Thème: Sciences naturelles Mardi 1er avril 2014
par Dorota Etchécopar
Dorota Etchecopar est la veuve du célèbre ornithologue et explorateur français, Robert-Daniel Etchecopar, décédé le 14 janvier 1990 à Versailles. Durant toutes ces années passées auprès de son époux, Dorota Etchecopar a recueilli une grande quantité d’informations qui a donné naissance à un ouvrage remarquable, recueil passionnant réunissant des archives de Robert-Daniel Etchecopar à travers ses nombreuses expéditions, illustré par des aquarelles inédites de Paul Barruel, célèbre peintre et naturaliste français, membre du Muséum National d’Histoire Naturelle.
D’après le dictionnaire Larousse, l’oiseau est un « vertébré ovipare couvert de plumes, muni de deux pattes pour marcher et de deux ailes pour voler ; animal au sang chaud et à la respiration pulmonaire ».
Descendant d’une vieille famille basque, Robert-Daniel Etchecopar grandit en Grande-Bretagne et manifeste, dès l’âge de 10 ans, un grand intérêt pour l’histoire naturelle et en particulier l’ornithologie.
Docteur en Droit en 1933 puis avocat, il a abandonné sa formation et sa profession (comme Buffon) pour se consacrer essentiellement aux oiseaux, apportant ses connaissances juridiques pour la défense de la nature. A la fin de la guerre, Robert-Daniel Etchecopar devient Secrétaire Général de la Société Ornithologique de France. Sa nomination en 1954 comme Directeur du Centre de Recherches sur les Migrations des Mammifères et des Oiseaux (C.R.M.M.O.) au Muséum d’Histoire Naturelle de Paris, fut saluée à l’unanimité. Pierre Pellerin a écrit « sa venue dans le monde de l’ornithologie relève des bienfaits de la Providence ». Visionnaire, diplomate, doté d’une intelligence pragmatique et intuitive à la fois, il a su insuffler son esprit d’explorateur au Centre de Recherches, qui en peu d’année acquiert une envergure internationale, grâce aux résultats de ses travaux universellement reconnus.
La nomenclature ornithologique retiendra pour toujours le nom de Robert-Daniel Etchecopar car il est porté par une petite chouette de Côte d’Ivoire : Glaucidium castaneum etchecopari, décerné en hommage par deux collègues du Muséum d’Histoire Naturelle de Paris.
Paul Barruel, une rencontre providentielle
Sa rencontre avec le peintre et aquarelliste Paul Barruel, exceptionnelle et féconde, va réunir la passion de deux hommes autour de l’observation de la nature et du mystère de l’oiseau. L’empathie et la synergie d’Etchecopar et de Barruel, la mise en commun de leurs compétences et de leurs connaissances a donné naissance à un grand nombre d’ouvrages sur l’histoire naturelle en apportant une contribution inestimable à l’ornithologie et à la protection de la nature à l’échelle planétaire.
Très tôt Paul Barruel s’interesse à la nature qui l’entoure, tant dans Paris que lors de ses vacances et de ses voyages. Sa formation d’ingénieur à l’Ecole Centrale qui comprenait un volume important de cours de dessin et de croquis techniques, a développé son penchant pour les formes et les structures. Il remplit alors des carnets de croquis d’animaux et de plantes rencontrés lors de ses excursions. Cette évolution s’accompagne du désir de nommer mais surtout de connaitre les espèces qu’il rencontre et dessine. Il ne tarde pas à se rapprocher du monde des naturalistes et multiplie les voyages à but scientifique. Quelques temps après leur rencontre Robert-Daniel Etchecopar apprit que Paul Barruel était gravement atteint de tuberculose. Obligé de quitter Paris pour vivre en Savoie, il devait renoncer à sa profession d’ingénieur. C’est à ce moment que Robert-Daniel Etchecopar lui demanda de peindre pour lui toutes les mésanges et fauvettes du monde. Ainsi, devenant son premier mécène il lui assurait une sérénité suffisante pour se consacrer à la peinture.
A travers l’ouvrage « Les Carnets Secrets d’un Ornithologue » un bel hommage est rendu aux travaux de Robert-Daniel Etchecopar et de Paul Barruel sur l’observation patiente des oiseaux et l’étude de 120 espèces, la connaissance de l’écologie de chacune d’elles, des habitats, de la nidification, de l’alimentation, des migrations et des mœurs secrètes de ces vertébrés tétrapodes ailés.
On compare souvent ces petits oiseaux à de savants architectes, tant la conception et la réalisation de leurs nids sont de véritables chefs d’œuvre de constructions, remparts contre les prédateurs et les intempéries. Le cycle de la vie des oiseaux est d’une grande rigueur. De retour dans la zone de nidification s’en suivent la construction du nid, la recherche de partenaire, l’offrande nuptiale, la ponte des œufs, l’incubation et l’élevage des poussins.
Expert mondial en oologie, Robert-Daniel Etchecopar a réuni, tout au long de sa vie une collection de 32 000 œufs qu’il a légué au Western Fundation of Vertebrate Zoology de Los Angeles ; 30% de ces œufs concernent des espèces d’oiseaux disparus. En qualité de membre du Conceil de la Société Nationale de Protection de la Nature et du Fond Français pour la Nature et l’Environnement, il a participé à l’élaboration de toutes les stratégies ayant pour but de protéger les richesses naturelles, et la création de Parcs Nationaux et de Réserves Ornithologiques.
« Expéditions R-D. Etchecopar »
La passion de Robert-Daniel Etchecopar pour les oiseaux migrateurs et ceux des zones arides, lui on fait parcourir le monde. Il organisa de nombreuses expéditions où régna une intense activité scientifique pluridisciplinaire. Le résultat de ces recherches était ensuite publié dans les ouvrages qui demeurent toujours de référence, car aujourd’hui il n’est plus possible de se rendre dans la majorité des pays explorés (Soudan, Irak, Iran, Syrie, Afghanistan,…) « L’expédition R-D. Etchecopar » en Iran est entrée dans les annales du Muséum car elle a mis en lumière des territoires jamais explorés auparavant pour l’histoire naturelle. Les résultats de cette mission furent traduit en persan, accompagnés des aquarelles de Paul Baruel, ce qui fut le premier ouvrage d’ornithologie dans ce pays.
« EURING » (European Commitee for Bird Ringing)
En 1963 Robert-Daniel Etchecopar fait de Biarritz la capitale européenne des oiseaux migrateurs en conviant les spécialistes des migrations, afin de coordonner les études des « autoroutes du ciel » empruntées par les différentes espèces. Créant « EURING » il en fut élu le premier président et mena des campagnes retentissantes à travers toute l’Europe. La création de cet organisme, il y a 50 ans, commémorée en 2013 par un congrès en Finlande, fonctionne admirablement aujourd’hui grâce aux nouvelles technologies.
Olivier Messiaen, le compositeur ornithologue
La rencontre de Robert-Daniel Etchecopar avec Olivier Messiaen fut à l’origine de divers évènements autour de l’oiseau. Cherchant à identifier le plus grand virtuose de la gente ailée, Olivier Messiaen accompagna souvent Robert-Daniel Etchecopar dans plusieurs régions de France, notamment à l’Ile d’Ouessant. Devenant un ornithologue averti il composa plusieurs œuvres dédiées à l’oiseau. Il considéra son opéra Saint François comme l’apogée de ses créations dans la prédication aux oiseaux « Fioretti » et il a trouvé une voie royale pour orchestrer les chants de la Grive musicienne, l’Alouette lulu, le Merle noir… Robert-Daniel Etchecopar le présenta à Paul Barruel, François Hüe et Jacques Penot pour assouvir sa curiosité du chant des oiseaux dans d’autres régions également.
Père David, un missionnaire précurseur
Né en 1826 à Espelette et disparu en 1900, missionnaire français, zoologiste et botaniste éminent. Durant sa vie, il a collecté animaux, plantes, roches et fossiles en Chine pour le compte du Muséum d’Histoire Naturelle de Paris. Quelque 70 noms scientifiques d’espèces de plantes lui sont dédiés ; il est également dédicataire d’un genre : le genre Davidia.
La renommée du Père David tient essentiellement à quelques grandes découvertes comme celles du Panda géant (qui deviendra la mascotte internationale du WWF) ou encore de l’arbre au mouchoir « Davidia involucrata ». Aujourd’hui, on peut trouver au sein de l’Arboretum d’Espelette, de nombreuses espèces d’arbres plantés en hommage au Père David faisant de lui le premier naturaliste basque, le second étant Robert-Daniel Etchecopar.
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Coté livres:
« Carnets secrets d’un ornithologue »
Larousse Edition 2013
Textes Robert-Daniel Etchécopar et Frédéric Jiguet, aquarelles de Paul Barruel