VACCINS ET VACCINATION, hier et demain

Thème : MEDECINE ET SCIENCES NATURELLES                                                                                             Conférence du mardi 22 Janvier 2008

Vaccins et vaccination, hier et demain

Par Maxime Schwartz – Directeur général honoraire de l’Institut Pasteur

Les vaccins sont l’arme la plus efficace mise au point par l’homme pour lutter contre les maladies infectieuses. La variole a été éradiquée, et la poliomyélite pourrait bientôt en faire de même.

Edward Jenner, l’inventeur de la vaccination

Prélude à la vaccination, les hommes ont pratiqué la variolisation pendant longtemps. Cette pratique découlait d’une observation simple : la variole ne peut se contracter qu’une seule et unique fois dans sa vie. Le virus était donc injecté à des personnes en bonne santé, en espérant qu’il serait moins virulent que sur des personnes déjà fragilisées. Les Chinois pratiquaient déjà la variolisation dès le 10e siècle, et cette méthode fut introduite en Europe par Lady Montague au 18e siècle. Cette pratique assez efficace présentait néanmoins un risque mortel non négligeable, de l’ordre de 2%. Mais la variole était une maladie terrible qui faisait des dizaines de milliers de morts chaque année.

Le 14 mai 1796, un médecin anglais, Edward Jenner, a pratiqué la première vaccination au monde. Il s’était rendu compte que les personnes en contact avec les vaches contractaient une forme bénigne de la variole, la vaccine. En prélevant du pus d’une femme atteinte de ce virus et en l’appliquant à un enfant, il a réussi à immuniser ce dernier, alors qu’on ignorait encore l’existence des microbes. Cette découverte considérable fut un énorme progrès par rapport à la variolisation. En 1967, l’OMS a lancé une campagne d’éradication mondiale de la variole, qui tuait encore 15 millions de personnes par an dans le monde. En 1980, l’OMS déclare officiellement le virus de la variole éradiqué.

Louis Pasteur, l’inventeur du vaccin

En 1879, Louis Pasteur travaille sur le choléra des poules, aujourd’hui nommée « pasteurellose ». Il découvre que des formes vieillies et atténuées de la pasteurella, inoculées à des poules, les protègent de la forme virulente de la bactérie. Il poursuit son expérience sur d’autres maladies, pour lesquelles il s’applique à trouver des formes atténuées. En 1881, il trouve le vaccin de la maladie de charbon. Son expérience sur cinquante moutons est une totale réussite. Les vingt-cinq moutons qui ont reçu la forme atténuée avant de se voir inoculer la forme virulente ont tous survécu, alors que les vingt-cinq autres moutons, non protégés, sont morts. Cette expérience convainc le grand public de la justesse des thèses de Pasteur. Le vaccin contre la rage, qui fait sa gloire, ne fait pas partie de cette catégorie de vaccin à forme atténuée. Le virus est, en fait, mort. Pour ses recherches contre la rage, il a transmis le virus d’un chien enragé à un lapin puis l’a transféré de lapin en lapin pour le multiplier. Ce n’est que bien plus tard qu’il se rendra compte qu’en chauffant la moelle épinière du lapin en pensant l’atténuée, il avait tué le virus.

Dès lors, Pasteur ouvre la voie au deuxième type de vaccins : les vaccins tués (les microbes ont été tués par la chaleur ou des procédés chimiques). Puis une troisième forme de vaccin est découverte : le vaccin sous-unitaire, qui correspond à des molécules provenant de l’agent infectieux.

Les vaccins actuels se répartissent ainsi :

Agent infectieux atténué : variole, poliomyélite (oral), tuberculose (BCG), rougeole, oreillons, rubéole, fièvre jaune, varicelle.

Agent infectieux tué : coqueluche, poliomyélite (injectable), grippe, rage, hépatite A, encéphalite japonaise.

Agent infectieux sous-unitaires : diphtérie, tétanos, haemophilus influenzoe, pneumocoque, méningocoque, hépatite B, typhoïde Vi.

Le domaine de l’immunologie et de la vaccinologie est en plein développement. Actuellement, les chercheurs utilisent notamment le génie génétique pour tenter localiser les gênes responsables de la virulence des virus, puis les inactiver.

Réponse immunitaire et immunologie

Quels sont les effets du vaccin sur l’organisme ? Le bactériologiste allemand Emile von Behring a, le premier, découvert que l’organisme soumis à une toxine produit une « anti-toxine » pour se défendre. On sait maintenant que les anti-toxines étaient des anticorps, c’est-à-dire des protéines capables de fixer spécifiquement la toxine étrangère et lui faire perdre son activité. Les anticorps apparaissent suite à une exposition à une présence étrangère. La production d’anticorps est l’un des éléments de l’immunité dite « adaptative ».

Le pasteurien Elie Metchikoff découvre l’existence d’une immunité innée dans notre organisme. Quand des microbes attaquent, nos globules blancs nous protègent. Si certains microbes réussissent à franchir cette première ligne de défense et à provoquer une maladie, cela stimule notre système immunitaire, notamment le système d’anticorps, ce qui élimine l’élément pathogène. Notre organisme sera ensuite protégé vis-à-vis d’une deuxième exposition au même agent infectieux. Le vaccin doit donc « mimer » une première infection pour que notre organisme soit protégé quand le « vrai » virus attaquera.

Quelle vaccination demain ?

Les chercheurs ne veulent plus seulement stimuler l’immunité naturelle mais aller au-delà : trouver un vaccin pour des maladies contre lesquelles notre système immunitaire ne parvient pas à éliminer l’agent infectieux fabriquer. Dans le cas du sida, le fait d’être séropositif (producteur d’anticorps contre le virus) ne protège pas du virus. Il faut donc créer, de façon artificielle, une immunité de l’organisme.

On cherche aussi  à vacciner contre le cancer, d’une part 15% des cancers résultent d’une infection. Certaines formes chroniques d’hépatite B, par exemple provoquent un cancer du foie. Les cancers du col de l’utérus sont dû à la présence d’un virus, et c’est pourquoi une campagne de vaccination vient d’être lancée chez les jeunes filles. D’autre part, pour tous les cancers, même ceux non provoqués par un agent infectieux, on sait que les cellules tumorales expriment des « étiquettes », ce qui peut permettre au système immunitaire de les reconnaître et éventuellement de les détruire.

Les vaccins ne sont pas la panacée

Contrairement aux antibiotiques qui protègent l’organisme contre une bactérie seulement pendant toute la durée de prise du médicament, le vaccin est inoculé par avance à une personne en bonne santé pour que son organisme puisse se défendre à l’avenir. Problème : il n’existe pas de vaccin pour toutes les maladies. Dans le cas de la grippe, il faut penser à se faire vacciner tous les ans car le virus mute d’une année à l’autre. Le nouveau vaccin, qui est conçu à partir de la souche de l’année précédente, protègera que partiellement. Si une pandémie de grippe aviaire H5N1 devait se déclencher demain, nos vaccins grippaux seraient inefficaces et il faudrait un certain laps de temps avant de trouver le bon vaccin.

Malheureusement, même quand des vaccins existent, ils ne sont pas accessibles à tous. Des pays en développement n’ont pas assez d’argent pour se les payer, et des conditions sanitaires souvent insuffisantes. La rougeole, dont le vaccin existe, tue encore 350 000 personnes par an.

Les vaccins présentent-ils des risques ?

Tous les médicaments présentent des effets secondaires plus ou moins contrariants. Le problème du vaccin est qu’il est injecté à une personne bien portante. Le moindre problème est donc beaucoup plus mal perçu.

Le risque accidentel, qui résulte d’une erreur dans la nature du produit injecté, est heureusement rarissime. En 1929, à Lubëck, un BCG mélangé à un bacille virulent de la tuberculose a tué 70 enfants. Aujourd’hui, de très nombreux contrôles permettent de limiter ce type de risque.

Il existe néanmoins un risque constitutif au vaccin lui-même. Dans le cas du BCG, on sait que deux personnes sur un million vont développer une bécégite généralisée. Pour le vaccin oral de la poliomyélite, 1,4 à 3,4 personnes sur un million risquent de développer la maladie. Dans la plupart des cas, les vaccins provoquent des réactions indésirables bénignes (fièvre, irritabilité, réaction localisées…) qui sont de moins en moins acceptées dans notre société. Mais ces petites gênes doivent être mises en parallèle avec la protection fournie chaque année à des millions de personnes. Certaines maladies ont été réduites de 98 à 100% des cas (200 000 morts de diphtérie aux U.S.A. au début du 20e siècle, 2 en 2001).

Parfois se développe un certain laxisme chez les gens qui estiment que ce n’est plus la peine de se faire vacciner. Mais c’est à cause de cette attitude que certaines maladies réapparaissent, comme la coqueluche en Grande-Bretagne ou la diphtérie en Russie.

En France, une polémique est apparue voilà quelques années suite à la campagne de vaccination contre l’hépatite B qui aurait été à l’origine de cas de sclérose en plaques. Pourtant, épidémiologiquement, aucun élément n’a permis de montrer que le vaccin avait provoqué cette maladie. Mais, à l’inverse, comme il est très difficile de prouver l’innocence du vaccin, la population a perdu confiance.

Le vaccin est une invention remarquable qui a sauvé des millions de vies. C’est un domaine en constant progrès, en pleine évolution. Mais le rêve de Pasteur n’est devenu qu’en partie réalité. Pour qu’il le soit complètement, il faudrait d’abord que les vaccins existants soient accessibles à tous, et il faudrait réussir à trouver des vaccins pour des maladies qui continuent à tuer par millions (sida,  maladies respiratoires et virales, maladies diarréïques, tuberculose, paludisme…).

En savoir plus …

Coté Livres :

Vaccinations le guide pratique

Auteur : S.GUIDON

Editeur : PRAT

ISBN : 2-85890-754-4

http://www.prat-fr.com/livre/2-85890-754-4/_vaccin_varicelle.html?ses_prat=5e6b03a

Les vaccins

Auteur : Sylvie Simon

Editeur : Editions Dangles

ISBN-10: 2703306229

http://www.amazon.fr/vaccins-Sylvie-Simon/dp/2703306229

La vérités sur les vaccins : Le guide de tous les vaccins

Auteur : Pierre Dellamonica

Editeur : Alpen Editions

ISBN-10: 2914923481

http://www.amazon.fr/v%C3%A9rit%C3%A9s-sur-vaccins-guide-tous/dp/2914923481/ref=pd_sim_b_title_1

Coté Web :

http://www.doctissimo.fr/html/dossiers/vaccin_vaccination.htm

http://www.who.int/topics/immunization/fr/

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