Thème :MEDECINE ET SCIENCES NATURELLES Mardi 13 Décembre 2005
Par Dr Marc Slama – Chef de service à l’Hôtel-Dieu
La chirurgie faciale et palpébrale
L’évolution se fait progressivement au niveau de la face. Les tissus suivent l’apesanteur. Avec le temps, ils vont en s’affaissant, essentiellement au niveau du cou, des joues, autour de la bouche et des yeux. Le vieillissement du visage se traduit également au niveau des muscles, qui perdent en élasticité. A âge égal, l’évolution de la face diffère selon les personnes. Certains visages sont très marqués, d’autres beaucoup moins et il faut respecter la spécificité anatomique de chaque visage. Une personne ayant un angle cervico-mentonnier peu marqué (double menton) n’aura pas, même après une opération, un angle très marqué (saillant).
La blépharosplatie technique permet de traiter l’excès cutané et graisseux de la paupière. L’acte chirurgical consistera à pratiquer l’ablation de ces tissus. Selon les anatomies, il est parfois nécessaire de pratiquer un lifting au niveau des tempes pour remonter les paupières.
Le lifting cervico facial (LCF)
Le LCF consiste à remettre en tension des plans cutanés et musculaires. Toutes les incisions cherchent à s’intégrer dans des plis naturels afin de ne pas « signer » l’opération, elles tournent en général autour de l’oreille. Dans cette chirurgie, il faut rester très naturel, ne pas marquer. En définitive, la personne ne doit pas s’entendre dire « Qu’est-ce qui t’es arrivée ? » mais « Tu as l’air reposée ». La personne recherche un résultat immédiat, pas quelque chose qui soit joli au bout de quelques mois. Il est important de préciser avant l’opération qu’on ne fait pas tout disparaître. Un LCF n’est pas un fer à repasser, il faut laisser des marques d’expression. En en faisant trop, on risquerait de déformer l’unité du visage, ce qui n’est évidemment pas le but recherché.
Les liftings du front ne donnent pas toujours des résultats satisfaisants. Si l’on tire trop, cela donne un regard étonné, comme un animal dans les phares d’une voiture. La toxine botulique (botox) permet de limiter le nombre de plis car elle paralyse le muscle qui permet de froncer les sourcils. Là encore, un abus de botox fait perdre les expressions du visage et lui donne un air artificiel.
Le laser peut être utilisé pour traiter certaines régions du visage mais, conséquence fâcheuse, la cicatrisation prend plusieurs semaines.
La technique de Coleman
Cette technique, utilisée en chirurgie plastique et réparatrice, consiste à réinjecter la propre graisse du patient. Après centrifugation de la graisse prélevée, on pratique de micro greffes de graisses qui permettent de réparer certaines atrophies faciales. On peut, ainsi, « rematelasser » le visage, lui apporter plus de rondeur.
Avant toute intervention, un bilan initial doit être organisé avec le patient pour l’informer de ce qui peut être fait et, surtout, ce qui ne peut pas être fait.
La chirurgie corporelle
Les interventions les plus pratiquées en chirurgie corporelle concernent les seins. Ainsi, nous reconstruisons des seins après une ablation liée à un cancer. Nous remettons quelque chose qui ressemblera à ce qu’il y avait avant mais qui n’est pas la même chose. Quand il y a assez de peau, on peut placer un implant – en général une enveloppe de silicone – et on reconstitue un mamelon par un tatouage en dermo pigmentation. En revanche, quand la peau manque, la mise en place d’un implant ne donne pas de résultat satisfaisant. Il faut prendre des tissus d’autres régions du corps, le plus souvent autour de l’omoplate ou au niveau du grand droit de l’abdomen.
Des chirurgies corporelles plus complètes touchent les obèses. Il peut s’agir de réparer les séquelles d’un amaigrissement important, ou d’améliorer la mobilité au quotidien. Suite à la pose d’un anneau gastrique, une patiente avait perdu environ 45 kilos mais sa peau était retombée. L’intervention de chirurgie réparatrice a consisté à retirer l’excès de peau et de tissus graisseux au niveau des seins et de l’abdomen. Parfois des excès de graisses s’accumulent au niveau et il est alors difficile de masquer la cicatrice.
La lipo-aspiration ne sert qu’à traiter des zones déterminées de cellules graisseuses et permet de traiter des régions peu sensibles aux amaigrissements (ex : la culotte de cheval chez la femme).
La chirurgie réparatrice vise à redonner à un corps une anatomie proche de celle qui existait avant. On doit rester réaliste. Un plasticien ne transforme pas, il aide à rendre un aspect correct. Il est important de rester naturel, ne pas être tenté par l’excès et ne pas chercher à tout faire disparaître. La chirurgie esthétique est en pleine expansion chez les hommes. Ils représentent un quart des consultations alors qu’ils étaient très peu voilà dix ans. La chirurgie réparatrice est prise en charge par la Sécurité Sociale, la chirurgie esthétique ne l’est pas. Il est important de ne pas mélanger les statuts.
En France, le Conseil de l’Ordre des Médecins ne reconnaît que les chirurgiens plasticiens, réparatrice et esthétiques. Mais trois mille personnes pratiquent des actes de chirurgie esthétique. Pour empêcher ces dérives, une nouvelle loi est appliquée au 12 janvier 2006 : seuls les chirurgiens plasticiens auront le droit d’exercer des actes de chirurgie esthétique. Le risque financier pour les hôpitaux fraudeurs est élevé : 300 000 euros d’amende par patient.
On remarque malheureusement un développement du « tourisme chirurgical » vers la Tunisie, le Brésil ou l’extrême Orient. Pour les patients, c’est la porte ouverte à tous les ennuis. Aucune rencontre préalable n’est organisée avant l’opération et, en cas de souci post-opératoire, le patient ne sait plus vers qui se tourner. En France, le chirurgien accompagne le patient avant, pendant et après l’opération.
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Coté Web :
http://www.color-institute.com/Francais/Therapies/Therapiefr.html
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