Thème: HISTOIRE – MEDECINE Mardi 3 Décembre 2013
par Robert DUCLUZEAU – Ancien Président du Centre INRA de Jouy en Josas
Ancien directeur de recherches à l’INRA (Institut national de recherche agronomique) en région parisienne Robert Ducluzeau continue à faire des recherches et notamment sur la médecine royale pendant la période remarquable de la Renaissance. Car cette époque là est particulièrement enrichissante et que ce soit dans le domaine des arts ou de la pensée en général souffle un vent nouveau, la discipline médicale ne se tient pas à l’écart de ce mouvement puisque de nombreux changement s’opèrent également à cette période.
Les rois de la Renaissance étaient entourés par ce que l’on appelait une « Maison médicale du roi ». Celle ci était constituée de tout un groupe de médecins et autres soignants qui étaient chargés de s’occuper de la santé du roi.
Tous étaient sous la direction du Premier médecin du roi qui gérait une série d’équipes médicales temporaires et servant par quartier. L’équipe n’était jamais là en totalité ni en permanence ; les médecins spécialistes (oculistes, dentistes, renoueurs…) étaient appelés en fonction des besoins, tout comme les chirurgiens qui s’occupaient tout particulièrement des saignées ou encore les apothicaires. Toutes ces personnes composaient donc la maison médicale du roi, qui pouvait monter parfois jusqu’à une quarantaine de personnes.
Contrairement aux autres fonctions administratives de la cour, l’office de médecin du roi ne s’achetait pas ; c’était le roi lui-même qui choisissait ses médecins et les rémunérait mais leurs fonctions prenaient fin quand le roi mourait . Leur importance sociale tout comme leur influence était relativement importante, en particulier pour le premier médecin qui était la première personne que le roi voyait le matin et la dernière qui lui rendait visite le soir.
L’accès à cette fonction ne nécessitait cependant pas d’être noble ou de détenir une certaine fortune (ce qui n’était pas commun pour l’époque ). La plupart de médecins royaux provenaient des universités de Paris ou de Montpellier et devaient surtout bénéficier d’une solide réputation associée à un bon piston, la plupart du temps filial…
En effet, on peut considérer qu’il y a eu des dynasties de médecins du roi! Des dynasties comme celles de la famille Pidoux par exemple: le premier à accéder à cette place privilégiée fut François Pidoux qui soignât Henri II jusqu’à sa fin mortelle lors d’un tournoi en 1552. Proche de Catherine de Médicis, il resta le premier médecin de Charles IX. Son fils, Jean Pidoux, fut également placé aux côtés du Duc D’Anjou, l’un des fils de Catherine de Médicis. Lorsque celui ci revint de Pologne pour monter sur le trône et devenir Henri III, Jean Pidoux resta son médecin. Homme cultivé et intéressé, il eut beaucoup de succès, notamment grâce à ses recherches sur les stations thermales et les eaux minérales de Pougues. En 1610, il réussira à son tour à introduire un de ses fils à la cour du roi…
Mais les médecins royaux de l’époque étaient également des hommes actifs sachant mettre leurs réflexions à profit pour faire avancer le domaine médical et parfois même la condition des plus pauvres . Une des plus célèbres figures de l’époque est incarnée par Théophraste Renaudot, un homme d’une rare intelligence.
Ce médecin du roi, repéré par le père Joseph et soutenu par Richelieu avait ouvert une sorte de dispensaire charitable qui, en plus de proposer des soins aux plus pauvres publiait une feuille d’annonces. Ce « bureau d’adresse », véritable agence d’intérim avant l’heure, favorisait l’échange par annonces entre ceux qui proposaient leurs services et ceux qui en demandaient. Son système destiné aux plus démunis perdura et l’on peut dire aujourd’hui qu’il instaura les préceptes de la sécurité sociale.
EN SAVOIR PLUS…
Coté livre :
Geste Editions – 2012