Thèmes: Histoire, Société Conférence-visite du jeudi 27 février 2020
UNE VISITE AU MUSÉE DU BARREAU DE PARIS LE 27 FÉVRIER 2020
Visite organisée par le CDI de Garches
sous la conduite de Jean-Marc ESVAN, guide conférencier du Musée du Barreau de Paris
Par un après-midi pluvieux et surtout venteux -un arbre est tombé sur une voiture Quai Branly, tuant son conducteur- et après avoir partagé un déjeuner au restaurant Les Artizans rue Montorgueil, notre petit groupe, accompagné de notre guide conférencier Jean-Marc ESVAN, s’est rendu au 25 rue du Jour, siège du Barreau de Paris, qui abrite le musée du Barreau, but de notre visite.
Le musée est situé au sous-sol de l’ancien Hôtel Antoine de la Porte construit au XVIIe siècle.
Pendant le temps des formalités tous ont pu admirer le superbe escalier -classé- qui mène aux étages supérieurs. Et ce fut la descente au sous-sol, magnifique espace de 125m², avec voûtes et piliers de calcaire, qui abrite une partie des archives du Barreau, sculptures, peintures et autres objets de justice.
Ce jour 27 février, c’est à une visite privée que nous convie Jean-Marc ESVAN, le musée n’étant ouvert que pour notre groupe. La visite est axée sur « l’Affaire » qui fait l’objet de l’exposition temporaire. Passant de vitrines en vitrines, de bustes en tableaux, de plaidoiries originales en originaux du suppléments illustrés du Petit Journal en passant par les caricatures – que l’on n’oserait
plus publier aujourd’hui – et après avoir brossé le tableau de la IIIe République agitée en cette fin du XIXe siècle, anarchisme, répression, exécutions, assassinat, M. ESVAN nous retrace avec force détails « l’Affaire » qui vit Alfred Dreyfus, brillant capitaine du 14 e Régiment d’Artillerie, alsacien de religion juive, accusé de trahison de la République pour avoir prétendument livré des documents secrets à l’Allemagne, ennemi juré depuis la défaite de la guerre de 1870, jugé par un tribunal militaire, dégradé, humilié, déporté au bagne sur l’Ile du Diable, en Guyane. Nous sommes en en 1894.
Après cette condamnation, il faudra tout le scepticisme et la droiture du lieutenant-colonel Georges Picquart, qui a été le supérieur de Dreyfus et qui pourtant n’apprécie pas l’homme, et qui deviendra en 1895 chef du Bureau des Statiques, joli nom pour parler des services de contre-espionnage, et qui découvrira le véritable auteur de la trahison, à savoir le commandant Ferdinand Esterhazy. Il faudra également tout l’engagement et l’opiniâtreté de la famille de Dreyfus, en particulier de son frère Mathieu, des avocats comme Labori, des écrivains comme Zola avec la Une du journal l’Aurore du 13 janvier 1898 et son fameux « J’accuse », des politiques, pour que de procès en procès, de condamnation de Dreyfus et d’acquittement de Ferdinand Esterhazy, Dreyfus soit finalement réhabilité en 1906. Il sera réintégré dans l’armée. Mobilisé pendant la Grande Guerre il participera aux combats du Chemin des Dames et de Verdun. Victime d’un attentat en 1908, il avait été blessé, mais son agresseur acquitté lors de son procès !
C’est avec précision que M. ESVAN nous aura fait revivre ces pages douloureuses de l’histoire de France de la fin du XIXe et début du XXe siècle, avec sous nos yeux, les documents d’époque.
Nous nous sentons privilégiés, privilégiés d’avoir pu bénéficier d’une visite privée du musée du Barreau, privilégiés d’avoir pu profiter des connaissances de M. ESVAN qui n’a pas ménagé son temps, privilégiés d’avoir découvert ce musée du Barreau avant que le musée ne ferme définitivement fin mars 2020 – le bâtiment est vendu à des promoteurs – et que les collections ne soient stockées pour de longs mois, voire des années.
Jean-Michel BUCHOUD