MALTE

Thème : HISTOIRE ET GEOGRAPHIE                                                                                                                                                     Mardi 8 juin 2004

Malte

par Alain Blondy

Alain Blondy est professeur à la Sorbonne, il possède une chaire à l’université de Malte (fondée en 1763, elle est la plus ancienne de la Méditerranée du sud) et a notamment écrit le guide Arthaud consacré à Malte.

Un grand site préhistorique

Malte est constitué des îles de Malte, Gozo et Comino. Elle fait partie du l’archipel sicilien et se trouve au centre du bassin oriental et du bassin occidental méditerranéen.

Malte reste assez méconnue. C’est pourtant le plus grand site préhistorique en Europe. On y trouve des traces de la révolution néolithique remontant au Xe Millénaire av JC, à savoir l’agro-pastoralisme, l’élevage et l’agriculture. Il s’agit, au départ, d’une civilisation proto-céramique qui vit à l’intérieur des grottes. Mais entre 5000 et 2200 av JC, les habitants de Malte construisent des villages constitués de huttes faites de branchages et de glaise.

Les archéologues ont retrouvé à Malte la première manifestation religieuse du néolithique. Des bâtiments rectangulaires étaient utilisés pour le sacrifice de chèvres, dédié à la déesse mère. Les morts étaient enterrés dans des poches de calcaire. Peu à peu, ces tombes se sont complexifiées et furent construites sur un plan en forme de trèfles.

Bien avant les premières pyramides en Egypte, les habitants de Malte bâtissent les premiers mégalithes, des hypogées et près de 30 temples.  L’hypogée d’Hal Saflieni (4800-4400 av JC) est une reproduction en sous-sol d’un temple aérien, avec des décorations en volutes. Peu à peu, les constructions se font plus complexes. A Gozo, le temple oraculaire de Mnajdra (IIe siècle av. JC) est  parfaitement appareillé et creusé à l’outil de pierre.

D’un point de vue religieux, on assiste au renversement des déesses mères (déesses de la fertilité), pour passer à une religion plus conceptuelle, liée au principe sexuel, à la procréation humaine. La surpopulation féminine est criante. Les hommes sont conservés comme des poulets d’élevage dans le seul but de procréer. Leurs squelettes, retrouvés dans des panthéons, montrent qu’ils n’ont jamais eu à porter de charges lourdes.  En 2 500 av JC, faute de naissances, cette civilisation s’éteint. Une nouvelle civilisation s’installe en 2300 et occupe les anciens lieux de culte. A partir de 1 500, les sites religieux traditionnels sont abandonnés. On leur préfère désormais les éperons rocheux.

Malte, terre d’invasions

Dans le premier millénaire avant notre ère, Malte fait l’objet de ses premières invasions. En 1 000 av JC, ce sont d’abord les Phéniciens qui s’y installent. A partir de 700, Malte est totalement absorbée par Carthage.  Mais la défaite de Carthage face aux Romains lors des guerres puniques (264 – 146 av JC)  fait de Malte un territoire à part, considéré comme barbare et jamais vraiment intégré à la culture romaine.

Selon une tradition antique, Saint Paul aurait fait naufrage à Malte et aurait christianisé l’île.

Au Ve siècle, à la chute de Rome, Malte est intégré à Byzance. A la fin du VIIe siècle, Malte est colonisé par les Arabes, qui fabriquent un système d’irrigation très abouti.

En 1090 débute la reconquête chrétienne. Tous les musulmans sont chassés de Malte. Faute de main d’œuvre qualifiée suffisante (maçons…), les nouveaux arrivants sont obligés de s’installer dans des grottes. C’est ainsi qu’on retrouvera une église troglodyte du XIIe siècle.

L’ordre de chevaliers de Malte

En 1048, les Amalfitains, dont l’emblème est une croix (qui deviendra la croix de Malte), construisent l’hôpital Saint-Jean à Jérusalem à la demande du sultan du Caire, et créent l’Ordre des Hospitaliers.  Pendant les croisades, les combattants séjournent dans cet établissement. L’Ordre devient militaire avec trois classes distinctes : les nobles, les prêtres et les servants d’armes (les roturiers).

Pendant 200 ans, l’Ordre s’installe à Rhodes où il crée la première marine de guerre permanente. Au XVIe siècle, Malte appartient à la couronne d’Espagne. Le souverain Charles Quint  fait appel à la marine de l’ordre de Rhodes pour se protéger du pouvoir ottoman naissant.

Mais en 1555, Gozo tombe. En 1565, les Turcs débarquent à Malte. Les combats acharnés durent de mai à septembre. Le grand siège de Malte donne lieu à des scènes de guerre épouvantables. Le 30 septembre, les 3 000 Turcs repartent. L’expansion ottomane prend définitivement fin en 1571, les Turcs se concentrant sur le bassin oriental de la Méditerranée.

Malte se dote d’une nouvelle capitale fortifiée, La Valette. Les chevaliers de l’Ordre de Malte se muent peu à peu en policiers, se limitant à la lutte contre les corsaires en Méditerranée. Sous le règne d’Alof de Wignacourt, l’Ordre de Malte devient école navale.

Malte, centre du commerce en Méditerranée

En 1723, Anton Manuel de Vilhena promulgue une loi douanière fondamentale pour Malte. Puisque l’île ne produit rien, il faut développer le commerce. Les droits de douane sur les objets transitant par Malte sont portés à 0,1%. En moins de 20 ans, Malte devient le centre du commerce méditerranéen.

En 1760, Emanuel Pinto da Fonseca, le moine souverain, décide de se mettre sous la protection des Français, à la suite d’une tentative de soulèvement des esclaves. Il craint de nouvelles attaques musulmanes. Cette décision provoque la colère de la Russie, qui a besoin de Malte pour le repos de ses marins, et de l’Angleterre.

En 1798, Napoléon Bonaparte vient s’emparer du trésor de Malte pour financer sa campagne d’Egypte. Les soldats français basés à Malte seront bloqués et affamés, de septembre 1798 à décembre 1800. De surcroît, les Français et les chevaliers de l’Ordre de Malte sont détestés de la population locale.

Les Anglais s’installent définitivement en 1814. Les Chevaliers de Malte sont chassés et se mettent sous la protection de la Russie. Le tsar Paul 1er devient d’ailleurs Grand Maître de l’Ordre de Malte.

La domination britannique dure jusqu’en 1964. En 1919, un soulèvement nationaliste à La Valette provoque une répression de l’armée anglaise, qui tire sur la foule.  Malgré les efforts des autorités pour tuer dans l’œuf les revendications indépendantistes – notamment en supprimant l’italien au profit du maltais, érigé au rang de langue nationale – la contestation ne disparaît pas. En 1964, les indépendantistes remportent les élections.

La République de Malte est proclamée en 1974. En 1990, elle demande à intégrer l’Union Européenne. C’est chose faite depuis le 1er mai 2004.

En savoir plus … Sites à visiter :

http://www.crlv.org/outils/chercheur/afficher.php?chercheur_id=185

http://fr.wikipedia.org/wiki/Malte

http://www.bibliomonde.net/pages/fiche-auteur.php3?id_auteur=1083

http://www.bouchene.com/l’ordre_de_malte_au_18e.htm

http://www.amazon.fr/Guide-Arthaud-Malte-Alain-Blondy/dp/270031123X

Nouveau…Visite via satellite: Rendez-vous sur Google-Earth :

http://www.flashearth.com/?lat=35.937496&lon=14.375416&z=11.9&r=0&src=ggl

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