Thème : GEOLOGIE, SCIENCES NATURELLES Mardi 11 Mars 2003
LES VOLCANS ET L’HOMME : Utiles ou nuisibles ?
Par Jacques-Marie BARDINZEFF – Professeur à l’Université de Paris sud
Expression de l’antique colère des Dieux, les volcans épouvantent les hommes depuis la nuit des temps. Certaines civilisations, telles que celle de Pompéi, ont disparu suite à des explosions volcaniques. Cependant, la concentration de populations autour des volcans en sommeil ou en activité, en Indonésie ou au Japon par exemple, prouve que les roches volcaniques constituent des sols fertiles, riches en sels minéraux.
Le 11 mars, Jacques-Marie Bardintzeff, professeur des universités et directeur d’un laboratoire de pétrographie-volcanologie est venu expliquer aux membres du CDI pourquoi et comment se forment les volcans.
L’étymologie du mot » volcan » vient de Vulcano, le cratère où Vulcain, l’un des trois fils de Jupiter et de Junon, le patron des forgerons, avait installé ses forges. Les poètes romains imaginèrent Vulcain forgeant des flèches d’airain pour Apollon et Diane, ciselant le bouclier d’Achille et martelant l’armure invincible d’Hercule. Depuis, les volcans sont restés, dans l’imaginaire des hommes, imprégnés d’une force de destruction intense.
Un volcan est formé de trois parties : un réservoir de magma en profondeur, une ou des cheminées volcaniques qui font communiquer l’intérieur de la Terre avec la surface et, enfin, la montagne volcanique, qui est soit un cratère, soit un cône à cratère, un dôme, une coulée de lave ou un dépôt de produit d’explosion.
C’est par les cheminées ou conduits que la roche en fusion arrive jusqu’à la surface. Cette explosion est l’aboutissement d’un long processus qui a commencé dans un réservoir par la fusion de roches, s’est poursuivi par la montée de ces magmas chargés en gaz, avant de se terminer par l’arrivée de ces matières à la surface. Une éruption volcanique est l’ascension d’un magma issu de la profondeur de la Terre et porté à des températures élevées, supérieures à 1000 °C.
Ces éruptions peuvent prendre différentes formes et sont à l’origine de divers types de catastrophes.
Qu’il s’agisse de l’Etna, le plus grand volcan d’Europe ou des volcans à Hawaï, les explosions volcaniques peuvent être d’une force impressionnante. Des kilomètres de lave recouvrent les forêts les plus luxuriantes. Toutefois, il faut savoir qu’il n’y a jamais de mort par coulée de lave, celle-ci se déplaçant à une vitesse inférieure à un homme qui marche. Le magma peut également sortir du volcan sous forme de cendres ; ces projections peuvent être violentes et intenses.
Elles peuvent également perturber le trafic aérien et avoir des conséquences sur le climat quand elles atteignent la stratosphère (cas du volcan Tolbachic).
Le troisième type d’éruption est la plus dangereuse : il s’agit d’un nuage de gaz et de cendre dévalant à près de 500 km / heure ; toute fuite est alors impensable. La dernière éruption de ce genre s’est produite sur le Mont Pelé en 1902 et avait fait plus de 28 000 morts en une minute.
Les volcans, tels que Vulcano génèrent également des gaz qui peuvent être très toxiques et atteindre de 200 à 700 °C.
Dans les pays tropicaux, les explosions volcaniques, associées aux cyclones ou typhons provoquent des coulées boueuses, qui se solidifient ensuite comme du béton.
Mais les plus spectaculaires des explosions volcaniques sont les éruptions sous-marines. L’eau bouillonne, de vastes panaches de vapeur montent dans l’atmosphère et le contact de l’eau froide et de la lave à 1000°C produit des explosions. La roche en fusion éclate, s’émiette et forme un dépôt. Ces réveils peuvent être accompagnés de raz-de-marée, aux conséquences dramatiques.
Peut-on prévoir les éruptions ?
Des signes précurseurs, tels que de petits séismes, l’augmentation de la température ou des émanations de gaz permettent d’avertir les professionnels et d’évacuer les populations alentours. A la fin de l’année 1913, au Japon, des scientifiques sont arrivés à repérer l’augmentation des tremblements de terre. C’est ainsi que le 12 janvier, l’éruption débutait par une énorme explosion ; la ville, désertée de ses habitants, fut recouverte d’une épaisse couche de cendres et de blocs brûlants tandis qu’un sombre panache s’élevait dans le ciel jusqu’à 10 000 km de hauteur.
Aujourd’hui, de nombreux appareils scientifiques permettent de prévoir ces éruptions.
Le sismographe sert à enregistrer les tremblements du sol. Lors d’un tremblement, l’appareil reste fixe, mais le sol bouge. Le rayon lumineux inscrit sur un papier photographique solidaire au sol, donc soumis aux vibrations, une ligne brisée, appelée sismogramme.
Les tiltmètres et les géodimètres permettent de mesurer les dilatations du sol ; ils utilisent un rayon laser qui permet de mesurer de grandes distances avec une précision très grande. Ces instruments sont donc capables de déceler la moindre modification du diamètre des cratères.
Les chercheurs mesurent également la température et analysent les changements de composition des émanations gazeuses. En outre, ils surveillent de manière continue les points chauds grâce à des satellites (les satellites français Spot et américain Landsat).
Les volcans peuvent dévaster des régions entières. Cependant, il ne faut pas retenir uniquement les catastrophes provoquées par les volcans ; ceux-ci s’avèrent également utiles pour l’homme. Lorsqu’un volcan est en éruption, il dégage des tonnes de substance minérale. Chaque chute de cendre recouvre le sol d’une grande quantité de sels nutritifs (magnésium, calcium et potassium), qui constitue un véritable engrais. C’est ce qui explique la luxuriance de la végétation autour des zones volcaniques. En outre, c’est aux volcans que de nombreuses sources thermales doivent leur vertu thérapeutique. Les produits issus des volcans sont exploités par l’homme. Ainsi, en Indonésie, aux alentours du fameux lac d’acide, des porteurs extraient chaque jour des centaines de kilos de souffre d’une pureté exceptionnelle ; le volcan représente leur unique source de revenu. Mais c’est surtout le spectacle des éruptions qui fascinent les hommes. Des milliers de touristes se rendent chaque année au Stromboli ou au Piton de la Fournaise, dont la régularité et la périodicité des éruptions en font des volcans faciles à approcher et rarement dangereux.
Quant aux volcans plus dangereux, il nous reste les superbes images ramenées par les scientifiques, qui au risque de leur vie tentent de mieux comprendre ce témoin de l’activité terrestre.
En savoir plus …
Coté Livres :
Coté Web :
http://www.lave-volcans.com/bardintzeff.html
http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques-Marie_Bardintzeff
http://www.geopolis-fr.com/bardintzeff.html
http://www.futura-sciences.com/fr/comprendre/carte-blanche/scientifique/t/terre/d/bardintzeff_80/
http://www.linternaute.com/science/environnement/interviews/06/bardintzeff/cv-bardintzeff.shtml
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