Thèmes: Histoire Conférence du mardi 18 janvier 2022
19 JANVIER 1871 – LA BATAILLE DE BUZENVAL ET LA DESTRUCTION DE GARCHES
Par Joël COYER, membre de la Commission de programmation du CDI de Garches.
Ce texte est le continu intégral de cette conférence.
Avertissement : une conférence se tient dans un temps limité. Tel a été le cas de celle du 18 janvier 2022 qui a suscité un certain intérêt et entrainé quelques questions de la part des auditeurs. L’auteur a décidé d’enrichir le compte-rendu de cette conférence afin de porter à la connaissance des personnes qui voudront bien consulter le site du CDI quelques informations complémentaires en sa possession qu’il n’a donc pas été possible, en raison du temps imparti, d’évoquer ou de développer.
19 Janvier 1871
La bataille de BUZENVAL
et la destruction de Garches
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– Nous sommes aujourd’hui le 18 janvier 2022. Il y a 151 ans, à un jour près, se déroulait, le 19 janvier 1871, sur le territoire de notre commune et sur celui de ses voisines, Rueil-Malmaison et Saint-Cloud l’une des deux dernières batailles de la guerre de 1870/1871, avec celle de Saint-Quentin qui se déroula le même jour et voyait la défaite de l’Armée du nord qui suivait celle, sanglante, de Héricourt, dans la Haute-Saône, intervenue le 17 janvier.
Cette conférence aurait dû se tenir le 19 janvier 2021, pour le cent cinquantième anniversaire de la bataille. La situation sanitaire n’en a pas permis la tenue, remplacée par un hommage municipal devant le monument du souvenir de la rue du 19 janvier et le tombeau des combattants au cimetière de notre commune.
En 1971 pour le centenaire de la bataille, une conférence fut donnée par Messieurs Brichard directeur de l’école Ramon, et Bourret directeur du golf de Saint-Cloud où se déroulèrent de sanglants combats.
Une autre conférence fut donnée en 2004 par Guy Gallon, membre du CDI dont les travaux ont inspiré les miens. C’était il y a 18 ans.
Le CDI ne pouvait pas ne pas commémorer par une conférence cet évènement majeur dans l’histoire de notre ville. Et c’est parce qu’elle n’a pas pu se tenir au moment prévu que sa nécessité en est devenue encore plus impérieuse.
Nous remettre en mémoire ce qui s’est passé ce jour-là est aussi une manière de rendre hommage à ceux qui ont participé à cette bataille, qui en sont morts, qui y ont été blessés, ainsi qu’à ceux qui ont perdu leurs biens dans les combats et qui ont courageusement rebâti leur ville détruite.
Il ne s’agit pas aujourd’hui de traiter de la guerre de 1870 dans son ensemble ni de la multitude des batailles qui l’ont jalonnée tant en province qu’autour de Paris. Toutefois, pour bien en comprendre le déroulé, nous allons voir les origines de cette guerre ; mais il ne sera évoqué, parmi toutes les batailles de la guerre de 1870, que celle dite de Buzenval, la seconde du nom, qui s’est déroulée sur le territoire de notre commune et de ses voisines immédiates le 19 janvier 1871.
Je vous parlerai donc de l’origine un peu incompréhensible de cette guerre, de la situation des belligérants et celle de notre commune et vous invite à un voyage au 19ème siècle.
Cette bataille de Buzenval, du nom du hameau situé à l’extrémité du territoire de Rueil-Malmaison, au pied de la colline au sommet de laquelle se trouve l’actuel terrain de golf, fut donc avec celle de Saint-Quentin, la dernière bataille de la guerre franco-allemande de 1870-71, guerre que certains historiens considèrent comme le 1er acte d’une guerre plus longue, de 75 ans, entre la France et l’Allemagne.
Cette guerre qui se termina en une défaite humiliante et conclue par un traité qui l’était tout autant, se résume souvent dans l’esprit de nos contemporains à une déclaration de guerre irréfléchie de Napoléon III, pour des motifs obscurs, suivie de la chute rapide de la place militaire de Sedan, le 2 septembre 1870, puis de la proclamation de la République par Léon Gambetta le 4 septembre 1870, dans des conditions qui, à y regarder de plus près, apparaissent particulièrement confuses. La réalité fut beaucoup plus complexe, comme nous allons le voir.
S’il n’est donc pas question aujourd’hui de faire l’histoire de la guerre de 1870 et d’en raconter les différents épisodes, il apparaît néanmoins indispensable d’en raconter l’origine, la dernière bataille tenant lieu de conclusion.
Cette origine exposée je me concentrerai ensuite sur les seuls évènements liés à la bataille du 19 janvier 1871.
Pour comprendre la genèse de cette guerre, il nous faut revenir plusieurs décennies avant son déclenchement.
– En 1815, les puissances qui ont vaincu Napoléon (Royaume-Uni, Prusse, Autriche, Russie) instituent, lors du congrès de Vienne, un ordre européen visant, selon elles, à assurer la paix et la stabilité en Europe, au profit des familles régnantes issues des anciennes monarchies, seules légitimes à exercer le pouvoir : c’est l’alliance des Rois contre les peuples, voulue par le Prince de Metternich, chef d’orchestre de ce congrès, matérialisé par les traités de Paris signés les 30 mai 1814 et 20 novembre 1815. Ce congrès va inaugurer une nouvelle pratique diplomatique, celle des congrès qui, tout au long du siècle, et jusqu’à celui de Berlin en 1885 réunira les principales puissances pour traiter des affaires du monde. La réunion périodique des G7 ou G20 peut être considérée comme une suite de cette pratique.
De ce congrès sortira un point positif : l’interdiction de la traite négrière qui mettra encore quelques années à s’imposer. Cette interdiction de la traite ne signifie pas, hélas, la fin de l’esclavage. Pour le reste, et notamment la paix promise, l’histoire du 19ème siècle montre que celle-ci a été pour le moins tumultueuse.
– Après 1815 et jusqu’en 1830, l’Europe connaît une série de soubresauts politiques contrariant déjà l’ordre mis en place par les grandes puissances (guerre d’indépendance de la Grèce à partir de 1821 que Metternich, que le moindre désordre troublait, voulait voir écraser par les Turcs pour ne pas affaiblir la stabilité du régime Ottoman, écrasement des libéraux espagnols tentant de mettre en place une monarchie constitutionnelle, par une expédition militaire française en Espagne en 1823 qui sera applaudie par un jeune poète de 22 ans, Victor Hugo, qui n’a pas voulu entendre à l’époque, le bruit des chaînes tombant sur le peuple espagnol. C’est le congrès de Vérone ouvert le 20 octobre 1822 et venant après ceux de Carlsbab, Troppau et Laybach qui ont tous pour objet la lutte contre les idées libérales qui a mandaté la France de Louis XVIII pour conforter le régime obscurantiste de Ferdinand VII. L’année 1830 voit aussi une évolution du régime politique en France (acceptée par les autres puissances de la Sainte Alliance, dès lors que c’est un roi membre d’une ancienne dynastie qui accède au trône) et l’indépendance de la Belgique qui se verra imposer un prince allemand comme roi, comme la Grèce, puis plus tard, la Roumanie et la Bulgarie).
Vous voudrez bien noter qu’à partir de 1815, la France a, pour la première fois de son histoire, une frontière commune avec la Prusse, état devenu conquérant et agressif.
– L’Espagne, dont la situation n’est pas neutre dans le déclenchement de la guerre de 1870, s’est enfoncée depuis le début du siècle dans une crise politique quasi-permanente qui va se prolonger encore plus d’un siècle.
Cette instabilité espagnole est initialement due à la mésentente entre le Roi Charles IV et son fils Ferdinand VII, aggravée par l’intervention française de Napoléon. Si l’intervention française de 1823 a semblé ramener un semblant de calme dans le pays, la décision du Roi Ferdinand VII, véritable despote, lourde de conséquences pour la suite, tant pour l’Espagne que pour la France, de modifier la règle de succession au trône d’Espagne en abrogeant la loi salique qui s’appliquait jusque-là, déjà envisagée en 1789 mais non rendue publique, va entrainer le pays dans une agitation politique qui va durer près de 150 ans.
C’est dans des conditions dramatiques que sa fille, Isabelle, deviendra en 1833, à l’âge de 3 ans, après la mort de son père Ferdinand VII, Reine d’Espagne sous le nom d’Isabelle II, accession contestée par son oncle, héritier légitime, avant que le roi défunt ne décide de changer, in extremis, les règles de succession.
C’est cette Reine qui fournira, sans le vouloir, le prétexte au déclenchement de la guerre de 1870.
– L‘année 1848 est celle du « Printemps des peuples », sorte de revanche des peuples contre les dispositions adoptées par le congrès de Vienne. Ces révoltes populaires qui se déclenchent partout en Europe, seront durement réprimées par les régimes en place, y compris en France par la toute récente seconde république.
En France, donc, Louis-Philippe est chassé du pouvoir et une 2ème république est proclamée le 24 février. L’apprenant, Nicolas 1er, Tsar de Russie, se tourne vers les puissances garantes des dispositions arrêtées lors du congrès de Vienne pour demander qu’une expédition militaire soit organisée contre la France afin de mettre un terme à cette évolution politique contraire à ses idées très conservatrices et dont il craint la contagion. Il n’obtiendra pas gain de cause : les évènements montrent que la Sainte Alliance n’est plus aussi solide que ce qu’elle a été parce que les pays qui la composent rencontrent, eux aussi des problèmes internes.
En Autriche, Metternich, l’arrogant et inamovible chancelier et ministre des affaires étrangères, s’enfuit de Vienne dans un panier à linge et l’empereur Ferdinand abdique en faveur de son neveu François-Joseph.
Dans cette Europe centrale, cette période, qui s’ouvre après 1848, est celle qui voit la montée en puissance de la Prusse et le lent affaiblissement de l’Autriche et donc une modification de l’équilibre mis en place en 1815.
– En France, Louis-Napoléon Bonaparte est élu Président de la République les 10 et 11 décembre 1848.
La constitution de 1848 ne lui permettant pas de se représenter au poste de Président de la République et après avoir vainement tenté de la modifier, il organise, avec ses proches, un coup d’état qu’il déclenche le 2 décembre 1851 pour se maintenir au pouvoir. Puis il met fin au régime de la seconde République, déjà bien mal en point après les dispositions prises par l’assemblée nationale en 1849 qui ont privé du droit de vote près de 3 millions de Français, les plus modestes, en rétablissant l’empire à son profit, le 2 décembre 1852.
Politiquement, le second empire peut être scindé en 2 périodes : une phase autoritaire, jusqu’en 1860/1862, et une phase plus libérale à partir de 1862.
Sur le plan extérieur, Napoléon III veut que la France sorte des entraves qui lui sont imposées par les traités de Paris et souhaite recouvrer les territoires qui lui ont été alors arrachés. C’est ainsi que la France participera à la guerre de Crimée (1856-1856) contre la Russie, l’un des piliers de la Sainte Alliance, à une intervention en Italie contre l’Autriche, autre pilier de la Sainte Alliance pour aider à l’unification italienne, en échange du retour de la Savoie et du Comté de Nice à la France. La plupart des historiens considèrent d’ailleurs que c’est à partir de 1856 et la guerre de Crimée que la France s’est affranchie du carcan des dispositions du congrès de Vienne.
Des expéditions militaires lointaines sont aussi organisées vers la Chine, la Cochinchine… ainsi que la désastreuse expédition mexicaine.
Il faut noter également que, par conviction personnelle, Napoléon III est partisan de la constitution « d’états nation » ce qui explique son soutien à la création d’un royaume unifié d’Italie avec cependant le problème des Etats pontificaux qu’il soutient, pour des raisons de stabilité intérieure et son absence de réaction devant le projet de constitution par Bismarck d’un Etat allemand unifié.
Sur le plan économique, la France, profitant d’une conjoncture internationale favorable, connaîtra pensant la période du Second Empire, un important développement grâce, notamment, à la politique de libre-échange mise en place par le gouvernement impérial et la construction de nouvelles infrastructures de transport. Pour Napoléon III, c’est l’exemple de la Grande-Bretagne qu’il faut suivre.
Le plébiscite du 4 mai 1870 qui institue un régime de monarchie quasi-parlementaire vise aussi à préparer sa succession.
– Mais, depuis 1863, l’Empereur est malade. Il souffre notamment d’une lithiase dans la vessie qui s’ajoute à d’autres maladies. En juin 1870 ses médecins lui suggèrent de se faire opérer au plus vite.
En 1870, donc, Napoléon III âgé seulement de 62 ans est un homme usé et malade. Il dépense l’essentiel de son énergie à lutter contre la maladie (il mourra en 1873). C’est donc cet homme malade qui va devenir chef de guerre contre la Prusse.
– En Prusse, régnait depuis 1861 après deux ans de régence, le Roi Guillaume 1er. Il avait succédé à son frère, Frédéric-Guillaume IV. En 1862, il avait appelé, comme chancelier, le Comte Otto Von Bismarck, ancien député conservateur, qui avait été ambassadeur à Saint Pétersbourg puis à Paris et qui n’avait qu’un but : réaliser l’unité allemande sous l’hégémonie de la Prusse, par tous les moyens, y compris par le fer et par le sang.
Bismarck va exercer sur Guillaume 1er une emprise dont celui-ci ne sut jamais se libérer. Pour que cette emprise soit la plus forte possible il fera en sorte de couper autant que faire se peut le Roi Guillaume de sa famille, suspectée par Bismarck d’exercer sur lui une mauvaise influence.
C’est donc un duo, Roi/Chancelier, qui exerce le pouvoir en Prusse depuis 1862, le Roi se contentant, le plus souvent, d’acquiescer aux propositions présentées par son chancelier.
– En 1863, la Prusse de Guillaume 1er et de Bismarck se lance dans la guerre des duchés (guerre de succession des duchés de Schleswig et de Holstein) contre le Danemark en y entraînant l’Autriche. Le Danemark est vaincu mais au bénéfice final de la seule Prusse.
En 1866, la Prusse se lance dans une guerre contre l’Autriche, son ancienne alliée, qui sera défaite à Sadowa. Cette défaite va entraîner la fin de la confédération germanique co-présidée par l’Autriche et la Prusse mais avec une prédominance autrichienne et renforcer la Prusse qui va créer la confédération de l’Allemagne du nord, qu’elle va présider, qui réunit sous sa présidence, l’ensemble des principautés allemandes encore indépendantes ou autonomes, et c’est cette Prusse renforcée et agressive que rien n’arrête que la France va devoir affronter.
Les messages alarmistes de l’ambassadeur de France à Berlin, le Comte Vincent Benedetti et de son attaché militaire impressionnés par la facile et écrasante victoire de la Prusse sur l’Autriche vont susciter à Paris un début de prise de conscience.
L’attaché militaire de l’ambassade de France à Berlin, le Lieutenant-Colonel Stoffel a été autorisé à suivre l’état-major de Moltke lors de la guerre contre l’Autriche. Il souligne, dans ses rapports envoyés à Paris le degré de perfection de la préparation de la guerre côté prussien, notamment dans l’instruction, la mobilisation et la préparation des troupes. Il informe aussi Paris de la supériorité de l’artillerie prussienne et du haut niveau des services de santé, de celui des chemins de fer et des unités télégraphiques. Il considère enfin que l’état-major prussien est le meilleur d’Europe.
Pour répondre à la menace prussienne, l’Empereur, sur la proposition initiale du Maréchal Randon, Ministre de la Guerre, va proposer une loi de modernisation de l’armée. Ce projet prévoit notamment la création d’une Garde nationale mobile constituée par tous les hommes qui échappent au service de l’armée active. La mobilisation passe de 7 à 9 ans dont 5 dans l’armée active et 4 dans la réserve. Aucun remplacement ne sera accepté dans cette Garde nationale. Seuls peuvent en être dispensés les ouvriers des arsenaux, les mécaniciens de locomotives, les préposés des douanes. En revanche, dans l’armée active, le système des exonérations doit perdurer mais concerner toutes les classes sociales.
Ce projet de loi rencontre une forte opposition dans l’opinion publique et chez les parlementaires.
Mais, entre le dépôt du projet en 1866 et son vote, en 1868, les députés l’ont largement amendé et ont maintenu le système du tirage au sort qui permet aux familles aisées d’échapper au service militaire. L’objectif initial de cette loi n’est donc pas atteint.
Le Maréchal Randon démissionne. C’est le Maréchal Niel qui le remplace et donnera son nom à cette loi, dont les texte final est bien en deçà de ses objectifs initiaux.
Et ce sont ces mêmes députés qui, plus tard, rendront Napoléon III seul responsable de la défaite et prononceront sa déchéance.
La crise luxembourgeoise de 1867, bien oubliée aujourd’hui, survenue à la suite de négociations secrètes menées par Napoléon III pour le rachat au Roi des Pays-Bas du Luxembourg dont il voulait se défaire, avec l’accord initial de Bismarck, va provoquer, par la révélation faite par Bismarck du contenu des négociations, une crise diplomatique européenne et couper la France de ses alliés.
A l’issue de cette crise qui fait comprendre à Napoléon III que depuis plusieurs années Bismarck se joue de lui, force est de constater que la Prusse a conforté ses alliances et la France a perdu les siennes.
En 1867, le général Trochu, inspecteur de l’infanterie, publie un livre qui se conclut par ces mots : « en terminant, je dirai à l’armée française : nous nous sommes endormis dans la satisfaction de nous-mêmes ; nos nous sommes détournés du travail, négligeant les efforts, les recherches, les comparaisons qui créent le progrès. Mettons-nous résolument à l’œuvre. » on ne peut donc pas dire que les avertissements aient manqué.
A défaut de tenir compte des avertissements, les conditions d’un désastre, dès lors prévisible, sont alors en place.
* * *
– Qu’en est-il de Garches à cette époque ?
Garches, dans le dernier tiers du XIXème siècle, était une bourgade de 1 500 habitants qui s’appuyait sur un plateau s’étendant jusqu’à la Celle-Saint-Cloud et Bougival et qui comprenait 3 hameaux : à l’est, le Petit Garches, au centre, Garches proprement dit avec l’église, et au sud-ouest, Villeneuve l’Etang, en face du Château et Parc du même nom situés sur le territoire de Marnes-la-Coquette, à l’emplacement des laboratoires pharmaceutiques et du parc La Fayette.
– La population était essentiellement composée d’agriculteurs et de vignerons. Très prospère au début du siècle, la vigne avait vu sa superficie se réduire, le train, nouveau moyen de transport, permettant d’approvisionner Paris à partir des provinces viticoles avec du vin de meilleure qualité. De 65 hectares en 1789, le vignoble ne comprenait plus qu’une dizaine d’hectares à la veille de la guerre. Une partie de la commune était couverte de bois, alors que de grandes propriétés (en tout une douzaine) avaient vu le jour durant le Second Empire.
– Arrive alors, dans des conditions aussi dramatiques que rocambolesques, la déclaration de guerre.
Depuis l’accession au trône d’Espagne d’Isabelle II, dont nous avons déjà parlé, l’Espagne vit dans le chaos politique où les périodes de dictatures militaires succèdent aux guerres civiles.
En 1868, le général Prim lance une révolution aux cris de « A bas les Bourbons » qui entraîne le départ en exil de la Reine Isabelle II qui va venir se réfugier en France. Mais en quittant le pouvoir, la Reine n’a pas abdiqué.
C’est deux ans plus tard, et depuis la France, que la Reine abdique le 25 juin 1870 en faveur de son fils, le Prince des Asturies, futur Alphonse XII âgé de 14 ans.
Dès lors, les évènements vont aller très vite et c’est cette abdication qui va être à l’origine du déclenchement du conflit.
– Considérant que le trône espagnol est vacant, le Prince Léopold de Hohenzollern-Sigmaringen, appartenant à la branche catholique des Hohenzollern, pose, sur la suggestion du gouvernement espagnol, sa candidature au trône d’Espagne.
Napoléon III considère cette candidature, si elle était retenue, comme un encerclement.
L’ambassadeur de France à Berlin, le Comte Vincent Benedetti, se rend alors, le 9 juillet à Bad Ems où le Roi de Prusse prend les eaux. Celui-ci le prie de parler au Prince Léopold de Hohenzollern qui, sur l’insistance de son père, le Prince Charles-Antoine et avec l’accord de Guillaume 1er, retire officiellement sa candidature. Nous sommes le 12 juillet.
On aurait pu en rester là, mais c’était sans compter sur Bismarck qui veut la guerre et qui veut que ce soit la France qui la déclare.
En effet, un traité d’assistance militaire lie la Prusse aux autres états allemands : si la Prusse déclare la guerre, ils ne sont pas tenus de s’y associer. En revanche si la Prusse est attaquée ils doivent se ranger à ses côtés et même sous son autorité. Donc, pour obtenir que ce soit la France qui déclare la guerre à la Prusse, Bismarck va créer un incident diplomatique, un piège dans lequel la France va se précipiter à pieds joints.
– Après cette renonciation, l’ambassadeur de France demande à revoir Guillaume 1er pour obtenir de lui des assurances écrites sur l’abandon définitif de la candidature du Prince Léopold. Cette démarche est maladroite car elle montre une défiance à l’égard de la parole du Roi de Prusse que la France aurait dû rendre immédiatement publique. Elle est toutefois motivée par un précédent, l’accession au trône de Roumanie d’un Hohenzollern-Sigmaringen après une promesse de renonciation.
Bismarck menace alors le Roi de démissionner (attitude courante chez lui pour faire pression sur le Roi) s’il reçoit encore l’ambassadeur de France. Lorsque celui-ci se présente, il est reçu par un aide de camp qui lui dit, au nom du Roi et de manière courtoise, que tout a été dit et qu’il n’y avait plus rien à ajouter.
Là encore, on aurait pu en rester là.
– Un communiqué au ton neutre de ces échanges est rédigé par l’entourage du Roi et transmis par celui-ci à Bismarck.
Pendant les échanges entre l’aide de camp du Roi et l’ambassadeur, Bismarck s’entretenait avec le Général Von Moltke qui s’est dit prêt à mener une guerre victorieuse contre la France. Bismarck décide alors de modifier le communiqué officiel qui lui a été transmis par le Roi pour le rendre insultant pour la France. C’est la fameuse dépêche d’Ems du 13 juillet. Une erreur de traduction en aggravera encore le ressenti.
Le texte final de la dépêche est le suivant :
« Sa Majesté le Roi a refusé de recevoir encore une fois l’ambassadeur français et lui a fait dire par l’aide de camp de service que Sa Majesté n’a plus rien d’autre à communiquer à l’ambassadeur ».
Cette dépêche est rédigée en allemand. Le ton est très sec. De surcroit, le mot allemand qui désigne un aide de camp est «adjutent» il sera traduit par la presse par le mot français «adjudant », cette erreur de traduction, largement exploitée par la presse, laissera croire que l’ambassadeur a été reçu et congédié par un simple sous-officier.
En France, la presse se déchaîne, des manifestations de rue ont lieu, les députés s’enflamment. Ce sont ces mêmes journalistes, députés et manifestants qui reprocheront plus tard à Napoléon III d’avoir déclaré la guerre, et surtout de l’avoir perdue. Mais c’est bien Napoléon III, au nom de la France qui déclare la guerre le 19 juillet. Elle est seule, sans allié.
Bismarck était arrivé à ses fins. 21 états allemands du nord, dirigés par la Prusse, que rejoignirent 3 états du sud (Royaumes de Bavière, du Wurtemberg et le Grand-duché de Bade) se joignirent à la coalition contre la France. Les autres états européens restèrent neutres.
– En 1870, au moment de la déclaration de guerre, la population la France est d’un peu plus de 38 000 000 d’habitants, Celle de l’Allemagne (Prusse et Etats allemands 39 500 000). L’armée française, déjà engagée en Italie et outre-mer, était bien inférieure à l’armée allemande : ses effectifs étaient de 230 000 fantassins contre 462 000 pour les allemands soumis à la conscription militaire et à un entraînement permanent. Elle disposait de 25 000 cavaliers contre 56 000 pour les allemands, et en armement si le fusil français «Chassepot» était meilleur que le fusil allemand «Dreyse», il n’équipait pas toutes les troupes françaises et surtout, Krupp avait doté l’Allemagne d’une supériorité écrasante en artillerie : 1 500 pièces nettement plus performantes et plus modernes que les 900 pièces de l’armée française. C’est d’ailleurs au nouveau modèle du canon prussien que Napoléon III attribuera la défaite de la France.
En outre, les troupes allemandes s’étaient aguerries lors de la guerre contre le Danemark en 1864 et contre l’Autriche en 1866.
L’armée allemande était dirigée par le Général Von Moltke, brillant stratège, qui savait diriger et économiser ses troupes. L’armée française, dirigée par l’Empereur en personne mais secondé par des généraux, en était restée aux charges héroïques de cavalerie (comme on le verra lors de la charge des cuirassiers à Reischoffen) ou d’infanterie, baïonnette au canon.
Dès le départ, dans ces conditions de déséquilibre des forces, de préparation et d’équipement de celles-ci, la guerre, à défaut d’être perdue d’avance, s’avérait très difficile pour la France.
– Dès le 6 août, la bataille perdue de Spicheren (ou de Forbach) ouvre les portes de la Lorraine aux troupes allemandes, le 12, Nancy est occupée. La bataille autour de Metz commence : le 18 août, c’est la bataille de Saint-Privat (ou de Gravelotte) et, le 20, le siège est mis devant Metz, où l’armée du Rhin soit 180 000 hommes, commandée par Bazaine est prise au piège.
– Napoléon III avait quitté Saint-Cloud quelques jours auparavant ; dès le 7 août, devant la menace d’un effondrement du front, ordre avait été donné de renforcer les défenses de Paris constituées d’une part par l’enceinte de Thiers, d’autre part par des forts, dont 15, situés en avant, et par des ouvrages plus modestes, les redoutes (l’une d’elle se situait à Saint-Cloud à l’emplacement de la rue de la Redoute, en face du Collège Verhaeren, entre la rue de Buzenval et l’avenue du Maréchal Foch), une autre restait inachevée à Ville-d’Avray.
Le 18 août, Napoléon III avait nommé le Général Trochu, Gouverneur militaire de Paris.
– Sedan capitule le 2 septembre : l’Empereur est fait prisonnier, et le 4, la République est proclamée à Paris dans des conditions confuses ; le Général Trochu, pourtant monarchiste, prend la présidence d’un Gouvernement de la Défense Nationale.
– Les troupes allemandes arrivent devant Paris. Le 17 septembre, elles occupent la Malmaison, la redoute de Montretout et le plateau de Buzenval (actuel golf à Garches alors bergerie de Buzenval) qui sont abandonnés par les Français ; le 19 septembre, Sèvres est à son tour occupée : le long siège de Paris commence. Les premières lignes allemandes sont à une vingtaine de kilomètres de Paris.
Cette guerre, dans son aspect militaire, ne va pas se terminer avec les chutes de Sedan, de Metz et la capture de Napoléon III : durant tout l’automne, les combats continuent au nord de la Loire et autour de Paris.
En province, Gambetta, qui s’était échappé en ballon le 7 octobre de la capitale assiégée, met rapidement sur pied des armées pour délivrer Paris. Ces troupes, après quelques succès (Coulmier, Bapaume), sont battues (Loigny, Le Mans, Saint Quentin).
– Paris est affamé. Le général Trochu tente de dégager la capitale, il dispose de 220 000 hommes de troupes auxquels s’ajoutent des bataillons de la garde nationale sans entraînement et peu disciplinés. Le total des troupes dont il dispose alors atteint ainsi environ 500 000 hommes de valeur militaire disparate.
Les chefs militaires ne se font que peu d’illusions sur l’issue de la guerre, mais les parisiens croient encore à la victoire et poussent les généraux à organiser des offensives.
Les tentatives de sortie mises en œuvre au cours de l’automne sont des échecs : Chatillon, La Malmaison et Buzenval, déjà, pour une première bataille en octobre qui entraînera une dure répression allemande avec une amende à payer par les habitants et la traduction de 18 d’entre eux devant le conseil de guerre qui prononcera 2 déportations en Allemagne et 3 exécutions mises en œuvre devant la population du village.
Les chances de rompre le siège s’amenuisent.
– Que deviennent Garches et ses habitants (environ 1 500), durant cet automne 1870 ?
Comme dans les communes voisines, une partie de ses habitants, environ un millier, était partie se réfugier à Paris ou à Versailles.
A la demande du gouvernement, les garchois qui se sont réfugiés à Paris doivent, comme tous les autres réfugiés, élire un maire. C’est M. Legrand, premier conseiller municipal, qui fut élu. Son rôle était d’être l’interlocuteur des autorités. Il devait également s’occuper d’organiser la vie c’est-à-dire le ravitaillement et la distribution de nourriture aux garchois et aux vaucressonnais qu’il était également chargé de représenter.
– A Marnes-la-Coquette, à l’approche des troupes allemandes le 19 septembre, les gardes du château de Villeneuve incendient alors 5 000 bottes de foin pendant que les sapeurs-pompiers s’apprêtent à faire le coup de feu depuis le débit de boissons de M. Lousteau, appelé Maison Lousteau, en face de l’hospice Brézin. Le directeur de l’hospice, M. Bourdereau va les en dissuader, jugeant que cette action est suicidaire pour eux et dangereuse pour les vieillards hébergés à l’hospice.
Dès leur arrivée, les éclaireurs allemands arrêtent 5 hommes soupçonnés d’être des francs-tireurs et les condamnent à être fusillés. L’intervention du directeur de l’hospice, qui se portera garant d’eux, entraînera leur libération.
Les troupes ennemies, environ un millier d’hommes, qui seront suivies par plusieurs milliers d’autres, arrivent et s’installent sur l’hippodrome de la Marche (actuel stade et domaine de la Marche à Marnes-la-Coquette). Les officiers s’installent dans le débit de boissons de M. Lousteau.
Dès lors Garches est mis en état de défense par les allemands : barricades dans les rues, mise en place de fascines et d’abattis, abattage d’arbres pour barrer les chemins. Les murs de l’Hospice Brézin (alors nommé Hospice de la Reconnaissance) furent crénelés avec ouverture de meurtrières.
Ce qui restait de la population garchoise devait se plier aux consignes de l’occupant : pas de lumière le soir et interdiction de sortir du village en direction des troupes françaises.
Garches fut plusieurs fois la cible de l’artillerie française, depuis le Mont Valérien ou depuis le Bois de Boulogne notamment les 20 octobre et 7 novembre.
C’est pendant cette période, très exactement le 7 octobre 1870, que le Château de Saint-Cloud, devenu quartier général de l’armée allemande fut incendié par un tir de canons français tirant depuis le Mont Valérien. Ses ruines resteront debout jusqu’en 1892 année qui verra la destruction, pour des raisons politiques, de ce qu’il en restait encore à l’époque.
Puis, comme Saint-Cloud, Garches fut évacué du reste de sa population : femmes, enfants et vieillards durent prendre la route de Versailles ; ils se retrouvèrent au Grand Séminaire.
Notre bourgade fut alors livrée au pillage. Toutes les maisons furent vidées et le butin fut entassé et partagé à l’hippodrome, devenu camp militaire de la Marche. Comme il ne restait plus rien dans les maisons, fin décembre, les Prussiens les incendièrent. L’incendie dura 8 jours.
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– Le 5 janvier 1871, les allemands commencent à bombarder Paris. Le 7, les généraux français de Paris se réunissent et estiment que le plateau de Garches serait l’objectif le plus favorable : depuis cette position il serait possible d’atteindre Versailles où se tient l’état-major allemand.
– Le 9, les Prussiens attaquent la maison Crochard, ancien château Bel-Air, située près de l’actuelle place Besche à Rueil-Malmaison, un de nos avant-postes.
Cependant les jours passent. A Paris, les Généraux semblent avoir oublié leur décision. Le 15, pour satisfaire l’opinion, le général Trochu qui ne croyait pas à la victoire et le gouvernement, sous l’impulsion de Jules Favre, Vice-Président du gouvernement et Ministre des affaires étrangères, décident une nouvelle tentative sur Montretout, Buzenval et Garches : ce sera une « trouée de masse » qui devrait permettre de surprendre le quartier général allemand à Versailles et de le couper de ses troupes. On prévoit qu’elle aurait lieu le jeudi 19 janvier.
On peut se poser la question de savoir ce que signifie cette expression de surprendre le quartier général allemand. S’agit-il vraiment de le faire prisonnier ? S’imagine-t-on que l’ensemble du quartier général, avec Bismarck, Guillaume et l’ensemble des généraux vont se laisser prendre sans se replier devant l’avance des troupes ? Quelle suite à donner à cette offensive en cas de victoire ? La situation militaire de la France à cette date et l’objectif réel de cette opération peuvent laisser dubitatif.
– La veille de l’opération militaire, le 18 janvier, Guillaume 1er, Roi de Prusse, poussé, une fois de plus par Bismarck, s’était fait proclamer « Empereur allemand » dans la Galerie des glaces du château de Versailles.
Un jeune médecin du nom de Georges Clémenceau, féru de politique, élu le 5 septembre 1870 maire de Montmartre, saura se souvenir, le moment venu, de cet évènement.
– A la veille de cette opération qui a l’ambition de dégager Paris et de capturer l’état-major allemand, la situation est la suivante.
Côté Allemand : les troupes se sont installées sur les hauteurs de Saint-Cloud ; la redoute de Montretout, ouvrage de terre resté inachevé, a été reliée par une tranchée au château Pozzo di Borgo au-dessus de la gare actuelle de Saint-Cloud. Le parc de Saint-Cloud est fortifié (dans les bois des abattis barrent les fourrés, ne laissant libres que les chemins) ; à Garches, la ligne de crête, constituée par l’actuelle rue du 19 janvier, depuis le château de Craon jusqu’à la maison du Curé à l’emplacement de l’actuel monument, est, elle aussi, encombrée d’abattis. Les murs du parc de Craon qui entourent le château, comme ceux de l’Hospice Brézin sont crénelés. Si la ligne d’avant-poste était assez légère, en revanche, la seconde ligne, de Beauregard à La Celle Saint-Cloud jusqu’au Château de Saint-Cloud en passant par Villeneuve l’Etang, était solide.
– Côté Français : le 2 janvier, avant les bombardements de Paris par l’armée prussienne, le général Vinoy avait proposé une opération combinée sur Versailles avec, comme double objectif les batteries de Châtillon et le quartier général du Roi Guillaume. L’idée fut acceptée par Trochu qui fixa la date de l’offensive au 19 janvier.
Le lendemain, devant une trentaine de généraux réunis à son quartier général, Trochu assigne un objectif plus limité à l’opération et confirme la date du 19 janvier. Cet objectif plus modeste vise à s’emparer du plateau de Buzenval, c’est-à-dire de la bergerie située sur le territoire de Garches et devenu par la suite le terrain de golf dit de Saint-Cloud.
Trochu allait engager pour cette opération une armée d’environ 90 000 hommes. Mais cette armée est disparate : elle l’est autant dans sa composition que dans son équipement.
Elle est composée pour moitié d’unités régulières de l’armée, c’est-à-dire de régiments d’infanterie et de batteries d’artillerie, (il y aura même un train blindé circulant entre Nanterre et Chatou ainsi que des vedettes armées sur la Seine) et pour une autre moitié d’unités de la Garde nationale organisées en bataillons ou régiments.
L’organisation de cette Garde nationale mérite une explication.
La première Garde nationale, composée de citoyens volontaires, fut créée à Paris en juillet 1789. Elle était chargée du maintien de l’ordre. Après de nombreuses évolutions au cours du temps, elle fut dissoute le 11 janvier 1852.
La loi Niel de 1868, devant la montée de la puissance prussienne va recréer, sur le modèle prussien de la landwehr une Garde nationale dite mobile dont les membres étaient familièrement appelés les « moblots ». Cette Garde nationale constituait une armée de réserve en cas de mobilisation.
La Garde nationale était constituée par les jeunes ayant tiré le « bon numéro » lors du tirage au sort organisé pour déterminer ceux qui étaient astreints au service militaire d’une durée de 7 ans dans les unités de l’armée régulière et ceux qui devraient intégrer la Garde nationale pendant une durée de 5 ans. Cette Garde nationale était composée d’unités d’infanterie et d’artillerie correspondant aux circonscriptions civiles. L’ensemble de ces gardes mobiles étaient regroupés en unités départementales. La loi Niel avait prévu 15 exercices d’entraînement annuels d’une durée d’une journée, dans les faits, ceux-ci étaient peu suivis. Les cadres étaient choisis parmi les notabilités locales. Ces moblots étaient équipés par l’administration civile.
A côté de cette garde nationale mobile a été créée, au début du mois d’août 1870, une garde nationale sédentaire par le recrutement de plusieurs milliers d’hommes en âge de combattre dont le rôle était de constituer une force de défense qui devait combattre sur place. Cette Garde nationale sédentaire va très vite être mobilisée par les lois des 10 et 18 août 1870 et le décret du 23 août et devenir la Garde nationale sédentaire mobilisée, souvent appelée garde nationale mobilisée ce qui peut ajouter quelque confusion dans les appellations. La situation se détériorant de jour en jour le gouvernement essaie de mobiliser, un peu tard, tous les hommes en âge de combattre.
L’équipement militaire de ces gardes nationaux était bien inférieur à celui de l’armée régulière, déjà inférieur à celui des troupes allemandes. Ainsi, une grande partie des fusils dont les gardes nationaux disposaient étaient obsolètes, comme l’étaient leurs canons.
Trochu, Président du gouvernement de la défense nationale, commandant en chef et gouverneur militaire de Paris allait prendre le commandement d’une armée d’environ 90 000 hommes dont 50 % de gardes nationaux, mobiles (les moblots) et sédentaires (mobilisés pour l’occasion) qui avaient une formation militaire réduite et un équipement insuffisant, le reste, soit environ la moitié, 45 000 hommes, étant constitué de troupes de l’armée régulière.
– Les troupes, sous le commandement suprême de Trochu, sont réparties en 3 corps d’armée placés sous les ordres des généraux Vinoy, Carrey de Bellemare et Ducrot.
– Le plan prévoit que l’attaque serait menée par trois corps colonnes :
A partir du 17 et surtout le 18 janvier, après la tombée de la nuit, les régiments quittent leur cantonnement et se dirigent vers le pont de Neuilly (en mauvais état), et vers celui d’Asnières (pont du chemin de fer). Le 19, c’est le dégel, il a plu durant la nuit, le sol est détrempé, et au petit matin c’est le brouillard surtout près de la Seine. Plus tard dans la journée, une pluie fine va se mettre à tomber.
L’avance des troupes, dans la nuit, est difficile, elles prennent du retard : à 5 heures du matin, elles ne sont qu’au rond-point des Bergères à Puteaux ; l’attaque devait démarrer à 6 heures, par 3 coups de canon tirés du Mont Valérien Elle est reportée à 6 heures 30 à la demande du général Ducrot ; le Général Trochu, commandant en chef, qui a couché à Paris, n’est pas là. A l’heure prévue du début de l’offensive, il est bloqué au pont de Neuilly.
Cette attaque démarrait dans l’impréparation : Trochu avait bouleversé les unités existantes, et le court délai entre la décision de l’offensive et sa réalisation, n’avait pas permis de donner des indications sur l’ordre du mouvement général : chaque colonne avançant indépendamment des autres et gagnant leurs positions dans un grand désordre.
A 7 heures, le lieutenant-colonel de Lochner qui commandait le Fort du Mont Valérien en l’absence du Général Trochu fait tirer les trois coups de canon ; Trochu arrive et veut tout arrêter, certains régiments ne sont encore qu’à la place de l’Etoile, d’autres à Neuilly, ou même à Clichy, et Ducrot est sans troupes, mais Vinoy (à l’est du front) est déjà en action.
– A 7 heures 15, la division de Beaufort, du corps de Vinoy, partie de l’aile est, marche sur la redoute de Montretout : sur sa gauche une colonne suit la voie ferrée de Paris à Versailles pour occuper la propriété Pozzo-di-Borgo, située dans l’avenue du même nom à Saint-Cloud, et celle de droite s’avance vers la tuilerie (angle de l’hippodrome actuel et rue de la Porte Jaune).
A 7 heures 30, le général de Bellemare lance ses troupes vers la Maison du curé et la cote 155 (carrefour de la rue du 19 janvier et de la rue Henri Regnault), mais les autres divisions sont en retard, notamment l’aide droite (Ducrot).
– A 9 heures, la situation est la suivante :
– au centre : seule la brigade Fournès a quitté la Fouilleuse, le reste suit péniblement (certains éléments sont encore à Neuilly). Composée du 4ème régiment de zouaves et du XIème bataillon de la Garde nationale, elle bouscule, vers 8 h 30, les avant-postes prussiens et emporte la maison du Curé (vers le monument commémoratif, rue du 19 janvier) et la Tuilerie (à l’angle de cette rue et de la rue de la Porte Jaune) et la cote155 (actuel carrefour formé par la rue du Marquis de Morès, la rue du 19 janvier et la rue Henri Régnault).
– Elle redescend vers Garches à travers les vignes et les champs de la Verboise, dépassant le cimetière et occupant le nord-est du village, sous le feu des batteries prussiennes installées dans le parc de Saint Cloud).
Sur la droite de la brigade Fournès, la brigade Colonieu, composée du 136ème régiment de ligne (sous les ordres du Lieutenant-colonel Allard) et du 9ème régiment de Paris (Garde nationale mobilisée) marchent sur le parc de Buzenval.
Les postes allemands se replient vers la maison Craon et la Bergerie. Celle-ci a été fortifiée : les murs ont été crénelés et des tranchées ont été creusées. Le 2ème bataillon du 136ème qui est au centre, pousse jusqu’au pied de la muraille de clôture mais le Commandant Guillot est tué sans avoir pu obtenir le moindre résultat. Les troupes refluent et sont immobilisées par le feu ennemi.
– Sur la droite, le 3ème bataillon du 136ème appuyé par des Francs-tireurs de Bellemare et le 105ème bataillon de la garde nationale essaient de progresser sur l’espace découvert situé entre le haras Lupin et l’hospice. Pris sous le feu nourri des positions allemandes il se retrouve bloqué. Ente le 3ème et le 2ème bataillon le 1er essaie à son tour et se retrouve lui aussi bloqué dans un petit bois de sapin, situé en face de la maison Craon par les tirs allemands.
– à l’ouest : le général Ducrot n’est toujours pas là (ses colonnes arrivent comme en procession : elles atteignent seulement Rueil) ; pour le suppléer, une brigade (Valentin) est envoyée sur le château de Buzenval, elle franchit la grille du parc et prend le château, aussitôt mis en défense.
Les positions sont, dans l’ensemble satisfaisantes, mais l’arrêt de nos troupes sur le point stratégique de l’attaque bloque l’ensemble de l’offensive. Les allemands qui avaient cru à une escarmouche et ont été surpris, commencent à réagir.
– Dès 9 heures, les renforts prussiens (2 compagnies du 58ème régiment et une compagnie du (5ème régiment de chasseurs arrivent par la route de Normandie (RD 907) pour renforcer les défenses allemandes sur Montretout. D’autres prennent position sur l’axe allant à l’Hospice Brézin et au Haras Lupin d’où, avec 60 canons, ils balayent une grande partie de Garches et la route dite de Normandie ou impériale (actuellement route départementale 907, avenue du Général de Gaulle). Le général de Bellemare ayant constaté la situation précaire des zouaves, laisse trois compagnies prussiennes reprendre la partie nord-est du village, sans abandonner la Maison du Curé.
– Pendant ce temps, les hommes du Lieutenant-Colonel Colonieu essaient d’enlever la Bergerie et la maison Craon, sous le feu nourri de l’ennemi ; ils doivent franchir des fossés et de nombreux abattis et ouvrir des brèches dans les murs de clôture. Leurs courageux essais (la dynamite est gelée) restent infructueux ; les deux adversaires, face-à-face, se fusillent à bout portant.
– Vers 10 heures des coups de canon retentissent sur la droite, ce sont des éléments du corps d’armée de Ducrot : deux batteries, installées à la Maison Brûlée, tirent sur la porte de Longboyau à l’orée du bois de Saint-Cucufa ; bientôt la division Berthaut franchit par les brèches déjà pratiquées, le mur du parc de Buzenval et attaque le mur de Longboyau. Ce mur est crénelé et le premier assaut est repoussé, de même que celui tenté contre le pavillon de la Jonchère. De nouveaux bataillons arrivent, ils sont décimés ; là meurt l’ingénieur Gustave Lambert qui préparait une expédition vers le pôle nord.
– Le général Ducrot regroupe et organise ses troupes, occupe Rueil et Bois-Préau, tire sur Chatou, la Jonchère et la porte de Longboyau. Mais les allemands ont renforcé leur défense et malgré de courageuses attaques de nos troupes, ce nouvel assaut se solde par un nouvel échec ; des francs-tireurs et des mobiles arrivés à quelques mètres des créneaux, sont tués. Les troupes s’affolent, tirent au hasard, se débandent… On relève les corps du Lieutenant-colonel de Montbrison commandant les mobiles du Loiret et du Colonel de Rochebrune commandant le 19ème régiment de marche. Les gardes nationaux s’en vont et il faut toute l’énergie des généraux pour éviter que cette débandade gagne les troupes de ligne et les mobiles.
– Pendant ce temps, les troupes du général de Susbielle se sont engagées dans le ravin de Saint Cucufa, mais une large rangée d’abattis, avec de gros arbres, depuis l’étang jusqu’au parc de la Malmaison gêne sa progression : elle est difficilement franchissable et l’ennemi prend nos troupes en enfilade depuis les murs crénelés de Longboyau.
– A 14 h 30 la situation est la suivante :
– L’efficacité de notre artillerie, d’ailleurs insuffisante et mal employée, est nulle. Les grosses pièces du Mont Valérien demeurent presque silencieuses car le général Trochu a scrupule à faire tirer par-dessus nos troupes et craint d’atteindre l’Hospice Brézin sur lequel flotte le drapeau de la Croix Rouge dans l’axe duquel les Prussiens n’ont pas hésité à installer deux batteries de 20 pièces.
A 15 heures, Les Prussiens qui ont reçu des renforts de soutien attaquent depuis la Malmaison jusqu’à Saint-Cloud. Le parc de la Malmaison est repris par les Prussiens et les Gardes Nationaux s’enfuient.
En revanche, ils ont beaucoup moins de succès tant sur les hauteurs de Garches, trois fois abandonnées, trois fois reprises, que sur le mur sud du parc de Buzenval, où ils essuient de violentes fusillades, rue du 19 janvier à la Verboise. Il en est de même à Saint-Cloud et à Montretout. En fait, les positions sont globalement tenues, sauf à la Malmaison, mais nos soldats sont épuisés.
Vers 15 heures 50, des obus tombent sur la maison du curé ; les troupes des divisions Bellemare entament alors un mouvement de retraite qui ne dure pas. Elles sont ramenées à leurs positions mais, à partir de ce moment-là, elles paraissent les tenir difficilement. L’ennemi a opéré un retour offensif caché par les arbres.
Trochu, jugeant que la situation s’aggrave, monte à cheval pour arrêter la retraite des régiments situés autour de la maison du curé ; il est visible que les troupes épuisées sont en train de céder.
A 17 heures, la nuit commence à tomber, les Prussiens renouvellent leur offensive sur les hauteurs de Garches, bousculant les tirailleurs de la brigade Fournès. Les Gardes Nationaux, envoyés en renfort ont peur des tirs ennemis, une autre brigade envoyée par le général de Bellemare rétablit à peu près la situation. Une nouvelle offensive allemande contre Buzenval est également contenue, mais au prix de pertes sensibles.
Les troupes sont harassées mais maintiennent leur position. Cependant il règne une certaine confusion : les Gardes Nationaux, démoralisés, s’enfuient, d’autres tirent dans tous les sens. Divisions, brigades et même colonnes sont mélangées.
Si bien que, vers 17 heures 30 /18 heures, le Général Trochu, après avoir visité le champ de bataille et pris l’avis du général Noël qui lui suggère de retirer les troupes avant un complet désastre, donne l’ordre de la retraite. Il pense qu’il est dangereux de laisser nos troupes dans leurs positions, alors qu’une faible distance les sépare de l’ennemi.
Aussitôt les Gardes Nationaux et certaines brigades abandonnent le champ de bataille.
– Une grande confusion s’installe rapidement : voitures, ambulances, pièces d’artillerie, souvent embourbées, se mêlent aux troupes. Toutefois, le Commandant de Lareinty, ignorant la situation générale des troupes, tient encore la maison Zimmerman à Montretout et à l’aile droite la brigade Berthaut maintient sa position dans le parc de Buzenval.
A Buzenval, c’est enfin la retraite, mais avant de partir le jeune peintre Henri Régnault, Garde national, veut décharger ses dernières munitions : il repasse le mur et il est tué aussitôt, un autre garde national, le marquis de Coriolis, engagé malgré ses 70 ans, connut le même sort.
Heureusement les allemands ne poursuivent pas nos troupes, ils auraient pu anéantir rapidement ce qui restait de l’Armée de Paris.
– Le commandant de Lareinty, cerné dans la maison Zimmerman, n’est pas prévenu de la retraite, il continue de se battre furieusement et, ses munitions épuisées, se rend le lendemain à la tête de 325 mobiles originaires de Loire-Atlantique, les allemands lui rendent les honneurs.
A Paris, la population avait été informée dans la matinée du 19 janvier, par des dépêches résolument optimistes, de cette sortie offensive. Comme elle ne se rendait pas bien compte de la situation, sa déception fut immense, en apprenant le repli de nos troupes.
Après avoir, début septembre, rejeté sur l’Empire et Napoléon III le désastre de Sedan, elle s’apercevait que ses nouveaux dirigeants ne faisaient pas mieux. Elle rejeta alors sur leur incapacité et celle des généraux, les causes de la défaite.
Les tirs d’artillerie vont se poursuivre encore quelques jours. Ainsi, le 21 janvier vers 15 heures les canons de la redoute des Gibets, à Nanterre en limite de Rueil, tire sur Chatou, Croissy, et la Jonchère. A 19 heures 30 elle tire sur la gare de Rueil, pendant que ceux du Fort du Mont Valérien tirent sur Sèvres, la Celle Saint-Cloud, Marnes, Vaucresson, Ville d’Avray, le château Craon, la Bergerie, le Haras et la Bedoyère.
– Le 22 janvier, le général Vinoy est nommé commandant en chef à la place de Trochu qui a démissionné et à l’encontre duquel Victor Hugo aura ce mot cruel mais mérité : « Trochu, participe passé du verbe trop choir ».
Le 26 janvier, Jules Favre demande l’armistice, devenu inéluctable, qui est signé le 28.
La ville de Saint-Cloud, déjà très touchée par les combats sera incendiée par les Prussiens après la fin des combats et la signature de l’armistice.
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– Les pertes de la bataille de Buzenval furent importantes du côté Français, surtout si on les compare aux pertes allemandes : 4 070 hommes dont 700 tués et 3 370 blessés ou disparus (plus de la moitié des victimes venant de la colonne de Bellemare), contre 173 morts et 437 blessés ou disparus pour les allemands.
– Outre les morts déjà cités, des artistes, de jeunes étrangers, volontaires pour combattre aux côtés des Français, le fils de l’Emir Abd-el-Kader…
Les morts sont ramassés à partir du 21 janvier, parfois sous les tirs d’artillerie du Mont Valérien. Le plus grand nombre de ceux-ci est enterré devant le parc de Buzenval. Ce sont les frères de la doctrine chrétienne qui se chargent de cette tâche. Des voitures emportent les corps des Gardes nationaux, un détachement du fort se rend à Rueil pour y effectuer la même besogne. Sollicité pour un cessez le feu circonscrit à la zone des combats pour ramasser les morts, le Roi Guillaume 1er refusera, craignant une ruse des Français.
Des élections librement organisées ont lieu le 8 février malgré l’occupation allemande, ceux-ci ne voulant négocier qu’avec des représentants français légitimement élus. Les troupes allemandes occupent alors les forts autour de Paris. Mais la foule parisienne, humiliée, rejetant l’armistice, grondait et le 18 mars, elle exécute les généraux Lecomte et Clément-Thomas, fusillés par leurs propres troupes lors d’une tentative de récupération de canons entreposés à Montmartre.
Ce fut le début de l’insurrection des parisiens, la Commune, un autre sujet, tragique, qui ne sera pas traité ici.
Garches et Saint-Cloud ne sont plus qu’un champ de ruines.
– Les troupes allemandes continueront à occuper notre pays, avec évacuation progressive jusqu’au paiement de la « rançon » exigée par l’Allemagne, 5 milliards de Francs/or.
En plus de cette « rançon » à payer par l’Etat, cette occupation militaire est à la charge des communes et donc des populations qui doivent le logement et la nourriture pour les troupes avec les réquisitions qui vont avec.
La France a perdu l’Alsace et une partie de la Lorraine qui ne redeviendront françaises qu’à l’issue de la 1ère guerre mondiale, 47 ans plus tard.
– A Garches, toute la partie de la commune au nord d’une ligne allant de la Bergerie (golf de Saint Cloud en bordure de la rue du 19 janvier) au cimetière et qui se prolonge jusqu’à Montretout sur la commune de Saint-Cloud, a été le théâtre des combats, le reste a été la cible des obus français, un très grand nombre de maisons ont été incendiées.
– La mairie, l’école des garçons et l’église sont détruites, c’est pourquoi il n’y a pas de constructions anciennes à Garches.
Un important travail de reconstruction est rapidement engagé. Les Garchois dont la maison tient encore, bouchent les trous tant bien que mal, mettent des bâches, les autres qui n’ont pu trouver refuge chez des parents ou amis, sont logés dans un bâtiment en bois construit sur la place des Tilleuls (devenue place Charles Devos).
Tous repartent rapidement dans leurs champs ou leurs vignes. Des dédommagements furent versés à partir d’avril 1874 (trois ans après les évènements) limités à 40 % des estimations avec une répartition très inégale. Mais les Garchois réparent ou reconstruisent leurs maisons, certains étant aidés par le « Sou des Chaumières », souscription nationale lancée le 16 décembre 1871 par l’épouse d’Adolphe Thiers, en faveur des plus pauvres à la tête de laquelle se trouve le Baron de Bussières.
– Il faudra aussi donner une sépulture digne et définitive aux soldats morts à Garches, dont certains ont été enterrés là où ils ont été tués. Ils seront inhumés principalement dans le cimetière de Garches et aussi, en partie, dans celui de l’Hospice Brézin, d’abord dans des tombes collectives. Par la suite, leurs restes, français et allemands mêlés, seront rassemblés dans un ossuaire, dans le cimetière. Cet ossuaire toujours présent dans le cimetière est encore visible, surmonté d’un monument en forme d’obélisque.
– Le fait majeur qui a marqué cette période, est la reconstruction de l’église (une église provisoire, en bois, a été construite sur la place des Tilleuls). Elle déclenche de nombreux affrontements et polémiques entre le nouveau curé, l’abbé Gau, et le nouveau maire, Monsieur Noret, et naturellement toutes les instances qui les entourent.
La municipalité voulait construire une église plus grande, place des Tilleuls, sur un terrain appartenant au curé précédent, afin également d’être plus à l’aise pour reconstruire les écoles. Le curé, le Conseil de fabrique, l’Evêché veulent conserver l’emplacement centenaire, là où la première église consacrée à Saint Louis avait été construite (l’axe de la nouvelle église est, semble-t-il, légèrement tourné par rapport à l’ancienne). Les deux parties finissent par s’entendre et la nouvelle église sera édifiée à l’emplacement de l’ancienne.
Des dons affluent pour l’aménagement intérieur, la chaire est offerte par Madame Clausse, les vitraux par diverses confréries, sur lesquels certains donateurs sont représentés et même l’abbé Richard qui a succédé comme curé à l’abbé Gau. La Maréchale de Mac-Mahon, femme du Président de la République, est marraine d’une cloche. La dédicace de la nouvelle église eut lieu à la fin de 1875. La reconstruction a donc été très rapide, le clocher étant achevé un peu plus tard.
On construit une nouvelle mairie, à l’angle de la rue de Suresnes (ancienne) et de la Grande Rue, abritant également une classe d’école. On aménage la place des Tilleuls en construisant un mur de soutènement et un escalier d’accès à la Grande Rue.
– Ainsi, Garches change rapidement de visage, le travail de la vigne est vite abandonné. La superficie cultivée tombe ainsi à 2 ha en 1892. Les grandes propriétés sont peu à peu morcelées et loties, ainsi la maison du Docteur Civiale, un temps abandonnée, devient une institution pour jeunes filles (elle deviendra notre actuelle mairie) et deux rues sont percées au travers du parc : elles prennent le nom des provinces perdues.
– Grâce à un embranchement partant de la gare de Saint Cloud, le chemin de fer arrive à Garches en 1884, où s’élèvent peu à peu des villas ; une rue de la Station, qui prendra les noms des maréchaux Joffre et Foch, est percée en partie au travers du parc Civiale.
Ainsi à quelques détails près (l’actuelle place Saint Louis), le centre de Garches prend sa physionomie actuelle et sur le champ de bataille seront construits un golf (bergerie de Buzenval), des villas (château et parc de Craon), un collège (Henri Bergson) et les immeubles de la Verboise.
Je vous remercie de votre attention.
A l’occasion de cette conférence et pour cette commémoration, une gerbe de fleurs à été déposée sur la stèle du monument de la rue du 19 janvier à Garches, par Monsieur Jean Michel BUCHOUD, président de l’Association du CDI de Garches.
Bibliographie
Sur chacun des points évoqués vous pouvez trouver des informations complémentaires dans l’encyclopédie en ligne Wikipédia. Elle constitue une bonne porte d’entrée.
Voici cependant une liste d’ouvrages qui vous permettront d’aller plus loin (gardez toujours un œil critique sur ce qui peut paraître un peu trop hagiographique).
Sur le Congrès de Vienne
Sur l’expédition d’Espagne de 1823
Sur la Confédération Germanique
Sur la Confédération de l’Allemagne du nord
Sur Bismarck
Sur la crise luxembourgeoise
Sur Napoléon III et le Second Empire
Sur la guerre de 1870
Sur la seconde bataille de Buzenval, 19 janvier 1871
Sur Garches
Sur les monuments dédiés à la guerre de 1870-1871
Un commentaire
Jean-Michel BUCHOUD
Feb 18, 2022
Un compte rendu enrichi que toute personne intéressée par l'histoire locale de Garches, Buzenval, Saint-Cloud et des environs, ou plus généralement par tant la guerre de 1870-1871 se devrait de lire, tant on trouve d'informations sur le déroulement de cette bataille du 19 janvier 1871.