Thème : MEDECINE Mardi 18 Octobre 2011
Le cholestérol
Par le Professeur Bruckert – Chef du service d’endocrinologie-métabolisme du groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière
Le cholestérol et ses dérives, sujet bien trop souvent galvaudé dans les médias, nous a été exposé ce jour de façon limpide par notre invité, le professeur Bruckert.
Tout d’abord quelques notions épidémiologiques :
Il y a chaque année en France :
– 110 000 infarctus du myocarde
– 3 millions de coronariens (qui ont eu une maladie coronaire)
– 120 000 accidents vasculaires cérébraux. (hémiplégie)
Les maladies cardiovasculaires sont en France la 1ère cause de mortalité, d’handicap et d’hospitalisation, ainsi que la 1ère source de dépenses auprès de la sécurité sociale. Elles sont plus développées en Europe du Nord qu’en Europe du Sud du fait sans doute aux habitudes alimentaires et modes de vie.
Depuis 50 ans, leur fréquence est divisée par 4 grâce aux progrès de l’ensemble de la cardiologie mais si toutefois les maladies cardiovasculaires diminuent, il existe toujours les mêmes facteurs de risque qui les provoquent.
Qu’est-ce qu’une maladie cardiovasculaire ?
La maladie cardiovasculaire apparaît à partir de la cinquantaine et souvent de façon assez brutale même s’il existe toujours au préalable une longue phase de latence favorisée par divers facteurs.
Les trois maladies cardiovasculaires les plus fréquentes sont les suivantes :
Il existe aussi l’anévrisme (l’artère qui se dilate), l’atteinte rénale et l’artérite mésentérique (douleurs à l’abdomen pendant et après les repas) mais elles sont plus rares.
Qu’est-ce que l’artériosclérose ?
De façon générale, le terme « sclérose » désigne toute dégénérescence fibreuse d’un tissu ou d’un organe. Avec l’âge, les tissus qui constituent les artères perdent leur élasticité et deviennent plus rigides.
Le vieillissement normal des artères se nomme artériosclérose.
L’artériosclérose s’accompagne très souvent de dépôts lipidiques,- cholestérol-, sur la paroi interne des artères, dits « athéromes ». L’athérosclérose se produit lorsque apparaît l’épaississement de la paroi des grosses artères (sur l’aorte abdominale, les coronaires, les artères cérébrales, les artères de jambes) et son obstruction par des plaques d’athérome.
Quels sont les facteurs contribuant à son déclenchement?
Certains facteurs contribuent au déclenchement des maladies cardiovasculaires. On en connait tous quelques uns comme le tabac ou les graisses. D’autres facteurs négatifs sont moins connus comme le diabète, l’hypertension artérielle, l’obésité abdominale ou les facteurs psychosociaux (les grands stress comme les décès de proches ou les faillites).
Quels sont les facteurs qui, au contraire, protègent contre le risque d’artériosclérose ?
Les facteurs qui protègent contre ce risque sont l’exercice physique régulier, les fruits et les légumes variés, et peut être une petite quantité d’alcool quotidienne (valable seulement en cas de respect des deux autres critères !)
Mais finalement, le cholestérol, c’est quoi ?
Le cholestérol fait partie des graisses qui sont transportées par le sang et qui ne se mélangent pas à lui. En excès, il est responsable de la formation des plaques d’athérome.
Ce processus ressemble à celui du calcaire qui bouche les conduits d’une robinetterie. Au fil du temps, ces dépôts s’imprègnent de fibrinogène, de plaquettes, de cellules sanguines, de calcium et se solidifient.
Cette graisse ne peut circuler que dans des particules LDL ou HDL :
Souvent le HDL peut compenser le risque LDL.
L’alimentation, le tabac et le poids sont des facteurs déterminants dans ce mécanisme. Il suffit donc de savoir modérer son comportement alimentaire et se tenir par exemple à 6g/jour de sel, d’absorber des fibres, des graisses végétales et d’éliminer de sa consommation les graisses animales.
Ce qu’il faut savoir :
En France, l’on peut observer beaucoup de réticence quant au traitement médical du cholestérol; sans doute parce que les effets secondaires de ces traitements sont trop souvent mis en valeur en jouant un rôle dissuasif sur une bonne partie des patients. Par ailleurs, des sentiments doubles sont suscités par la maladie : un jugement moral (avec une part de culpabilité : « je ne devrais pas fumer, manger trop gras, trop salé ») et une part génétique incontrôlable (« ce n’est pas de ma faute »).
La médecine a pourtant grandement évolué sur ce terrain : pour lutter contre les excès de cholestérol, deux stratégies sont utilisées : la diététique et le traitement médicamenteux. Cette dernière option repose sur les hypolipémiants, capables de réduire les taux de lipides sanguins et ainsi de normaliser le risque cardiovasculaire.
Parmi les traitements, les fameuses statines : Tahor, Elisor, Zocor , Crestor etc., baptisées « pénicillines du coeur » ; ces médicaments constituent une avancée majeure dans le traitement des maladies cardiovasculaires.
De même, le perfectionnement des techniques d’imagerie permet aujourd’hui de dresser un meilleur diagnostic et un dépistage précoce des problèmes cardiovasculaires.
Quoi qu’il en soit , il faut faire confiance à la médecine qui a grandement progressé sur ce terrain et éviter à tout prix de plonger dans le syndrome de Churchill qui affirmait qu’on pouvait manger bien, fumer beaucoup et vivre longtemps en bonne santé !
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