Thème : SOCIETE Mardi 16 décembre 2003
LA GENEALOGIE : Science ou passion
par Françoise POINCARE – Secrétaire Général du Centre d’Entraide Généalogique de France
Chacun est pris un jour du désir de se rattacher à quelque chose de solide : ses racines, mais aussi de connaître ses ancêtres.
Origine des patronymes : d’abord des prénoms, auxquels on rajoute plus tard » fils de « . Puis des surnoms (géographiques, physiques, moraux, professionnels, etc.). Ces surnoms, souvent déformés, deviennent des noms. Le livret de famille (1872) et l’école obligatoire assurent la fixation des patronymes.
Deux façons de faire sa généalogie :
– généalogie descendante : à partir d’un couple d’ancêtres ayant vécu souvent au milieu du XIXème siècle, on cherche tous les enfants et descendants. Ca s’arrête aujourd’hui.
– généalogie ascendante : on part de vous ou de vos enfants. En principe, c’est sans limite. A l’époque de Charlemagne, chacun de nous avait un milliard d’ancêtres.
Le généalogiste dispose de quatre outils pour travailler :
a) les archives
Jusqu’à la Révolution, les registres paroissiaux (baptêmes, mariages, sépultures) tenaient lieu d’état civil, depuis François Ier. Après 1792, ce sont les mairies qui tiennent les registres en double exemplaire, l’un restant à la commune, l’autre versé aux archives départementales (obligation pas toujours suivie). La consultation des tables décennales peut permettre une recherche plus rapide.
Autres sources : les archives militaires, notariales, d’entreprises, les recensements, le cadastre, les impôts, les hôpitaux…
Comment travailler dans les archives : si vous avez une date de mariage, cherchez les actes de naissance dans une fourchette de 20/25 ans auparavant. Ils vous donneront l’âge des parents et souvent leur lieu d’origine. Il vous restera – comme dans un jeu de piste – à remonter le plus possible. De même pour la généalogie descendante, un an après le mariage, vous trouvez le premier enfant.
b) Si cela vous paraît difficile, les centres de généalogie sont là pour vous aider. Ils ont un rôle culturel incontournable. Il y en a partout (300 en France). Ils ne sont pas là pour faire votre généalogie, mais pour vous aider à la faire grâce à leurs conseils, leur bibliothèque, leurs cours de formation, leur revue (questions/réponses, paléographie) …
c) les Mormons – En France, ils ont microfilmé les registres paroissiaux de soixante départements. Ils ont mis 300 millions d’actes sur CD Roms. Vous pouvez, dans presque chaque département, commander des microfilms qui seront à votre disposition pendant trois mois. Les centres de l’Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers jours ferment petit à petit, car ils ont mis leurs archives sur Internet.
d) Internet – C’est très » tendance « . Le meilleur côtoie le pire. En tous les cas, ce n’est pas pour débutant : butiner au hasard ne sert pas à grand-chose et peut coûter cher.
Ses avantages : il permet d’entrer en contact à l’autre bout du monde avec le » cousin » qu’on y a découvert ; de trouver sur des sites personnels le patronyme cherché depuis des années ; de visionner des banques de données sur plusieurs millions de familles.
Ses inconvénients : les sites sont tellement nombreux qu’on ne sait où chercher, au moins au début. Certains sites sont très onéreux. On paie au coup par coup, ou par abonnement. On ne trouvera que des noms et des dates. Un passionné cherche plus loin. Enfin, ces données sont-elles toujours fiables ? Il faudra toujours contrôler.
Etre généalogiste, même amateur, demande des qualités :
– la curiosité qui vous poussera à fouiller partout, à faire parler vos anciens, à lire revues et livres, à visiter villages et régions.
– la loyauté : le but n’est pas de faire du nombre d’ancêtres. Ne pas enregistrer un patronyme qui pourrait aller : même village, mêmes dates approximatives, prénoms familiaux. Gare aux légendes familiales, surtout lorsqu’elles flattent votre ego.
– la patience, la ténacité : si une branche est bouchée, elle le restera peut-être toujours ; passer à une autre.
– l’humilité : 90 % de nos ancêtres étaient de petits agriculteurs, même si 70 % d’entre nous descendent de Charlemagne. On assiste toujours à des montées et des descentes sociales.
– l’ordre : n’entassez pas vos trouvailles. Vous pouvez faire des fiches à la main, mais très vite, l’utilité des logiciels se fera sentir. Le classement Stradonitz-Sosa permet de se retrouver facilement. Il est employé par tous les généalogistes. Pas de pochette-plastique pour les documents anciens.
La généalogie s’apprend sur le tas et fructifie par la pratique. Ne faites pas une collection de dates et de patronymes comme on ferait une collection de boîtes de camembert. Mettez de la chair autour de votre arbre. Très vite, vous attraperez le virus : il ne vous lâchera plus.
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Coté Livres :
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