COMMENT LES EGYPTIENS ONT-ILS PU CONSTRUIRE LEURS PYRAMIDES? 2 500 ans de mystère, une éclaircie
Thème : HISTOIRE ET CIVILISATION Conférence du mardi 15 Janvier 2008
Comment les Egyptiens ont-ils pu construire leurs pyramides ? 2 500 ans de mystère… une éclaircie
Par Jean-Pierre Houdin – Architecte DPLG
La construction de la pyramide de Kheops fascine depuis toujours. De nombreuses théories ont été avancées mais aucune ne résiste vraiment aux analyses. Celle que je développe depuis 1999 aborde cette construction sous un angle complètement différent. Pour confronter cette théorie, nous avons développé avec Dassault Systèmes un logiciel permettant de visualiser les travaux en 3D. A l’issue de la présentation de cette simulation en temps réel, en mars 2007 à la Géode, le public et les médias présents sont repartis convaincus. C’est avec joie que je viens vous présenter cette simulation en 3D à Garches.
Tombeau du pharaon Kheops, la pyramide a été bâtie il y a plus de 4 500 ans sous la IVe dynastie, qui constitue l’apogée des connaissances techniques en matière de pyramides. Haute de 146 mètres, sa construction a duré une vingtaine d’années. Elle faisait partie de ces grands travaux d’Etat grâce auxquels l’Etat égyptien a pris son essor et qui permettaient d’unifier la haute Egypte et la basse Egypte. Contrairement aux idées reçues, les personnes qui ont bâti la pyramide de Kheops n’étaient pas des esclaves, mais des travailleurs, payés, nourris, blanchis et logés. Des villages ont été construits à proximité pour accueillir les 4 000 travailleurs permanents (deux groupes de deux mille hommes) et les saisonniers, des paysans qui venaient travailler sur le chantier quand le Nil était en cru et leurs champs inondés.
Des siècles d‘énigme
Pour faciliter l’acheminement des matériaux sur le site, les Egyptiens ont construit un port indépendant du Nil, avec une prise d’eau au fleuve située à trente kilomètres en amont. Les pierres étaient acheminées des carrières de Tourah, situées à une dizaine de kilomètres à l’est du site et surfacées au cuivre immédiatement après extraction. Les pierres étaient pré-taillées en usine, les longueurs étant déjà préparées, et prêtes à être mises en place. Quant au granit utilisé pour la chambre du roi, il venait par bateau d’Assouan et était façonné à la dolérite. Le bois, quant à lui, était importé du Liban. Le chantier était énorme, mais tout était extrêmement bien planifié, chaque travailleur savait exactement ce qu’il avait à faire.
De nombreux chercheurs essaient depuis longtemps de comprendre comment les Egyptiens ont pu réussir à placer des poutres de 60 tonnes à soixante mètres de la base. Hérodote, en 450 avant JC, avait émis l’hypothèse que des machines en bois avaient permis de lever les lourdes pierres. Mais c’était sans tenir compte de la pente de 51° qui rend l’usage de telles machines impossible. Plus près de nous, l’égyptologue allemand Ludwig Borchardt a émis l’hypothèse que les Egyptiens avaient utilisé une rampe frontale, perpendiculaire à une des faces de la pyramide avec une pente constante quelle que soit l’élévation. Cette théorie est très utile pour expliquer la construction jusqu’au tiers de la hauteur (ce qui correspond tout de même aux deux tiers du volume) mais se heurte à un inconvénient majeur : si cette rampe était aussi haute que la pyramide, il aurait fallu qu’elle soit extrêmement longue pour que la pente reste douce, et la construction de cette rampe aurait été aussi considérable que la pyramide elle-même.
Les Egyptiens, des ingénieurs extraordinaires
Mon intuition est qu’une rampe frontale a bien été utilisée pour construire le premier tiers de la pyramide en hauteur et qu’une autre rampe, intérieure et en forme de spirale, construite dès la base au fur et à mesure de l’avancée des travaux, a été utilisée pour permettre l’achèvement des deux tiers restants.
Au bout de cinq ans de chantier, la base de la pyramide est sortie de terre. Parfaitement carrée, elle est posée sur un socle rocheux. Les pierres extérieures forment une ceinture qui donnera l’aspect extérieur de la pyramide. Quant à la rampe frontale, véritable cordon ombilical de la pyramide, elle est construite sur sa longueur maximale dès le départ mais est surélevée à chaque fois que la pyramide grandit. S’il ne subsiste aucun vestige de cette rampe, c’est parce que ses pierres ont été réutilisées dans les dernières années du chantier pour être assemblées à l’intérieur de la pyramide.
Passons à la quatorzième année de travaux. La rampe extérieure a atteint sa hauteur maximale, soit le tiers de la hauteur de la pyramide. C’est à ce niveau qu’est construite la chambre du roi. Les poutres de 60 tonnes sont tractées par un complexe et très ingénieux système de jeu de cordes et grâce à un système de contrepoids qui descend dans la grande galerie (ce que nous confirment les encoches sur place). C’était une ingénierie extraordinaire, les Egyptiens avaient tout compris de l’équilibre des forces. Pendant que le contrepoids descend dans la galerie (qui n’est pas encore couverte, elle le sera plus tard), à l’autre extrémité, le bloc de granit monte. Ce n’est qu’une fois que toutes les poutres en granit sont acheminées que la chambre du roi est construite. A ce stade, 70% du volume de la pyramide a bâtie. C’est à partir de là que les autres théories bloquent. Comment les Egyptiens ont-ils pu monter tout là-haut ? La solution : grâce à une rampe intérieure.
La rampe intérieure
Nous sommes maintenant dans la dix-neuvième année de construction. Les blocs de pierre (qui ne pèsent plus 60 tonnes mais 1 tonne) sont acheminés en haut de la pyramide grâce à la rampe intérieure. La première volée, qui part de la base jusqu’à la première arête, mesure 185 mètres de long. Une fois arrivés au bout de cette première montée, les ouvriers doivent ensuite faire tourner le bloc de pierre pour qu’il puisse continuer sa progression. Pour ce faire, des encoches ont été laissées ouvertes aux extrémités des arêtes. A cet endroit, un système de levier en bois (on accroche le bloc à une corde qui est rattachée à une poutre) permet de soulever le bloc et de le faire tourner. Une fois remis sur ses rails, le bloc est tiré par une deuxième équipe jusqu’à l’arête suivante, et ainsi de suite. Ce n’est qu’une fois la pyramide terminée que les encoches sont rebouchées, en partant du sommet et en utilisant à nouveau la rampe intérieure.
Plusieurs indices valident cette thèse. On peut distinguer la forme d’une encoche sur une des arêtes de la pyramide. Mieux encore, en 1986, une expédition patrie chercher des pièces secrètes avait ausculté la pyramide. Cette micro gravimétrie avait révélé une anomalie en spirale, ascendante et de densité très inférieure à celle de la pierre et pouvant correspondre à du vide. Sans rapport avec leurs recherches, l’équipe n’avait pas poussé plus loin. Quand j’ai élaboré ma théorie, je n’avais absolument pas connaissance de cette anomalie qui, étonnamment, monte en spirale exactement comme ma rampe intérieure. Pour en être absolument certain, je cherche, depuis quatre ans, à mettre en place une mission qui permettrait de mettre au jour cette rampe, avec des moyens modernes, sans toucher la pyramide. Plusieurs égyptologues renommés sont d’accord pour faire partie de mon équipe. Il ne reste qu’à attendre un accord des autorités.
Je souhaite avant tout saluer l’extraordinaire ingéniosité des bâtisseurs de pyramides. Songez qu’il y a moins de différence de niveau entre l’angle nord-ouest et l’angle sud-est (4 centimètres seulement) de cet immense édifice qu’il n’y en a pour un pavillon moderne.
En savoir plus …
Coté livres :
Kheops : Les secrets de la construction de la Grande Pyramide
Auteur : Jean-Pierre Houdin
Éditeur : Editions Du Linteau
ISBN-10: 291034245X
Coté Web :
http://www.construire-la-grande-pyramide.fr/html/jph.htm
http://www.construire-la-grande-pyramide.fr/
http://www.linternaute.com/savoir/encyclopedie/egypte.shtml
http://www.journaldunet.com/science/science-et-nous/diaporamas/07/pyramide/1.shtml
Pour revivre la conférence de Jean Pierre HOUDIN
http://khufu.3ds.com/introduction/fr/
http://www.linternaute.com/savoir/la-pyramide-de-kheops/la-theorie-de-jean-pierre-houdin.shtml
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