VERSAILLES, des histoires d’amour depuis sa création – LA VIE DE NOS ARBRES

Thème : HISTOIRE ET GEOGRAPHIE                                                                                                                                               Mardi 13 Mai 2008

Une conférence co-organisée par le C.D.I et l’ASEVE

Versailles, des histoires d’amour depuis sa création

Par Alain Baraton – Jardinier en chef du Grand Parc de Versailles et du Trianon

Après Louis XIII, qui n’a pas marqué Versailles de ses aventures sentimentales, arrive Louis XIV. Partagé entre un père pas très courageux avec les dames et un grand-père – Henri IV – qui était à l’inverse un vert-galant, à l’impudeur décomplexée, Louis XIV hérite finalement du caractère grand-paternel. Très tôt, il se sent très attiré par la gente féminine. A quatorze ans, il est déniaisé par une femme de chambre de quarante-deux ans, réputée pour sa laideur. Louis XIV s’éprend d’une autre femme laide, l’épouse de « Monsieur », son frère. On a beau être roi, cela fait tout de même tâche d’avoir sa belle-sœur pour maîtresse. Pour donner le change, il s’affiche avec Madame de La Vallière, dont il tombe amoureux et dont il légitimera les enfants qu’il lui fera.

Le charme de Louis XIV

Le château commence à être construit, les superbes jardins apparaissent peu à peu, et de nombreuses jeunes filles sont dans le secteur. Louis XIV use et abuse de son charme, un charme tout ce qu’il y a de plus relatif (une excroissance sur le crâne, une dentition épouvantable, une haleine à décorner les bœufs…), mais il a une qualité gigantesque, il est roi de France. Il courtise, il séduit, il fait des enfants à droite à gauche. Tout se passe bien, la vie est un long fleuve tranquille, jusqu’au jour où il tombe en admiration devant une femme superbe, mademoiselle de Montespan. Elle a toutes les qualités, sauf une, son mari, qui est extrêmement jaloux. Alors Louis XIV le nomme à différents postes en Europe pour représenter les affaires du roi. Pendant ce temps, sa femme commence à s’installer à Versailles. A son retour, Monsieur de Montespan se rend compte qu’on s’incline au passage de son épouse. La vérité lui apparaît : il est cocu. Il se met dans une rage énorme. Pour se venger, il va jusqu’à fréquenter des prostituées présentant des maladies vénériennes pour espérer contaminer son épouse, puis le roi. Il devient tellement fou que le roi le fait embastiller. Suite aux suppliques de madame de Montespan, Louis XIV accepte de le faire libérer, à condition qu’il ne remette plus les pieds à la cour.

En 1687, ne supportant plus la prostitution qui règne à Versailles, Louis XIV l’interdit et fait fermer les maisons closes. Celles-ci sont alors reconnaissables par le laurier qui pousse sur leur devanture. Le laurier est arraché. Cet épisode sera évoqué dans une célèbre comptine (« Nous n’irons plus au bois, les lauriers sont coupés… »).

La vigueur de Louis XV

A la mort de Louis XIV, en 1715, l’un de ses arrières petits-enfants lui succède. De toute  la famille royale (Henri IV, Louis XIII, Louis XIV), c’est Louis XV qui a eu la vie sexuelle la plus dynamique, au parcours absolument stupéfiant. Un jour, il fait la connaissance d’une femme belle, délicate, subtile, Madame de Pompadour, dont il va complètement tomber amoureux. Installée au Grand Trianon, elle ne ménage pas ses efforts pour le roi, se déguisant pour lui, lui prodiguant ses faveurs… Mais cette femme de caractère ne supporte plus que Louis XV, après avoir passé la soirée avec elle, aille à l’étage du dessus honorer le petit personnel. Très influente, elle convoque l’architecte du château et ordonne la destruction d’un escalier au bout de la galerie. Si le roi veut continuer à se rendre à l’étage supérieur, il devra parcourir quatre cents mètres supplémentaires aller-retour, au vu de tous. Louis XV demande donc qu’on lui installe une « chaise volante ». L’ascenseur est né à Versailles pour assouvir les pulsions du roi…

On vit heureux pendant que le peuple meurt de faim. Mais, quand Madame de Pompadour meurt, le roi est très affecté. Il s’isole au Grand Trianon pendant plusieurs semaines et ne cesse de pleurer jusqu’au jour où il rencontre Madame du Barry, qui se prostitue à l’occasion pour payer les dettes de jeu de son mari. Le roi donne une solde considérable à l’époux, l’anoblit et accepte le divorce entre Monsieur du Barry et Madame. Madame de Pompadour aurait fait figure de nonne à côté de Madame du Barry, adepte des jeux sexuels, comme l’a raconté en détail le valet de chambre Lebel (qui avait notamment le rôle de « testeur » pour le roi) dans son carnet.

La discrétion de Louis XVI

Contrairement à ses prédécesseurs, Louis XVI est un homme qui aime sa femme, tout simplement. Dans sa jeunesse, il n’a pas montré de penchant pour le sexe opposé. Quand il se marie, Louis XV – alors roi de France – s’étonne que le futur monarque passe sa soirée à manger alors que c’est sa nuit de noce. Quand le roi lui fait remarquer qu’il passe son temps à table, le futur Louis XVI répond qu’il dort mieux la panse pleine. Plus social que ses prédécesseurs, Louis XVI se passionne pour les sciences, pour les arts, pour les affaires de la France (il interdit la torture, abolit l’impôt supplémentaire pour les juifs…).  Sa femme, Marie-Antoinette, bien qu’on lui ait prêté beaucoup de relations extra conjugales, de vices et de comportements scandaleux était, je le crois, une femme « normale ».

Au Hameau de la Reine, une petite fille prénommée Marion était chargée de couper les roses et de les offrir lorsque Marie-Antoinette se promenait dans les jardins. A la Révolution, la reine est emprisonnée, emmenée à Paris, et Marion devient une jeune fille. A l’occasion d’une fête révolutionnaire, on la fait « Déesse de la raison » et on lui demande d’apparaître à moitié nue sur un char dans les rues de Versailles. Elle s’y refuse. La nuit précédant la fête, elle se rend dans les jardins et se massacre le visage avec les épines des rosiers. Quelques années plus tard, elle vit toujours dans les jardins, le visage toujours abîmé, quand son ami d’enfance Jean-de-l’eau (qui allait chercher l’eau à Ville d’Avray pour la reine) revient de guerre avec un bras en moins. Secrètement amoureux depuis toujours, il lui déclame sa flamme. Ils se marient, ont des enfants. Plus tard, Jean-de-l’eau sera nommé jardinier en chef de Versailles par l’empereur Napoléon.

Les histoires d’amour continuent à Versailles. Napoléon y vient avec Marie-Louise. Charles de Gaulle rencontrera tante Yvonne à l’hôtel des Réservoirs. Plusieurs siècles après Henri IV qui se promenait au bras d’une Médicis, une autre Italienne arrive à Versailles en 2008. Nous sommes dans les jardins de la Lanterne, le Président de la République vient d’épouser Carla Bruni, et le couple a choisi de passer sa nuit de noces à Versailles. Comme quoi, ces domaines continuent d’attirer les foudres sentimentales…

En savoir plus …

Coté livres :

Le jardinier de Versailles

Auteur : Alain Baraton
Éditeur : Lgf

ISBN-10: 2253120804

http://livre.fnac.com/a2229633/Alain-Baraton-Le-jardinier-de-Versailles?Mn=-1&Ra=-1&To=0&Nu=1&Fr=3

Coté Web :

http://luckyblognotes.skynetblogs.be/post/6082799/alain-baraton-le-jardinier-de-versailles

http://www.lemague.net/dyn/spip.php?article2213

http://www.radiofrance.fr/franceinter/chro/lejardin/

http://forums.nouvelobs.com/societe/les_secrets_du_bon_jardinier,20081204113735551.html

 

La vie de nos arbres

Par Jean Louis Legens –  Vice président de l’ASEVE

Un parc, ce n’est pas qu’un alignement d’arbres, c’est un lieu de vie où il y a aussi des amoureux. Quantité de visiteurs s’y promènent, certains y ont trouvé l’âme sœur, d’autres ont gravé un cœur dans l’écorce d’un arbre…

Beaucoup d’arbres que nous connaissons aujourd’hui n’existaient pas voilà deux mille ans. On peut tout de même citer ce bon vieux chêne, qui peut atteindre l’âge fabuleux de huit cents ou mille ans. L’arbre le plus vieux de France est un chêne situé à Bessines (Charente-Maritime), âgé de 2 200 ans. Aujourd’hui, il faut savoir que nous sommes capables de dater la naissance d’un arbre sans avoir à le couper. Outre les chênes, on trouvait aussi des aulnes dans la région, et quantité de hêtres. En revanche, l’acacia n’existait pas, le robinier ayant été introduit en France à la fin du XVIe siècle. Quant au marronnier d’Inde (qui vient en fait de Grèce), il a été introduit à la fin du XVIIe siècle. Au sud de la France, on aime à admirer les mimosas mais, avant 1850, il n’y avait pas un seul pied en France. Cette plante, qui a été importée d’Australie au XIXe siècle, continue de fleurir en janvier, ce qui correspond à l’été austral. C’est une plante de caractère !

Certaines plantes ont, à l’inverse, disparu. C’est le cas des ormes, suite à une maladie favorisée par la sécheresse de l’atmosphère et par la pollution. Sur les 36 000 plantes ornementales répertoriées aujourd’hui dans les catalogues des sociétés horticoles, on peut estimer qu’un petit millier est originaire de la région. Qu’y avait-il dans le potager de nos ancêtres les Gaulois ? Y avait-il des navets, des carottes ? Oui, mais avec un aspect différent. De la salade, des choux de Bruxelles, de pomme de terre ? Non, bien sûr. Il y avait également très peu de nos fleurs qui, pour la plupart, viennent d’Asie.

L’un des arbres le plus ancien du parc de Versailles est un séquoia venu d’Amérique en 1844. Le nom « séquoia » a été donné par des Anglais en hommage à un jeune indien qui leur avait vendu quelques plants et qui a été massacré pour avoir osé commercer avec les Blancs. Le camélia a également une histoire originale. C’est avec des feuilles de camélia de Chine qu’on fait le thé. Au XIXe siècle, les Anglais ont acheté quelques arbres aux Chinois pour produire le thé eux-mêmes, en Grande-Bretagne. Pas fous, les Chinois, qui n’allaient pas se tirer une balle dans le pied, ont préféré leur vendre des camélias du Japon. Au printemps, ces arbres ont fait de très jolies fleurs, qui ont été rapidement très appréciées. En 1848, Alexandre Dumas publie La Dame aux Camélias mais fait une faute d’orthographe. « Camélia » prend à l’origine deux « l ». Le succès du livre généralisera cette faute et c’est pourquoi on écrit toujours « camélia » avec un seul « l ».

Pendant des siècles, on a attribué des vertus curatives au saule. Au XIXe siècle, un pharmacien toulousain cherche à comprendre. Il travaille l’écorce de saule, et découvre l’aspirine, contenue naturellement dans l’écorce de saule. D’autres arbres sont connus pour leurs vertus médicinales, comme l’if, le pin, le quinquina… Mais nous détruisons quantité de plantes avant même que nous ayons pu découvrir toutes leurs qualités, et c’est très regrettable.

La majorité des arbres du parc de Versailles datent de l’époque de Napoléon III, il en est ainsi des vieux marronniers. Les vieux platanes qui bordent le grand canal en été plantés vers 1910. Il reste deux ou trois arbres de l’époque napoléonienne. De la période Marie-Antoinette, il reste un tilleul au Hameau de la Reine, quelques houx, deux ou trois chênes. De l’époque Louis XV, il y a un vieux pied d’aubépine dans les pépinières de Trianon et le sofora du Japon, planté au pied du Petit Trianon. Cet arbre fut planté sous Louis XVI mais provient des pépinières de Louis XV. Il y a aussi un chêne près de l’Orangerie de Trianon. Le plus vieil arbre du parc est un chêne, situé près du Grand Trianon, qui a germé en 1682. C’est le seul arbre du domaine à avoir connu Louis XIV.

En savoir plus …

Coté livres :

Le jardin de Versailles vu par Alain Baraton

Auteur : Alain Baraton
Éditeur : Hugo Image

ISBN-10: 9782755601794

http://livre.fnac.com/a2003501/Alain-Baraton-Le-jardin-de-Versailles-vu-par-Alain-Baraton?Mn=-1&Ra=-1&To=0&Nu=4&Fr=3#

Coté Web :

http://aseve.de.garches.free.fr/

http://parc.de.saintcloud.free.fr/

http://www.dnsc.fr/index.php

http://www.fne.asso.fr/

http://www.environnement92.fr/

http://association-espaces.org/

http://www.idfe.org/

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