vrai Danube qui entre à Vienne, car une grande montagne s’oppose à lui, le Leopoldsberg. Il passera à une dizaine de kilomètres de Vienne. Le Danube moderne est celui, rectiligne, créé par les ingénieurs. Le Danube ancien était trop méandreux et s’opposait à la circulation fluviale.

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 À Vienne, on ne voit pas le Danube, mais on l’entend, c’est la musique, les valses de Strauss, les concertos de Mozart, les symphonies de Beethoven, les lieder de Schubert, les opéras et les concerts tous les soirs. C’est aussi une grande richesse monumentale avec le palais de Schõnbrunn, le Belvédère, les églises. C’est les cafés, les patisseries. C’est Marie-Thérèse, Sissi, les Habsbourg.

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Metternich disait : « L’Orient, c’est au bout de ma rue ». Cette image est vraie, car en quelques kilomètres, nous sommes à Bratislava, capitale de la Slovaquie, où est né Dubcek, le fameux instigateur du Printemps de Prague. Et là, pour la première fois, le Danube entend une nouvelle langue, la langue slave. I] est en train de tracer la frontière entre la Slovaquie et la Hongrie avant de devenir 100 % hongrois.

Puis, tout-à-coup, le Danube qui allait résolument vers l’Est, décide de plonger vers le Sud, sans raison, et arrive à Budapest, l’une des plus belles villes que je connaisse, on y voit le Danube faire des méandres, passer de chaque côté de l’Île Marguerite où les Romains prenaient des bains, s’avancer au pied de Budapest.

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Budapest me semble l’illustration parfaite du pouvoir créateur d’un fleuve. Sont venus là les Celtes, les Romains, les Huns, les Slaves, les Magyars, les Mongols et les Turcs, avec Soliman le Magnifique. Les Turcs y sont restés 145 ans. Chaque fois, la vaillante Hongrie a relevé la tête. C’est elle qui la première s’est insurgée contre le régime communiste.

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Le Danube quitte Budapest pour s’embarquer dans la grande plaine romantique, la Puszta, où l’on entendait les sanglots des violons des tziganes et qui est aujourd’hui un magnifique grenier de céréales.

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Mais, maintenant, on a l’impression que le Danube n’avance plus. Que se passe-t-il ? Il n’a plus de dénivelé, il a besoin de renfort. Se souvenant du désespoir de Don Diègue, il s’exclame à son tour : « Ô Rage, Ô désespoir, Ô plateur ennemie, n’aurais-je tant coulé que pour cette atonie ! ». Eh bien oui ! l’aristocrate a besoin de renforts, et ces renforts vont s’appeler la Drave qui arrive d’Autriche, la Tisza qui vient de l’Ukraine, la Save qui arrive de Yougoslavie et à la confluence de laquelle s’est établie Belgrade.

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Belgrade, ville martyre par une succession continue de destructions, dont la dernière fut le bombardement en 1941 par les avions nazis. C’est pourtant une très belle ville dont la forteresse s’avance en forme de proue vers le Danube.

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Puis il s’engage dans la dépression roumaine par le défilé des Portes de Fer et va former une frontière entre la Roumanie et la Bulgarie. La Roumanie est un ilôt latin dans la mer slave. Les Roumains étaient d’abord des Romains. C’est Trajan, qui en 103 a envahi la Dacie et ses légionnaires ont épousé des Daciennes. Une nouvelle langue s’est ainsi formée qui emprunte beaucoup au latin et au français.

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Le Danube fait de 1000 à 3000 m de largeur. Il passe à environ 60 km de Bucarest qui est la quatrième grande ville du Danube. Bucarest a été chantée par Paul Morand. C’est la ville des jardins, des parcs, des lacs, des roses.

Maintenant le Danube est à peine à 100 km de la Mer Noire et son envie est grande de retrouver cette Mer Noire, mais il se heurte à la Dobroudja, l’un des plus vieux massif hercynien du Monde. II hésite, il sent qu’il court à l’ échec lui qui s’est fait une si belle réputation. Il se dit qu’il retrouvera plus tard la Mer Noire. Il passe à Braïla et Galati qui sont de grands ports ou viennent les cargos de la Mer Noire et de la Méditerranée.

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Puis le Danube se dirige résolument vers la Mer Noire, sans méandres, mais carrément à angle droit. Et là, il invente un delta digne de sa grandeur : un paradis pour tous les oiseaux d’Europe, d’Asie, d’Afrique. Et il a aussi dans ce delta un ami, cher à tous points de vue, c’est l’esturgeon.

Notre Danube se divise maintenant en trois bras et va s’abandonner à la Mer Noire où il s’enfonce lentement. Est-ce la fin ? Eh bien non ! Le Danube poursuit son cours dans la Mer Noire, traverse le Bosphore, rejoint la Mer Égée. Là ses eaux s’évaporent, forment des nuages qui sont poussés par des vents soufflant d’Est en Ouest et qui vont diriger les nuages vers la Forêt Noire ou ils lâchent leur pluie au-dessus de Donaueschingen, où le Danube prend sa source. Et le cycle recommence.

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Le Gange –

Le Gange est le fleuve de la foi qui emporte dans son eau toute l’âme de l’Inde. Il ne fait que 2700 km et, s’il ne figure qu’à la trente deuxième place pour sa longueur, c’est le plus grand du monde pour sa spiritualité. Sept cent millions d’Hindous le vénèrent et cent millions de Musulmans le respectent.

Il prend sa source à Gangotri, à 3140 m et parcourt 300 km à travers l’Himalaya, dans des paysages empreints de cette grandeur himalayenne subjuguante. Tantôt il bouillonne au fond de gorges profondes tantôt il traverse des vallées où les cultures de riz s’étagent.

Il rentre dans la plaine et, là, rencontre sa première ville sainte Haridwar. Elle doit sa sainteté à des gouttes d’ambroisie tombées au cours d’une lutte épique que les dieux et les démons se sont livrée dans le ciel. C’est le point de départ des millions de pèlerins vers les sources du Gange.

Puis, le Gange passe à Kanpur, ville industrielle (l’Inde est la 6ème puissance industrielle du monde), il a accompli 1300 km. L’été il mesure 25 km de largeur, mais pendant la mousson il s’étend jusqu’à 30 km de large.

Le Gange arrive à Allahabad, grande ville religieuse où ont lieu, tous les onze ou douze ans, des manifestations regroupant plus de quinze millions de pèlerins, le quart de la population française. Ils prennent leur bain rituel dans le Gange, sur une longueur de 1500 m. Allahabad est la patrie de la dynastie Nehru, Indira Gandhi y a passé toute son enfance, les cendres de son père Nehru y ont été dispersées.

Le Gange a parcouru maintenant plus de 1 500 km, il arrive dans sa plus belle ville, Bénarès. Bénarès est érigée en amphithéâtre sur une courbe du Gange. Les escaliers des berges où l’on pratique la crémation des Hindous sont célèbres.

Le Gange arrive maintenant à Patna, capitale des grandes dynasties indiennes. I] a parcouru les deux tiers de son trajet, 1 700 km. II continue et se divise en deux branches, l’une vers le sud-est, le Bangladesh, l’autre directement vers le Golfe du Bengale en passant par Calcutta. Calcutta est l’une des grandes mégalopoles du monde avec environ treize millions d’habitants souvent très pauvres.

Puis le Gange descend vers le Golfe du Bengale à travers des jungles où rodent des tigres, et va enserrer le dernier maillon de la chaîne de la foi qu’est l’île de Sagar, où se pressent des millions de pèlerins.

Je vous citerai, ici, quelques vers d’un grand poète qui exprimait tout l’amour que les Indiens peuvent professer envers le Gange :

« Notre mère Ganga qui descend de l’Himalaya

« Dans les cheveux de Shiva

« Tu te déroules comme un collier de perles

« Sur le vêtement de la terre

« Que mon corps ne périsse pas avant d’avoir vécu sur tes rives

« Avant d’avoir bu de ton eau et dansé sur tes vagues

« Et répété ton nom en jetant sur toi son dernier regard.

Cependant que la branche de Calcutta se perd dans le golfe du Bengale, l’autre branche qui se rendait au Bangladesh poursuit sa course. Le Bangladesh a une population de cent dix millions d’habitants, qui augmente de 3 % par an. Il est en tête de toutes les catastrophes naturelles. Le Gange y reçoit le Brahmapoutre et y termine son existence.

La confluence du Gange et du Brahmapoutre est l’un des spectacles les plus grandioses que j’ai pu connaître. Le Brahmapoutre est un fleuve de plus de trois kilomètres de large qui descend du toit du monde et rencontre le Gange pour former ainsi un fleuve de plus de six kilomètres de large, véritable bras de mer qui s’en va à la rencontre d’une autre mer, le Golfe du Bengale, et navigue au milieu de milliers de petites îles.

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Le Mississippi –

Le Mississippi prend sa source au lac Ittaxca à la frontière canadienne. Il va parcourir 3700 km pour atteindre le golfe du Mexique.

Le Mississippi m’a enthousiasmé par la beauté de ses paysages du Nord et par tout ce que cela représentait pour moi, Français, car il est jalonné de dates qui marquent de grands moments dans l’histoire des Français.

La première de ces dates, est pourtant une date espagnole, 1542, De Soto, le conquistador qui débarque dans le Nouveau Monde pour chercher des diamants, des richesses. Tout au long de son chemin, il rencontre le Mississippi qu’il faut bien traverser en organisant une expédition qui sera couronnée de succès.

Il faut attendre 1673, pour voir deux Français, le Révérend Père Marquette, un jésuite, et Pierre Jolliet, un marchand de fourrures de Montréal, s’embarquer dans deux canoës, avec une douzaine d’indiens et rejoindre le Mississippi, en descendant le Wisconsin. Ils vont à l’aventure, sur ses rives, rencontrent des indiens souvent très hostiles. C’est un exploit extraordinaire.

En 1682, Cavelier de la Salle parcourra le même chemin depuis Québec pour aboutir au Golfe du Mexique. C’est là, en 1682, qu’il décide de fonder la Louisiane où il hisse le drapeau Fleur de Lys.

Ainsi, voilà notre Mississippi qui sourd du lac Ittaxca. C’est un petit ruisseau qui fait 30 cm de profondeur. C’est à Minneapolis que l’on peut dire que le Mississippi devient vraiment le grand fleuve des États-Unis.

Il descend directement vers le sud. C’est un fleuve axé nord-sud qui va découvrir toutes les cités nées sur ses rives et qui sont les enfants de la grande aventure américaine du 19ème siècle. On retrouve là des noms de Français : Dubuc, qui avait découvert une mine de plomb et fondé la ville qui porte son nom.

Puis, il traverse directement l’Iowa, qui est une immense plaine céréalière où s’exprime la puissance de l’agriculture américaine. Mais l’Iowa n’est pas seulement du blé, c’est aussi de la littérature, Sinclair Lewis, prix Nobel de littérature, Mark Twain y ont écrit des ouvrages qui ont enchanté notre enfance.

Dans une petite ville de l’Iowa, est né une grand aviateur, Lindbergh, qui, dans son « Spirit of Saint-Louis », a traversé en 33 heures l’Atlantique nord. Saint-Louis, nous y arrivons. C’est une très belle ville fondée par un Français, Laclède, avec son beau-frère, Pierre Chouteau, qui en 1763 a déterminé le site ou allait s’établir Saint-Louis. Saint-Louis a été une frontière pour les Américains qui enjoignaient aux jeunes de partir pour l’Ouest. C’est le symbole de la conquête de l’Ouest.

Le puissant Mississippi va poursuit maintenant son parcours. Il a reçu, comme grand renfort le Missouri qui a parcouru 4600 km, alors que le Mississippi n’a parcouru que 1900 km. C’est l’occasion d’une vive dispute entre les deux fleuves, car le Missouri ne comprend pas qu’il ne soit pas lui, le grand fleuve des États-Unis et il est jaloux de la célébrité du Mississippi. Le Mississippi lui explique que les géographes ont décidé que c’était lui le fleuve d’Amérique qui naissait le plus au nord et que son aire géographique était plus importante que celle du Missouri et que même son flot était supérieur.

La querelle apaisée, le Mississippi, gonflé par les eaux boueuses du Missouri continue son parcours. Il reçoit l’Ohio, sur lequel Chateaubriand a navigué. Il méandre au pays du coton, il est parcouru par des barges à l’image de la puissance américaine : ce sont des convois de barges de 100 à 150 mètres de large et de 350 mètres de long, propulsés par un pousseur de 12 000 CV.

Le Mississippi rencontre de grandes villes : Memphis, haut lieu du Jazz et patrie d’Elvis Presley, Vicksburg, témoin d’une effroyable guerre civile entre le Nord et le Sud, Natchez et ses plantations qui tiraient leur richesses du coton et de l’esclavagisme, Baton Rouge, capitale de la Louisiane où la pétrochimie est reine, et, enfin New-Orléans, sa ville chérie.

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Ce sont des Français qui se sont illustrés à la Nouvelle-Orléans, en 1718. Le Moyne de Bienville a en effet fondé la ville dans une magnifique anse du Mississippi. Les rues de cette ville ont des noms français et l’on s’y sent chez nous. C’est le deuxième port du monde après Rotterdam et avant New-York.

Cette Louisiane ne nous appartient plus. Les Français s’en désintéressait, et Napoléon l’a cédée en 1803 pour soixante millions de francs-Or, ce qui fait aujourd’hui un peu plus de deux milliards de nos francs.

La Nouvelle Orléans n’est pas la fin du Mississippi, il reste encore 160 km à accomplir pour trouver le Golfe du Mexique. Le Mississippi fabrique un delta extraordinaire d’une grande beauté. Il a accomplit 3700 km et il ne parvient pas à quitter cette terre qu’il a tant aimé, il rentre dans le Golfe du Mexique comme s’il existait toujours, il forme une sombre avenue puis il va se dissoudre dans les eaux du Golfe du Mexique, à 40 km de la côte.

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