Thème : SOCIETE Mardi 8 Juin 2008
Par Maryline Hourlier – Consultante en phytothérapie et aromathérapie
Il existe plus d’une centaine de variétés de thés, qu’ils soient vert, noir, blanc, bleu, jaune, rouge, qu’ils viennent de Chine, de Taïwan, du Japon ou encore du Laos, de la Thaïlande ou du Cambodge. Tout comme le vin, il existe des grands crus de thé. Certains millésimes ont environ cent ans d’âge. Personnellement, ma préférence va au darjeeling, souvent considéré comme le champagne des thés noirs. Le thé le plus cher au monde est un thé bleu de Chine, réservé aux grands amateurs de thé car il faut un palais très développé pour en apprécier la subtilité. Le thé blanc est aussi très coûteux (environ 100 euros les 300 g). Les très grands thés verts peuvent également atteindre les 150 euros les 300 grammes. Le choix est si vaste qu’il serait possible de boire un thé différent par jour pendant dix ans.
Je vous encourage à consommer le thé en vrac plutôt qu’en sachet – il n’y a pas moins « thé » qu’un sachet Lipton – et si possible du thé bio. Des boutiques spécialisées dans le thé existent à Paris (notamment Mariage Frères, Dammann Frères, que je conseille) et à Garches.
L’histoire du thé
En Chine, au Japon, le thé fait partie intégrante de la culture ancestrale. C’est un art de vivre, on prend son temps pour l’apprécier. Contrairement à chez nous où l’on se fait un thé en quelques minutes, là-bas, on s’astreint à une certaine préparation. Avant de consommer, il faut d’abord hydrater les feuilles, c’est-à-dire qu’on « rince » la première infusion, on ne la boit pas. C’est la deuxième infusion qui est consommée, car celle-ci fait ressortir le tanin et les saveurs. Le temps d’infusion est différent selon que l’on boit du thé noir (environ 3 mn), du thé vert (à peine 2 mn), du thé rouge (4 mn) ou du thé blanc (5 mn). En Chine, lors d’un mariage, on sert du thé : cette boisson symbolise longue vie et fidélité conjugale, le théier pouvant vivre une centaine d’années et davantage.
Selon la légende chinoise, le thé a été découvert par hasard par l’empereur Chen Wung, en 2 737 av JC. Très concerné par les questions d’hygiène, ce dernier ne buvait que de l’eau bouillie. Un jour qu’il se reposait à l’ombre d’un théier sauvage, quelques feuilles s’égarèrent dans sa tasse. En goûtant ce breuvage, l’empereur fut envahi par une sensation de bien-être. En Inde, on raconte que Bhodi Dharma, fils du roi des Indes, qui prêchait le bouddhisme et recommandait la méditation, fit le vœu de ne pas dormir pendant sept ans. Au bout de cinq ans, il mâcha quelques feuilles d’un arbre inconnu, le théier. Les vertus de cette plante lui ont donné la force de rester fidèle à son vœu.
Au IVe siècle de notre ère, le thé commence à être la boisson la plus populaire d’Asie. Au VIIIe siècle, il devient une boisson royale et est adopté comme une distraction élégante par la bourgeoisie. Le poète Lu Yu écrit le premier manifeste sur le thé. Les cérémonies du thé doivent permettre de trouver une certaine sérénité. Au IXe siècle, le moine bouddhiste Saïcho introduit la boisson au Japon. Grâce aux caravanes, aux routes commerciales qui s’ouvrent, le thé arrive en Perse, dans les pays arabes, en Russie puis en Europe. Plus tard, le thé sera au centre d’une controverse entre le gouvernement britannique et ses treize colonies américaines qui débouchera, en 1773, sur la Boston Tea Party, une action politique qui annoncera la guerre d’indépendance américaine à venir. On sait que le thé est la boisson nationale en Angleterre, mais ce n’est qu’au XIXe siècle que la reine Victoria a introduit la tradition du « five o’clock tea ».
En France, l’un des premiers amateurs de thé fut Louis XIV. Ses médecins lui avaient prescrit pour faciliter la digestion, ils avaient appris que les Chinois et les Japonais ne souffraient ni de la goutte ni de troubles cardiaques. Le fait de rajouter un peu de lait dans son thé vient en fait de France, comme le raconte Madame de Sévigné.
Aujourd’hui, le thé est la boisson la plus consommée au monde, avec l’équivalent de 1 000 milliards de tasses bue chaque année.
La fabrication du thé
Tous les thés (sauf le rouge) proviennent de la même plante, le camellia sinensis. Je vais vous expliquer comment on fabrique le thé noir. Après avoir récolté les feuilles, on les fait sécher dans une soufflerie pour qu’elles perdent leur humidité, un procédé qui dure entre douze et dix-sept heures. Les feuilles sont ensuite roulées sur elles-mêmes. L’étape du « roulage » a été mécanisée dans les années 1930. On place ensuite les feuilles dans une salle à 26°C pour l’étape de fermentation. Cette opération, qui provoque l’oxydation, dure deux à trois heures. Enfin, lors du criblage, on sépare les feuilles entières des brisures, et les grandes feuilles des petites.
Comme pour le vin, les thés ont des caractéristiques différentes selon la nature du terrain, des sols, de l’humidité ambiante, de l’altitude, et selon leur mode de fabrication. Ainsi, le vrai thé blanc qui provient de la province du Fujan, en Chine, a une fabrication très particulière car des aiguilles d’argent et de pivoine blanche entrent dans sa composition. Le thé vert, qui n’est pas oxydé, est soit chauffé à haute température dans les bassines (en Chine), soit chauffé à la vapeur (au Japon). Quant au thé jaune, un thé rare au bouquet subtil et délicat, son processus d’oxydation a été interrompu.
A déguster !
A l’occasion de cette conférence à Garches, j’ai choisi de vous faire goûter quatre thés différents. Nous commencerons par un thé vert Sencha, du Japon, qui est considéré comme le « thé de l’hospitalité » et qui contient beaucoup de vitamine C. Ensuite, vous pourrez boire du thé rouge Roobios, qui vient d’Afrique du sud. Ce thé qui ne provient pas du camellia sinensis mais de l’aspalithis linearis, il a un arôme de fraise gariguette, de framboise, de fruits rouges. Très fruité, il contient beaucoup de minéraux. Dépourvu de théine, il convient très bien aux enfants. Ensuite, vous goûterez le thé vert Touareg. Très différent du premier, ce thé de Chine a un arôme naturel de mente « Nanah ». Nous terminerons avec un Lapsang Souchong, un thé noir fumé à l’épicéa frais. Son goût est prononcé peut surprendre les palais français. Ce thé accompagne parfaitement les plats salés.
Les nombreuses vertus du thé
Le thé est un excellent anti-oxydant. Il est scientifiquement prouvé que le thé protège l’organisme des radicaux libres et freine le processus de vieillissement cellulaire. On sait aussi qu’il freine le développement de certains cancers, comme celui du colon par exemple (qui frappe les gros mangeurs de viande rouge).
Grâce à la vitamine P, le thé favorise l’élasticité des vaisseaux sanguins. Il est riche en vitamines de la famille B (B1, B2, B3), en vitamine C, et contient de nombreux sels minéraux (manganèse, potassium, magnésium, fluor). Le thé vert favorise l’amincissement car il « brûle » les graisses. C’est un produit incroyable. Les autres thés possèdent les mêmes vertus mais en moins grande quantité car ils ont été oxydés.
Je conseille à tout un chacun de boire au moins deux tasses de thé de qualité par jour. C’est bon au goût et c’est bon pour vous.
En savoir plus …
Coté livres :
Le Livre du Thé
Le Guide de l’Amateur de Thé
http://www.admirable-tea-boutique.com/acatalog/livre_the.html
Le maître de thé
Auteur : Yasushi Inoue
Editeur : LGF – Livre de Poche
ISBN-10: 2253933244
http://www.amazon.fr/ma%C3%AEtre-th%C3%A9-Yasushi-Inoue/dp/2253933244
Coté Web :
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